Les Cagous prêts à croquer le monde

Cinq Calédoniens entament ce jeudi les championnats du monde d’athlétisme handisport qui se déroulent à Dubaï jusqu’au 15 novembre prochain. Réunis au sein de l’équipe de France, ils auront tous un objectif : briller à moins d’un an des Jeux paralympiques.

Pierre Fairbank, poursuivre l’aventure

On se demande si Pierre Fairbank compte un jour prendre sa retraite. À 48 ans, le coureur fauteuil espère encore étoffer son palmarès déjà bien fourni. « Contrairement aux valides où la répétition des chocs en course laisse des traces, nous n’avons pas ce problème avec un fauteuil, explique le champion. Alors je continuerai tant que je prends du plaisir. Ça serait bête de s’arrêter alors que tout va bien (rires). » En 2017, il avait remporté une médaille d’argent (800 m), deux de bronze (200 et 400 m) et une quatrième place sur le 100 m. Le but reste le même à Dubaï avec la volonté de faire des médailles. Mais également de se placer en vue des Jeux de Tokyo, l’an prochain. « Une médaille, non seulement, ouvrirait une place de plus pour l’équipe de France, mais assurait presque une place à Pierre au Japon, explique Olivier Deniaud, entraîneur de l’équipe de France, et patron du pôle France de Nouméa. Ce n’est pas automatique puisque les sélections ne seront validées que l’an prochain après les France, mais un podium lui permettrait d’être serein. »

Ses engagements : 100 m, 400 m et 800 m (T53)

Nicolas Brignone, aller plus haut

Son ascension dans les courses en fauteuil est fulgurante et semble loin d’être terminée. « Quand il a commencé l’athlétisme en 2013, il a tout de suite annoncé la couleur en visant une participation aux JO de 2016, se souvient le coach Olivier Deniaud. J’en ai vu des athlètes arriver comme ça, mais lui a tenu le choc. » Car Nicolas Brignone est un ambitieux. Et malgré des premiers Mondiaux en 2013 à Lyon, où il passe totalement à côté de son relais et s’attire les critiques, il n’a pas baissé les bras. À Dubaï, pour son quatrième rendez-vous planétaire, son objectif est simple : « Faire mieux qu’aux championnats du monde de 2017 à Londres ». Il y avait atteint trois finales (200, 400 et 800 m) avec une 6e place sur le 800 m. « Je suis encore en progression donc j’espère atteindre au moins un top 5 », pose le coureur.

Ses engagements : 100 m, 400 m, 800 m et relais (T53)

Marcelin Walico, continuer la progression

Difficile de définir exactement un objectif de place pour Marcelin Walico au lancer de javelot. Notamment à cause d’une concurrence qui reste floue. Néanmoins, le lanceur sera à Dubaï avec un cap : battre son record personnel. « Ma meilleure performance est à 39,38 m, explique celui qui sera uniquement engagé au javelot. Mais j’ai déjà dépassé les 40 m à l’entraînement. » Une performance qui lui offrirait une place en finale du concours, mais pas forcément une médaille. « L’or va se jouer autour des 44 ou 45 m. » À Londres, en 2017, Marcelin Walico avait tiré à 38,55 m, record d’Océanie, mais à plus de deux mètres de la médaille de bronze. Pour l’athlète de 25 ans, il faudra aussi gérer le physique. « Je vois la différence entre les compétitions proches, comme en Australie ou aux Samoa lors des Jeux du Pacifique, et celles en Europe et ailleurs, analyse-t-il. Je sens que le décalage horaire joue sur mes performances. »

Son engagement : Javelot

Rose Vendégou, se tester face aux cador

Elle a déjà 30 ans, mais fait partie des nouvelles. Rose Vendégou participe cette année à ses premiers Mondiaux et avoue ne pas trop savoir à quoi s’attendre. « C’est un stress, concède la lanceuse de Lifou. J’étais l’an dernier à Berlin pour les championnats d’Europe, mais là, c’est encore un niveau au-dessus. Ce que je sais, c’est que je suis fière de pouvoir être à Dubaï. Ce que je fais, ce n’est pas seulement pour moi, mais aussi pour la Calédonie, Lifou et la famille. » Pour Rose, sa principale adversaire sera elle-même. La gestion de la pression sera primordiale. « Son but sera de faire une finale, avec une bonne performance », avance Olivier Deniaud. Sans compter que, comme pour les autres Cagous, elle devrait aussi se montrer pour tenter d’avoir sa place en équipe de France, l’an prochain, aux Jeux de Tokyo.

Ses engagements : Poids et disque (F41)

Thierry Cibone, rester au top

Lui n’a plus rien à prouver, mais il est toujours parmi l’élite de sa catégorie. Thierry Cibone traîne ses javelots et ses poids depuis la fin des années 90 et possède déjà trois médailles d’or olympiques et cinq titres mondiaux. À l’instar de Pierre Fairbank, le colosse de Mou sera surtout à Dubaï pour tenter de poursuivre une belle carrière au haut niveau. À 46 ans, il pourrait bien encore une fois faire partie de l’équipe de France pour les Jeux de 2020. Champion d’Europe du javelot en titre, il va tenter de retrouver les sommets de la hiérarchie mondiale à Dubaï, lui qui était absent à Londres. Mais avec un lancer à 25 m l’an dernier à Berlin, le challenge est de taille pour celui qui dépassait les 40 m au début des années 2000, à son meilleur niveau.

Ses engagements : Poids et javelot (F34)

A.B. ©D.R.