Roch Wamytan a été réélu une septième fois à la présidence du Congrès, mercredi 30 août. Le leader indépendantiste a obtenu quatre voix de plus que Naïa Wateou, candidate présentée par le Rassemblement et les Loyalistes.
La seule surprise de cette élection aura été la voix supplémentaire accordée au président sortant. Maria Saliga-Lutovika (ex-Éveil océanien) avait pourtant rejoint le groupe des Loyalistes la veille du scrutin, sous-entendant une vingt- sixième voix en faveur de Naïa Wateou. Roch Wamytan regagne finalement son perchoir avec 29 confortables voix, contre 25 pour sa seule adversaire. « Je pense qu’on a fait le plein de nos voix, dans le cadre de notre accord de stabilité avec l’Éveil océanien. C’est une marque de confiance », se réjouit l’élu Union calédonienne (UC).
Roch Wamytan aura réussi à s’imposer cinq fois lors de cette mandature 2019-2024 du Congrès. C’est la victoire de la « majorité océanienne », se félicite Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes. « Elle a tangué au gré des années, mais on voit qu’elle se maintient toujours. » Les deux élus Éveil océanien ont décidé d’accorder leur voix à Roch Wamytan. « Nous avons choisi la continuité, explique Veylma Falaeo. En face, il n’y a pas de majorité alternative. Ce qui compte pour nous, c’est le train de réformes dont le pays a besoin. »
Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe Union nationale pour l’indépendance (UNI), salue cette volonté d’avancer « dans le sens de l’intérêt du pays ». « Nous allons devoir, d’ici la fin de l’année, examiner un certain nombre de textes, notamment sur la réforme fiscale », explique-t-il.
« EFFONDREMENT »
Qu’elle ait été « annoncée », « courue d’avance » ou « prévisible », cette victoire n’en reste pas moins désastreuse pour le camp non-indépendantiste. « Les jeux étaient plus ou moins pliés à partir du moment où Milakulo Tukumuli faisait état de sa stratégie, reconnaît Naïa Wateou, candidate déçue. L’Éveil océanien accompagne la Nouvelle- Calédonie dans une situation d’effondrement en maintenant aux institutions les formations indépendantistes. »
Philippe Michel le regrette aussi. « Je pense que c’était la responsabilité des vainqueurs de l’élection provinciale de 2019, notamment de Sonia Backes, de trouver les voies et les moyens de garantir une majorité non-indépendantiste », tacle le chef de file de Calédonie ensemble à l’assemblée.
La reconduite de Roch Wamytan laisse quatre des cinq institutions calédoniennes aux mains des indépendantistes. « Alors que les partisans de la France sont majoritaires », souligne Virginie Ruffenach, présidente du Rassemblement-LR au Congrès. Cette « mascarade » aurait assez duré. « Nos institutions sont à bout de souffle, maintient l’élue. Il faut les réformer pour donner un peu plus de démocratie en Nouvelle- Calédonie, pour revenir à des schémas plus collégiaux et consensuels. »
« SPEAKER »
Le Rassemblement-LR et les Loyalistes vont continuer de s’exprimer d’une seule voix. Les deux partis travaillent « étroitement » pour porter « le choix d’un destin français », exprimé par trois fois, lors des discussions institutionnelles et en prévision des élections provinciales. Un an, normalement, avant ce scrutin, Roch Wamytan assure qu’il restera « impartial », citant l’image des « speakers des parlements du Commonwealth », garants de « la délibération parlementaire».
Le président indépendantiste s’est fixé trois grands défis : maintenir la paix « fragile » par un « dialogue permanent » ; assurer la liberté de « choisir notre avenir » politique et économique ; et favoriser la « solidarité » pour lutter contre les inégalités. Roch Wamytan va aussi pouvoir suivre jusqu’au bout l’évaluation de l’institution commencée en 2019 et poursuivie en 2020 par une commission d’experts internationaux à sa demande.
Leurs recommandations ont été présentées aux différents groupes politiques le 25 août. Il est notamment question de calquer la présidence de l’assemblée sur le mandat provincial, soit quatre ans, ou de créer un code de déontologie. « Cela va permettre d’encadrer le travail de l’élu et d’instaurer une morale politique, développe-t-il. Je suis élu par la population, je dois rendre des comptes à la population et non pas me servir. »
Brice Bacquet
Commission permanente
Les élus du Congrès ont élu à main levée les membres de la commission permanente. Sa composition ne change pas beaucoup. Milakulo Tukumuli garde la présidence.
Charles Washetine, Maria Waka, Jean-Pierre Djaïwé, Sylvain Pabouty, Inès Kouathe, Virginie Ruffenach, Marie-Jo Barbier et Philippe Michel restent.
Philippe Blaise et Marie-Line Sakilia (ex UC-FLNKS) laissent leur place à Françoise Suve et Naïa Wateou (Loyalistes).