L’emploi, priorité de la maire de Poum Henriette Tidjine-Hmae

Henriette Tidjine-Hmae est maire de la commune depuis 2008. © DR

La situation du centre minier préoccupe la maire de Poum, qui s’inquiète pour l’économie de la commune. Elle souhaite que tout le monde se mette autour de la table et demande au président du gouvernement de se saisir du dossier afin « d’éviter la catastrophe industrielle annoncée ».

Dans l’extrême Nord, personne n’a oublié. Les mémoires sont marquées par l’échange du massif minier Poum-Koniambo entre la SMSP et la SLN, qui a signifié l’arrêt de l’exploitation minière en 2005. Et des emplois sacrifiés. « On ne veut pas revivre ce qu’il s’est passé à ce moment-là, déclare Henriette Tidjine-Hmae. Beaucoup sont restés sur le carreau. » Près de 20 ans plus tard, la maire craint pourtant de revivre le même scénario. La question a déjà été évoquée. « La SLN demandait un nouvel arrêté d’exploitation depuis plusieurs commissions minières », instance qui regroupe l’ensemble des services compétents, les collectivités et les coutumiers.

En janvier, cela avait mené au blocage du site par un sous-traitant. La maire avait envoyé un courrier à la province Nord, resté sans réponse. Ce qui l’inquiète ? Les 350 emplois « et les familles qui en dépendent ». Car l’économie de la commune, qui dispose de peu de ressources, s’est développée autour de la mine. Les structures hôtelières, comme l’hôtel Malabou Beach et le gîte Kejaon, logent les sous-traitants, par exemple. Le centre minier grandit, ses capacités de production ont augmenté, et des projets sont en cours. « Nous recevons des dossiers pour avis d’extension de capacité d’accueil ou de création de gîtes et de commerces. » Alors cette fois, après avoir reçu les cadres de la SLN jeudi 20 avril chargés d’informer les responsables du site minier, c’est au président du gouvernement qu’Henriette Tidjine-Hmae a envoyé un courrier. « On se sent un peu seuls. »

INCIDENTS ENVIRONNEMENTAUX
ET RESSOURCE EN EAU

Les raisons du conflit ne la concernent pas, estime la première édile. La mairie ne doit pas se retrouver coincée entre la SLN et la province Nord. « Derrière, il y a un problème d’autorisation d’exploitation. La Dimenc instruit les demandes pour le compte de la province, et ce n’est pas de notre ressort. » Même si elle est consciente des manquements de l’industriel. Plusieurs incidents environnementaux ont émaillé ces dernières années : le chavirage d’une barge de la Sonarep, qui transportait environ 300 tonnes de minerais en 2019, une fuite d’hydrocarbures en 2021 (« qui ne serait pas liée à l’activité actuelle mais à une ancienne barge qui n’avait pas été dépolluée », précise la maire), ainsi que la réalisation de sondages illégaux, par la SLN, sur d’autres terrains que ceux autorisés.

La ville bénéficie aussi du partenariat qui la lie avec la société. À Poum, la question de l’eau est une priorité. L’entreprise, disposant de « la majorité de la ressource », a notamment financé le renforcement du réseau d’adduction en eau potable. Non sans peine. « Il ne faut pas lâcher, on a dû discuter longtemps pour avoir des forages. Cela a permis de résoudre un problème d’eau rouge quand il pleut, en raison de l’ancienne activité minière sur Titch, de renforcer le secteur de Malabou, qui connaît un déficit de la ressource, et d’améliorer la qualité de l’eau au nord, du côté de Tiabet. »

L’ÉCOLE D’ARAMA N’A PAS FERMÉ

La SLN devait revenir informer les employés et les sous-traitants de la situation, cette semaine. Le cœur du sujet. « Nous, on se soucie de la population. » En référence notamment à ces jeunes accompagnés au sein d’organismes de réinsertion pour les aider à s’inscrire dans des formations préalables à l’emploi. Et ainsi les pousser à se fixer dans la région. « La DDEC parlait de fermer l’école d’Arama en 2019. Finalement, elle ne l’a pas fait parce que les jeunes sont revenus. » L’activité est toujours en route. Qu’en sera-t-il en période d’arrêt ? En cas de plan social ? « Cela deviendra plus concret pour les gens. J’ai rencontré le chef de centre, il est un peu tendu par rapport à tout ça : il fait partie de ceux qui devront gérer le personnel après. » Henriette Tidjine-Hmae exhorte les responsables à réagir. « Je ne souhaite pas que l’activité s’arrête. Je souhaite que tout le monde se mette autour de la table et s’explique, instaurer le dialogue pour trouver une issue. »

Anne-Claire Pophillat

Manque de transparence ?

Dans sa lettre du 21 avril adressée à Louis Mapou, Henriette Tidjine-Hmae incite le président du gouvernement à intervenir afin « d’éviter la catastrophe industrielle annoncée ». La maire regrette des annonces « sans le minimum de transparence indispensable sur un tel sujet qui impacte les populations ». Une telle perspective « serait tragique ». Elle ne peut accepter « que la population soit une variable d’ajustement de différends qui nous dépassent ».