« L’école doit rapidement retrouver son rôle essentiel »

Alors que les décisions sur le cadre général du confinement sont attendues en fin de semaine, la vice-présidente du gouvernement a présenté lundi le calendrier prévisionnel et les modalités de réouverture des établissements scolaires. On s’oriente vers une rentrée échelonnée entre la semaine prochaine et la suivante, avec le port du masque dès le CP, l’arrivée des autotests et la fermeture de classes s’il y a des cas positifs.

Le confinement de cinq semaines est déjà lourd de conséquences pour les enfants et les familles calédoniennes. Sur le plan social, de santé mentale, économique. « L’école doit rapidement retrouver son rôle essentiel au sein de la société, à la fois sur l’apprentissage, la proximité des camarades, des adultes référents et l’accès à des services essentiels comme la cantine », a jugé Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, notamment en charge de l’enseignement.

Les annonces seront formulées en fin de semaine sur l’assouplissement ou non du confinement, mais il a été estimé qu’il fallait néanmoins « un calendrier très clair pour que les équipes et les parents puissent se préparer ». L’idée est donc d’être prêts quitte à reporter encore les choses de quelques jours. Pour l’instant, la rentrée se ferait la semaine prochaine pour les collégiens et les lycéens et la semaine suivante pour les primaires.

Collèges et lycées

Si la Calédonie entre en phase de confinement adapté le 11 octobre, les grands ouvriront le bal dans la mesure où ils sont « plus aptes à respecter les gestes barrière et le port du masque et en raison des examens ». Dans les trois provinces, les collèges et les lycées les accueilleront mardi 12 octobre (le 11 au soir en internat), selon une organisation spécifique à chaque établissement en fonction des effectifs, des filières, etc. « On ne peut pas faire rentrer de la même façon un petit collège de brousse et un gros lycée comme Jules-Garnier », a expliqué Érick Roser, vice-recteur.

Pour certains établissements, des jauges seront instaurées afin de respecter la distanciation physique dans les salles de classe, à la cantine et en internat. La continuité pédagogique se poursuivra pour ceux qui restent à la maison avec toujours la gratuité de l’accès aux sites éducatifs et de l’internet mobile qui concerne 6 300 élèves et étudiants. L’alternance pourra se dérouler à la semaine ou un jour sur deux. La demi-pension se fera sur une plage élargie. La plupart des collèges ont privilégié l’affectation d’une salle à chaque classe et ce sont les enseignants qui changeront de pièces.

Maternelles et primaires

Dans le scénario présenté, les écoles primaires rouvriront leurs portes une semaine plus tard, soit à partir du lundi 18 octobre. En province Sud, la rentrée sera progressive : le lundi pour les plus jeunes (petits de maternelle,CP,CE1), le mardi 19 pour les moyens de maternelle, CE2, et le mercredi 20 les grands de maternelle, les CM1 et CM2. En province Nord également, avec une rentrée le lundi 18 pour les petits, les moyens et les grands de maternelle et le mardi 19 pour les CP, les CE1 et CE2. Cette fois, l’idée est de commencer « par les plus jeunes justement parce qu’ils mettent plus de temps à intégrer les gestes barrière », a précisé Isabelle Champmoreau. Les jauges pour les écoliers ont visiblement été abandonnées.

Dans les îles, les élèves en primaire rentreront aussi le lundi 18 octobre cette fois par groupe d’élèves de manière alternée. Le calendrier par classe n’a pas encore été établi. La pré-rentrée des enseignants se fera le mercredi 13 octobre. Comme lors des précédentes crises, dans tous les établissements primaires ou secondaires, il y aura des sens de circulation pour éviter les croisements, des récréations alternées et les activités en extérieur seront privilégiées. Beaucoup de parents craignent de renvoyer leurs enfants à l’école dans un contexte épidémique et c’est compréhensible. Il y aura, dans les premiers temps, une « tolérance » sur l’absentéisme même s’il est estimé qu’« il est temps que nos enfants rentrent à l’école ».

Selon les autorités, la période Covid-Free a permis aux acteurs de l’enseignement de se préparer en s’inspirant des protocoles mis en œuvre ailleurs et de bénéficier également de l’avancée en matière vaccinale. Une attention particulière sera donnée aux classes à examen mais aussi aux CP et aux CM2.

