Législatives : Pascal Lafleur veut « rendre une fierté aux Calédoniens »

Candidat dans la première circonscription, le chef d’entreprise entend convaincre les déçus de « quinze ans d’immobilisme », ainsi que les abstentionnistes, en nombre suffisant pour accéder au second tour. Il défend une organisation à deux provinces, jugée plus efficace, ainsi que le dégel du corps électoral, et souhaite que les discussions sur une éventuelle indépendance reprennent dans deux générations.

À question franche, réponse franche. La candidature de Pascal Lafleur est-elle « délibérée » ? « Je ne suis pas quelqu’un que l’on influence. J’ai entendu dire que j’avais été poussé par les uns ou par les autres pour prendre des voix… Non. » Son engagement dans la bataille pour l’Assemblée nationale a été « un choix difficile à prendre », réalisé « parce que l’on arrive à un tournant ». Il se définit comme un « mécontent » de la classe politique, non-indépendantiste en particulier, la faute à trop d’alliances rompues, trop de discours et pas assez « d’actes ». « On a vécu quinze d’immobilisme. On est tombé dans la politique politicienne. »

« On tend la main à l’État en permanence »

« J’ai voté pour des gens, il y a trois ans, qui ne sont plus ensemble. Ont-ils la même légitimité ? », questionne le chef d’entreprise, décidé à « rendre une fierté aux Calédoniens ». « Nos parlementaires et certains de nos responsables politiques nous font apparaître comme des mendiants. On tend la main à l’État en permanence. »

Dans un souci d’« efficacité », tout en restant dans « l’esprit de la poignée de main », il propose de conserver les provinces, mais seulement deux d’entre elles, et de revoir la répartition des compétences. Le tourisme est pour lui un sommet d’« incohérence ». « On ne vend pas la Nouvelle-Calédonie mais le Sud, le Nord et les Îles… À l’extérieur, les gens ne comprennent rien. »

Il souhaite une révision de la clé de répartition en faveur du Sud, le dégel du corps électoral. L’indépendance doit rester une possibilité, mais qu’il ne faut plus envisager pendant « deux générations ».

Pascale Daly, suppléante de Pascal Lafleur, siège notamment au Cese pour l’association La Bande à Nounou. (© G.C.)

Philippe Gomès, le « grand manitou » derrière l’alliance

Quel écho ses propositions trouveront-elles dans les urnes le 12 juin ? Cela dépendra notamment de l’éventuelle « poursuite de l’effondrement de Calédonie ensemble », estime-t-il. Philippe Gomès ne se représente pas, « mais c’est toujours lui le grand manitou. C’est lui qui est derrière cette alliance » incarnée par Philippe Dunoyer dans la première circonscription, à qui il glisse une petite phrase. « Ce n’est pas parce que l’on met une étiquette sur quelqu’un qu’il récupère toutes ses voix. Philippe Dunoyer, ce n’est pas Emmanuel Macron. »

Pascal Lafleur n’est pas soutenu par un parti, mais il compte sur la fidélité des électeurs : Isabelle, sa sœur, avait rassemblé 3700 voix sous la bannière du RPC lors des législatives de 2012, rappelle-t-il.

À ceux qui l’accuseraient de contribuer à la division du camp loyaliste, il répond qu’il est un candidat « qui veut rassembler ».
Il peut remotiver les « déçus » et les nombreux abstentionnistes, il en fait le pari. « Je me présente pour gagner. Je crois pouvoir être présent au second tour. Après, on verra. »

 

Gilles Caprais (© G.C.)