Législatives : les choses sérieuses commencent

Le compte à rebours des élections législatives est certes lancé, mais l’actualité des derniers jours marque de manière incontestable un tournant dans la campagne avec l’annonce de la candidature de Harold Martin dans la deuxième circonscription. Le maire de Païta sera donc opposé à Philipe Gomès et le choix sera crucial pour les électeurs, à moins de dix-huit mois du référendum de sortie de l’Accord de Nouméa. Car au-delà des hommes, c’est bien sûr autour de cette question centrale que se jouera le scrutin et sans doute en partie l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Pour Harold Martin, les choses sont claires et ont été énoncées ces dernières 36 heures avec force : la candidature du maire de Païta est une réponse cinglante à l’investiture accordée par les Républicains-UDI à Philippe Gomès et Harold Martin s’en explique. Primo, que cette investiture donnée au député sortant lui est insupportable parce qu’elle repose sur une « escroquerie » qui consisterait à faire croire que Philippe Gomès partage les valeurs et les idées des Républicains, alors qu’objectivement, il s’est toujours opposé, d’abord à Nicolas Sarkozy, puis, plus récemment, à François Fillon en apportant un soutien appuyé et remarqué à Alain Juppé au cours de la campagne des primaires de la droite et du centre.

Ensuite, et ce n’est désormais plus un mystère pour personne, Calédonie ensemble n’apportera pas de soutien à François Fillon, mais propose de laisser le libre choix à ses sympathisants, ce qui mériterait pour le moins une clarification. Enfin, le parti de Philippe Gomès présentera un candidat dans la première circonscription en juin prochain, alors même que c’est officiellement et de longue date Bernard Deladrière qui a reçu l’investiture. C’est ces raisons qui ont non seulement poussé Harold Martin à faire l’annonce de sa propre candidature dans la deuxième circonscription, mais aussi à lancer un appel fort et clair à destination de Pierre Frogier.

L’appel du 22 mars

Le désormais candidat dans la 2e, c’est-à-dire l’ensemble de la Grande Terre à l’exception de Nouméa, demande solennellement à Pierre Frogier de se reprendre, de dénoncer l’investiture de Philippe Gomès comme étant une forfaiture et en conséquence de lui apporter un soutien logique pour une élection qu’il estime essentielle pour l’avenir. Sur le fond, Harold Martin, qui annonce qu’il sera le candidat de la Nouvelle-Calédonie dans la France, appelle au rassemblement de tous ceux qui refusent de se faire voler le scrutin de 2018, tous ceux qui depuis 30 ans se sont mobilisés pour que la parole soit redonnée au Calédoniens.

Et de dénoncer pour l’instant en « mode doux » les « manigances » orchestrées par les indépendantistes et l’État avec la complicité active de Calédonie ensemble et de ses responsables qui conduiront inéluctablement à changer la question prévue dans la Constitution pour sortir de l’Accord de Nouméa. En clair, pour transformer un vote qui doit permettre à la population calédonienne de dire si oui ou non elle est favorable à l’indépendance en l’approbation forcée d’un nouveau statut, qui, s’il ne s’intitule pas explicitement indépendance-association, en aura le goût et la couleur.

Ce qui est certain, c’est que cette annonce, qui était attendue pour ne pas dire prévisible, a le mérite de clarifier le débat. Reste toutefois à savoir quelle sera la réponse apportée à l’appel de Harold Martin dans les jours et heures à venir. Au-delà des appareils et des « responsables », il semble toutefois que ceux qui sont concernés au premier chef, à savoir les électeurs, se font déjà une idée précise de ce qu’il convient de penser.

Ils sont aussi inquiets pour l’avenir, le leur et celui de leurs enfants, et nombreux sont ceux qui sont sans illusion si le destin voulait que la Nouvelle-Calédonie change de cap et prenne le chemin hasardeux de l’indépendance quelle qu’en soit la forme. Le vrai danger finalement n’est pas de dénoncer, comme l’a fait le maire de Païta, une forme de délinquance politique, le vrai danger ce serait de priver les citoyens calédoniens du droit fondamental de dire quel destin ils choisissent. C’est tout le sens et l’intérêt de la candidature de Harold Martin.

C.V.