 


Masques et autotests

Les familles vont devoir s’y faire : les règles seront plus strictes que précédemment. Le masque est rendu obligatoire dès le CP, en classe et en extérieur pour les enfants et les adultes. En maternelle, cette obligation ne concerne que les adultes. Si les masques sont à la charge des familles, des stocks seront distribués en cas de besoin, notamment pour les familles en difficulté. Des dérogations médicales sont possibles, par exemple pour les enfants en situation de handicap, et des masques inclusifs sont prévus.

Les classes fermeront en maternelle dès le premier cas confirmé et à partir de trois cas positifs en primaire, collège ou lycée, à chaque fois pour une durée de sept jours. Des autotests vont également être distribués gratuitement afin de détecter les cas positifs chez les enfants qui sont souvent asymptomatiques jusqu’à 12 ans. « Ce n’est pas obligatoire, a précisé Isabelle Champmoreau, mais on conseille aux parents de le faire et s’il est positif, de ne pas amener l’enfant à l’école. Les tests sont faciles à réaliser et il n’y a pas de crainte à avoir. » Ils peuvent se réaliser dès la maternelle.

Toutes ces mesures ont été mises en place en Métropole. Dans 47 départements, les enfants ont pu retirer cette leurs masques cette semaine.

Les grands axes du protocole du gouvernement et du vice-rectorat seront disponibles sur le site du gouvernement (www.gouv.nc) et du vice-rectorat (www.ac-noumea.nc) qui propose aussi un numéro vert : 05 00 16.

 


Les examens encore plus adaptés

Érick Roser l’a concédé : si les élèves ont eu « la chance d’avoir des cours sur les deux tiers de l’année », la crise intervient sur « la pire des périodes en raison de la proximité avec les examens ». Des discussions sont en cours avec le ministère de l’Éducation nationale, mais il s’agira sûrement d’aller plus loin qu’en Métropole sur les adaptations. Brevet, baccalauréats, BTS… Les situations sont observées selon « un équilibre entre bienveillance et qualité du diplôme ».

Le vice-rectorat propose de remplacer les épreuves écrites par le contrôle continu et de maintenir les épreuves orales et pratiques qui concernent des points du programme déjà vus. La limite pour la saisie des vœux Parcoursup a été reportée au 13 octobre et la finalisation des dossiers au 20 octobre. Les jeunes qui n’ont pas accès à internet peuvent se rendre dans n’importe quel établissement scolaire situé à proximité de leur domicile. Les stages en entreprise doivent pouvoir se dérouler.

 


Les crèches ouvertes lundi

Les crèches doivent rouvrir ce lundi 11 octobre avec des protocoles spécifiques. Les parents sont invités à contacter la crèche de leur enfant.

 


Quelle incidence ?

La reprise scolaire comprend un risque certain au regard de l’épidémie. Selon les spécialistes, l’incidence chez les jeunes est relativement élevée et c’est une population qui est davantage asymptomatique, c’est-à-dire qui ne présente pas de symptômes, donc les cas positifs seraient plus nombreux qu’on ne l’observe. L’incidence est particulièrement élevée chez les 20-30 ans, et ces derniers ont et vont avoir besoin de contacts sociaux. Mais pour les étudiants par exemple, le risque est surtout qu’ils se contaminent entre eux. Chez les petits, la crainte est que les contaminations se fassent surtout dans le milieu familial et notamment avec les grands-parents.

Selon les chiffres du gouvernement, que nous avons obtenus en début de semaine, 23,14 % des 12-17 ans (24 643 jeunes) présentaient un schéma vaccinal complet (5 702) et 52 % une dose (12 814). Mais beaucoup de secondes doses doivent être administrées cette semaine.

Selon Isabelle Champmoreau 60 à 65 % des enseignants seraient vaccinés. Ce taux serait moins important chez les personnels communaux. Les enseignants et les personnels n’appartiennent pas à la catégorie des secteurs sensibles dont les professionnels doivent être vaccinés au 31 octobre sous peine de sanctions. Mais les dispositions seront les même pour tous après le 31 décembre.

 

C.M. (© C.M.)