[DOSSIER] Les associations ont la rage de vaincre

Missions de sauvetage, stérilisation, collecte de croquettes, recherche de familles d’accueil… Les associations qui œuvrent pour la cause animale se donnent un mal de chien pour leur venir en aide. Un travail presque à plein temps qui illustre l’ampleur du phénomène.

« Petit chien récupéré sur la route de Koé, à qui appartient-il ? », « Chiot se baladant seul promenade Vernier avec collier sans médaille », « Vue sur la route de La Foa, femelle de race lévrier sans tatouage et amaigrie »… Ces messages inondent chaque jour les pages Facebook des associations. La Société protec- trice des animaux de Nouvelle-Calédonie (Spanc), la Bande à Nounou, Animal action, Bien Naître Animal, Chats de Nouvelle- Calédonie, les Sans Voix, le Ranc…

Toutes se démènent pour venir en aide aux chiens, aux chats et à toutes les bêtes à poils et à plumes en détresse. Si elles ne sont pas sur le terrain pour les sortir de la rue, elles sont à la fourrière pour récupérer ceux qui ont été ramassés. Sinon, elles montent des opérations pour récolter des croquettes ou des fonds destinés à la stérilisation.

Elles effectuent un travail colossal qui, pourtant, ne permet pas de venir à bout du problème. « Les campagnes de stérilisation que l’on fait ne suffisent pas vu l’ampleur du phénomène. Il y a des milliers d’animaux en errance dans la nature », se désole Michel Gautier, président de la Spanc.

STÉRILISATION ET INFORMATION

Les associations stérilisent à tour de bras. Mais en parallèle, des chiennes donnent naissance à des petits destinés à la vente. « Des particuliers font reproduire anarchiquement leurs chiens, ce qui annule tous les efforts qu’on peut faire », regrette Michel Gautier. Des « usines à chiots » qui révoltent les associations. « Il faut absolument arrêter les ventes d’animaux de particuliers. Les invendus sont ceux qu’on va retrouver dans les brousses », signale Virginie Sala, porte-parole de l’Apanc (Collectif qui regroupe Animal action, Bien Naître Animal, Chats de Nouvelle-Calédonie, SOS Animaux et SOS titi). Elle milite pour la stérilisation massive, « pas le saupoudrage annuel du gouvernement », pour qu’il y ait de vrais résultats. Sans arrêt dans les campagnes.

Virginie Sala, présidente d’Animal action et porte-parole de l’Apanc, en compagnie de ses deux chiens, Poli et Ziggi, qui ont été ramassés dans la rue. / E.B.

Une chienne stérilisée évite la naissance de 380 chiots sur trois ans. Et tous les problèmes qui s’ensuivent : la souffrance, la maltraitance, la sécurité des populations, la propagation de maladies mais aussi les dégâts engendrés sur l’environnement. « Le chat et le chien n’ont pas de prédateur, ils contribuent à anéantir à petit feu la faune sauvage. Ils font des dégâts sur les plages, sur les œufs de tortue, le cagou. Nos voisins, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont pris des mesures drastiques à côté », souligne le président de la Spanc.

Autant de désagréments qui peuvent être évités si les bons comportements sont adoptés. Les associations s’assurent de faire passer le mot auprès du jeune public, en intervenant dans les collèges et les lycées, pour changer les mentalités. « Le message martelé, c’est que la vie sous toutes ses formes se respecte. Aucune loi n’oblige à avoir des animaux. Si on prend la décision d’en avoir un, on en est responsable », rappelle Virginie Sala.

Les bénévoles parlent de bien-être animal et de l’importance de la stérilisation dès qu’ils en ont l’occasion. Mais le chemin est encore long. Pour le président de la Spanc, une des solutions serait d’inclure des cours sur la protection animale dans les programmes scolaires. Les enfants pourraient ainsi retranscrire ce qu’ils ont appris une fois de retour à la maison.

Un changement qui ne se fera pas du jour au lendemain, mais qui aidera sûrement à débloquer, sur le long terme, une situation au point mort depuis de nombreuses années.

Photo : En 2021, la Spanc a stérilisé 684 chiens et chats. / E.B.

Edwige Blanchon

 

La loi du pays, une des solutions ?

La Spanc place beaucoup d’espoir dans la future loi du pays. « Bien évidemment, elle sera contournée. Mais on pourra agir si les annonces sont publiées sur Facebook ou les réseaux sociaux auprès de la population qui respecte les lois. Si l’animal n’est pas pucé, on leur dira : vous êtes dans l’illégalité », annonce le président. Virginie Sala, au contraire, n’est pas convaincue de son efficacité. « Qui va contrôler que les chiennes ne font qu’une portée par an ? », s’interroge-t-elle. Si Michel Gautier reconnaît « qu’on peut toujours progresser », il reste persuadé que tant que cette loi n’existera pas, les associations resteront démunies.

 

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