L’économie souffre, mais « s’en sort bien »

Les entreprises ont créé moins de richesse en 2021 que l’année précédente (- 3 %), annonce la dernière publication du Cerom*. L’effondrement n’a pas eu lieu en raison des prêts consentis par l’État, dont les remboursements pourraient peser dans les prochaines années.

2021, troisième année de recul

Les entreprises ont créé 3 % de richesse de moins qu’en 2020, qui était déjà une année de récession (- 2,6 %, contre – 8 % au niveau national), selon la dernière étude du Cerom publiée le 17 mars. Les deux confinements y sont pour quelque chose, mais leur effet a été moindre que celui de mars 2020. Les entreprises se sont « habituées », elles se sont adaptées plus rapidement. « Une partie de l’économie a fonctionné quasiment normalement », constatent les auteurs de la synthèse.

Ils attribuent la « croissance négative » au conflit de l’usine du Sud, au 3e référendum, aux « tensions sur les approvisionnements » et, enfin, aux « intempéries » qui ont perturbé les exportations minières et métallurgiques, qui pèsent 93 % de l’export total. L’investissement a été freiné par un « attentisme » ainsi que par une capacité d’emprunt « limitée » par l’endettement existant.

L’effondrement n’a pas eu lieu en raison du soutien financier massif du secteur public.

 

« Une certaine résilience »…

L’année 2021 n’a pas été celle du rebond, mais l’effondrement que l’on pouvait craindre n’a pas eu lieu. Les défaillances d’entreprise en chaîne – le « risque systémique » – ne se sont pas matérialisées. Le Cerom voit « une certaine résilience » dans l’économie calédonienne, et notamment dans le moral des chefs d’entreprise, mesuré par l’indicateur du climat des affaires. Fin 2021, l’optimisme était au niveau de 2015. « L’économie calédonienne souffre, mais elle s’en sort bien », résume Olivier Fagnot, directeur de l’Isee.

… « Au prix d’un endettement accru »

La résistance de l’économie calédonienne doit énormément aux mesures de soutien financier mises en place par les collectivités, l’État en tête. Ses prêts garantis (PGE), accordés à la Nouvelle-Calédonie depuis le début de la crise sanitaire, représentent un total de 31 milliards de francs.

Puisqu’ils devront être remboursés, l’endettement des entreprises et des collectivités (67 milliards pour la Nouvelle-Calédonie) risque de diminuer le potentiel de croissance des prochaines années.

Le nickel et le pétrole, décisifs en 2022 ?

Les cours du nickel élevés seront très favorables à la Nouvelle-Calédonie… « s’ils perdurent », soulignent les membres du Cerom, qui estiment que les cours au-dessus de 30 000 dollars US la tonne sont, de toute façon, irréalistes en raison de la spéculation et qu’ils ne correspondent pas à de réelles transactions bénéficiant aux métallurgistes. Ces derniers souffrent, par ailleurs, du prix du baril de pétrole (environ 100 dollars US ces dernières semaines), comme le reste de la population. La consommation, premier moteur de l’économie calédonienne, pourrait en pâtir.

* Le Cerom (Comptes économiques rapides de l’outre-mer) regroupe l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) et l’Agence française de développement (AFD).

 


Taux de croissance ? PIB ?

Le produit intérieur brut (PIB) est la richesse monétaire créée en une année par le pays.

Dans le détail, il représente la somme des valeurs ajoutées des entreprises et des administrations, soit leur chiffre d’affaires diminué de leurs consommations intermédiaires (les achats de matières premières, notamment).

 

Gilles Caprais (© G.C)