L’économie calédonienne a replongé

L’Institut d’émission d’outre-mer vient de publier sa note de conjoncture pour le quatrième trimestre 2020. Sans grande surprise, elle révèle une dégradation de l’indice du climat des affaires (ICA). Pour rappel, le dernier trimestre 2020 a été marqué par la mise à l’arrêt de l’usine du Sud et des blocages sur le territoire faisant replonger l’ICA, alors qu’il s’était plutôt bien redressé. L’institut note que « les indicateurs de vulnérabilité des entreprises montrent de nouveaux signes de détérioration ». Des indicateurs qui prolongent malheureusement le constat de fragilisation de l’économie calédonienne posé par les Comptes économiques rapides pour l’outre-mer 2019, présentés fin février par l’AFD, l’IEOM et l’Isee.

Si le gouvernement se félicite d’un meilleur niveau de recettes fiscales que ce qui était initialement prévu, l’IEOM précise qu’elles sont en recul de sept milliards de francs par rapport à 2019. Ce manque à gagner est le fruit d’un ralentissement de l’activité. Sur l’ensemble de l’année, près de la moitié des entreprises interrogées déclarent avoir perdu du chiffre d’affaires par rapport à 2019 et près de 20 % des entreprises estiment en avoir perdu au moins un quart. Malgré cette baisse d’activité, les sociétés sont parvenues à stabiliser leur trésorerie qui avait été sérieusement mise à mal avec le premier confinement. Une maîtrise qui est en grande partie le fruit du recours à l’endettement au travers de prêts garantis par l’État.

En termes d’emploi, le quatrième trimestre ne s’est pas montré particulièrement positif, bouclant une année 2020 plutôt négative. La reprise de l’embauche, au deuxième et au troisième trimestre, n’a pas permis de compenser les destructions d’emplois du premier trimestre, de même que du quatrième trimestre. Un élément peu encourageant si l’on se projette en 2021, puisque le premier trimestre sera marqué par le confinement et une probable dégradation du marché du travail qui pourrait mettre de nombreux Calédoniens dans des situations précaires. La seule bonne nouvelle sera la reprise de l’activité sur l’usine du Sud et le lancement du chantier pour la réalisation de Lucy.

L’IEOM relève que la consommation s’est plutôt bien maintenue au quatrième trimestre. L’institut explique ce constat par la fermeture des frontières qui pousse les Calédoniens à consommer davantage localement, malgré un contexte peu favorable. Cette consommation a contribué à soutenir les importations. Les exportations sont également reparties à la hausse, tirées par une forte augmentation de celles du nickel vers la Chine. Mais en dehors de ces quelques éléments positifs, l’IEOM souligne les difficultés que rencontre l’économie calédonienne. Certains secteurs d’activité, comme le tourisme et le BTP, sont plus particulièrement touchés.

M.D.

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