Les indépendantistes confirment leur stratégie

L’Union calédonienne a tenu samedi son comité directeur à Houaïlou, le Palika était en assemblée générale à Koné et le Parti travailliste était à Pouébo. Des réunions de préparation en vue du 12 mai où les stratégies se sont dessinées. À retenir aussi, la position de Daniel Goa sur le gel du corps électoral.

Les leaders de l’Union calédonienne et du Palika ont été clairs dans leur stratégie, ce week-end, face aux cadres et sympathisants. L’UC et le Palika feront liste commune en province Sud avec l’UPM et le RDO, mais partiront séparément en campagne en province Nord et les Îles.

L’Union calédonienne et le Palika ont la volonté, avec cette stratégie, d’obtenir un maximum de mobilisation pour le 12 mai, plus encore que pour le référendum. L’Union calédonienne, à ce propos, a tenu à rappeler qu’elle ne voulait pas faire front commun avec le Parti travailliste qui avait appelé à la « non-participation » au référendum du 4 novembre dernier. Concernant les listes, l’UC a indiqué, comme Daniel Goa l’avait déjà exprimé à Dumbéa, qu’il fallait proposer des listes avec un tiers d’hommes et de femmes d’expérience, mais aussi un tiers de nouveaux visages, ce pour renouveler la classe politique.

Du côté du Palika, les quatre principales composantes du FLNKS (UC, Palika, UPM, RDO) doivent s’unir en province Sud, faire front commun. Reste à savoir comment ou pas intégrer la DUS, la discussion restante ouverte. Les composantes du FLNKS doivent se retrouver pour a ner la liste du Sud et poser des noms avant le congrès de ce samedi, à Nouméa, qui marquera pour le Front le lancement de la campagne.

La question du corps électoral

Dans son discours d’ouverture samedi à Houaïlou, Daniel Goa en a profité pour revenir sur cette question sans mâcher ses mots. Le président du parti a affirmé qu’il n’y aura aucun consensus sur le gel électoral. Daniel Goa a évoqué « les conséquences d’une politique aberrante d’immigration non contrôlée ».

Pour lui, « ceux qui prétendent que nous ouvrirons le corps électoral à 41 000 personnes récemment arrivées se trompent et nous répétons qu’il n’y aura aucun consensus, aucune discussion, aucune négociation sur cette question. La priorité est au peuple calédonien ».

Ces phrases ont fait bondir les cadres de L’avenir en confiance qui avaient souligné, lors de leur grand meeting de lancement, le 2 mars, que dans les discussions qui s’ouvriront au lendemain des élections, ils s’engageraient à défendre l’ouverture de la citoyenneté comme la condition sine qua non à toute négociation sur un futur statut institutionnel, parlant même de mettre fin à « l’aberration représentée par le gel du corps électoral, qui exclut du droit de vote des dizaines de milliers de compatriotes ». L’avenir en confiance considère donc que la déclaration faite samedi par Daniel Goa est « inacceptable, car incompatible avec la construction du destin commun. Il s’agit d’une déclaration dangereuse pour la paix et l’unité des Calédoniens ». L’avenir en confiance ajoute : « Elle est inacceptable parce que les 41 000 Calédoniens exclus du droit de vote ne sont pas des gens de passage, récemment arrivés, comme l’affirme faussement le porte-parole du FLNKS ». Pour L’avenir en confiance, « beaucoup sont là depuis plus de 10 ans, depuis plus de 20 ans, quelquefois depuis plus de 25 ans. Ce sont nos maris, nos femmes ; ce sont nos collègues, nos amis ». Et d’ajouter : « Ils font partie de la Nouvelle-Calédonie. Ils ont fait souche parmi nous et leurs enfants, nés sur notre territoire, n’ont connu que lui et sont pourtant eux aussi exclus de ce droit fondamental : celui de pouvoir participer à la vie démocratique de leur pays. »

Un projet d’exclusion

La déclaration du président de l’UC samedi est pour L’avenir en confiance dangereuse parce qu’elle démontre que les leaders indépendantistes portent un projet bâti « sur l’exclusion et non sur la volonté de vivre ensemble. Elle est dangereuse parce qu’elle pervertit l’esprit de l’Accord de Nouméa, voté par les Calédoniens en 1998, lequel avait su trouver un juste équilibre entre les différents partenaires en imposant une durée de dix ans pour obtenir le droit de vote. » Et de rappeler qu’aucun pays démocratique respectueux des droits de l’homme ne peut « exclure pour toujours de sa vie politique et sociale des personnes présentes sur son sol depuis des décennies. »

Dans son discours, Daniel Goa déclare également que « la priorité est au peuple calédonien » et que la Nouvelle-Calédonie va maintenant entrer « dans une période d’assimilation sociologique » où la citoyenneté serait remplacée par « la nationalité ».

Étant donné que pour les indépendantistes, la citoyenneté doit rester fermée, il apparaît donc, pour Daniel Goa, que le peuple calédonien n’est constitué que « du seul peuple kanak et de ceux qui auront eu l’amabilité de bien vouloir s’assimiler à lui ou bien de s’y soumettre », indique L’avenir en confiance.

La liste loyaliste termine son communiqué de réponse au discours du président de l’UC : « Nous sommes ers de nous opposer à cette vision nationaliste qui cherche à construire une société fondée uniquement sur l’exclusion. Nous sommes ers de nous opposer à cette forme d’apartheid qui va à l’encontre des principes de liberté, d’égalité et de la dignité humaine. Nous sommes ers de défendre une société où tous les Calédoniens, de naissance ou de cœur, ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Nous défendrons l’ouverture de la citoyenneté comme élément fondamental des futures négociations sur un statut institutionnel pour la Nouvelle- Calédonie. »

C.S