Législatives : Le Rassemblement national prédit un vote de « sanction »

Guy-Olivier Cuénot et Alain Descombels sont convaincus que les électeurs loyalistes se détourneront des candidats qui avaient soutenu l’obligation vaccinale ainsi que des « responsables » de la « dramatique » situation économique et sociale.

Malgré les bons résultats de Marine Le Pen en Calédonie, le Rassemblement national ne perce pas dans les élections locales. Alain Descombels est convaincu que cette fois-ci peut être la bonne. « Le RN devrait faire de très bons scores. » Il estime que le parti a su se doter de candidats « représentatifs du monde social et économique » après une crise de gouvernance ‒ « depuis le départ de Guy Georges, le RN était un peu laissé à l’abandon ».

Surtout, la « dramatique » situation du pays risque de se retourner contre les « responsables », pense-t-il. « Les loyalistes, depuis quinze ans, ont mis les collectivités en faillite. Mapou n’est pas le seul fautif. » Après des années de forte croissance, le « retour à la normale » révèle « une société structurellement inégalitaire, complètement dysfonctionnelle ». Le « clientélisme » pullule, le pouvoir d’achat des plus pauvres est « catastrophique », les investissements publics sont « surdimensionnés » – « le plus scandaleux, c’est Gouaro Deva (le Sheraton, NDLR) »… Bref, la Calédonie serait carrément « en voie de tiers-mondisation ».

« On a besoin de garde-fous »

Dans les urnes, les électeurs « sanctionneront » aussi l’obligation vaccinale et le pass sanitaire, prédit Guy-Olivier Cuénot, qui fut à la pointe de la contestation au Congrès.

La politique de lutte contre le Covid a été un symbole de la « déconnexion entre les élus et une grande partie de la population ». Marine Le Pen avait repris dans son programme présidentiel le référendum d’initiative citoyenne (RIC), l’une des principales revendications des Gilets jaunes. Les deux candidats en font autant. « On a besoin de garde-fous, lance Alain Descombels. Avant de voter des amendes à l’encontre des non-vaccinés, de menacer de les licencier, le RIC aurait permis de savoir si la population était d’accord ou pas. »

Rallier Macron, « une trahison »

Guy-Olivier Cuénot n’est pas tendre avec l’équipe de Sonia Backes, majoritaire au Congrès entre 2019 et 2021, lui qui a pourtant été élu sur cette liste, avant de déclarer son appartenance au Rassemblement national l’an passé. « Pour faire United Colours of Benetton, pour panacher la liste, ils sont venus chercher le petit gérant de société d’origine métro. Et puis au moment d’appliquer le programme, plus rien. On a fait pire que les autres. J’ai été très déçu. »

Après les législatives, avant les discussions avec l’État sur l’avenir institutionnel, une union est-elle néanmoins possible ? « L’union, ça ne veut rien dire. Je n’ai rien en commun avec la gestion qui nous a emmenés dans le mur, celle de Dunoyer, de Metzdorf, de Backes… On s’unit quand on est d’accord sur un projet de société. Si la seule union, c’est pour rester dans la France, c’est insuffisant. À chaque fois, on nous refait le coup. »

Le ralliement au parti du Président serait « une trahison » : la politique d’Emmanuel Macron est vue comme un « saccage social » commis via des coupes budgétaires « dont la Calédonie aura sa quote-part ».

 


« Ils ont raté leur décolonisation »

Le RN n’est pas tendre avec les autres loyalistes… ni avec les indépendantistes, les élus provinciaux en particulier, à qui il reproche « le faible nombre de chefs d’entreprise » chez les Kanak.

« Ils ont raté leur décolonisation sociale et économique, dit Alain Descombels, parce qu’ils n’ont pas voulu faire d’effort pour dire à leurs enfants qu’il faut bosser, qu’il faut aller à l’école. » Pour le RN, il faut trouver des solutions de prévention pour la « jeunesse désœuvrée » et lutter contre la délinquance, « doubler les budgets régaliens » comme ceux de la police et de la justice, et créer une prison ouverte agricole.

 

Gilles Caprais (© G.C.)