L’emploi régresse, selon l’IEOM

C’est le point le plus préoccupant de l’année économique 2016, selon l’Institut d’émission d’outre-mer qui vient de publier son rapport annuel. Pour la première fois depuis 25 ans, la Nouvelle-Calédonie a connu une diminution du nombre de ses emplois salariés. Heureusement, d’autres indicateurs sont plus positifs…

La population calédonienne commence progressivement à vieillir et elle est également de mieux en mieux formée. Résultat, la population active augmente (+ 6,2 % entre 2009 et 2014) pour dépasser désormais les 130 000 personnes (71,5 % de la population en âge de travailler). Pour « combler » les besoins de ces potentiels travailleurs, l’économie a été particulièrement dynamique entre 2007 et 2011 (+ 3,6 % d’emplois salariés par an) et plus que satisfaisante jusqu’en 2015, malgré un ralentissement sur cette période (+1,2 % d’emplois salariés par an).

Le marché de l’emploi se portait bien, puis il s’est fortement dégradé l’année dernière, au point de régresser pour la première fois depuis 1995 avec 0,4 % d’emplois en moins. Un indicateur « préoccupant », selon l’IEOM. Cette perte s’est concentrée dans le privé avec 679 destructions nettes au total pour arriver à 66 000 salariés : 372 dans l’industrie y compris les entreprises extractives, 222 dans la construction et 194 dans le commerce. Mais la situation est néanmoins à relativiser, avec la perte de moins d’un emploi sur 100.

Recruteurs et demandeurs peinent à trouver

Fait supplémentaire, l’offre d’emploi se situe aussi à son plus bas niveau depuis dix ans et touche en particulier la construction, l’industrie, l’installation et la maintenance. Outre une baisse d’activité pour certains, l’IEOM note une « inadéquation persistante » entre l’offre et la demande. Les entreprises disent avoir du mal à recruter à cause du manque de qualification et de formation professionnelle ou des difficultés liées aux « compétences sociales » ou au « savoir être » (absentéisme, assiduité, etc.), voire de la loi sur l’emploi local. Dans le même temps, les travailleurs peinent aussi à trouver ce qui leur convient…

Le public et l’emploi indépendant en hausse

Cette baisse de l’emploi salarié dans le privé est « presque à moitié » compensée par la progression des emplois publics. Le secteur a généré, en 2016, 331 emplois supplémentaires (+1,3 % pour arriver à 26 200 postes). Toutes les composantes du secteur public sont concernées avec 104 contractuels, 193 fonctionnaires territoriaux, 34 fonctionnaires d’État. Toujours sur une note positive, l’emploi indépendant se porte bien. Les artisans, commerçants, exploitants agricoles, professions libérales représentent désormais 20 % des activités, soit 23 300 emplois. En 2016, 625 entités supplémentaires en été créées (+2,8 %), notamment dans les services, le secteur primaire et la construction. Signe que les Calédoniens n’ont pas si froid aux yeux, en cette période que l’on qualifie volontiers d’attentiste…

C.M.

©DNC/C.M.


La Calédonie fait de la résistance

Et si la « grande crise » tant commentée n’avait finalement pas eu lieu ? L’IEOM, à vrai dire, est plus positif que prévu et parle d’une « année de contraste ». 2016 avait certes très mal débuté avec la crise du nickel officiellement déclarée en février, dans un contexte global de croissance ralentie depuis 2012- 2013. Mais l’économie, dit l’institut, « s’est finalement mieux orientée en cours d’année » et « les inquiétudes ont été partiellement levées » grâce aux records de nickel produit (métal et minerai), ce qui a permis de soutenir les exportations malgré des cours dégradés. L’IEOM y ajoute le soutien de l’État à nos usines, le maintien de la dépense publique, le poids d’un « secteur financier sain », des « acteurs économiques qui restent en bonne situation grâce aux années fastes », un secteur immobilier qui tire vers le haut, une distribution de crédits dynamique et le tourisme « positivement orienté ». On a finalement assisté à une reprise progressive de la confiance même si, par exemple, les secteurs du commerce et de l’industrie disent avoir particulièrement souffert de « l’agonie de la consommation ». Alors tout cela, évidemment, reste fragile et il faudra voir si ces moteurs de l’économie, ces « amortisseurs » de crise, continuent de fonctionner de la sorte sur 2017. Il faudra aussi observer l’évolution des comportements à mesure que l’on approche des échéances politiques…