Le torchon brûle entre indépendantistes

Les divergences entre l’Union calédonienne (UC) et l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) ont empêché d’élire le président du 17e gouvernement. Les réunions du comité directeur de l’UC et du bureau politique élargi du Palika, ce week-end, n’ont pas permis de trouver une solution et mettent en évidence une désunion dans le camp indépendantiste.

Après avoir renversé le 16e gouvernement, les indépendantistes se sont retrouvés majoritaires avec trois sièges pour l’UC et trois pour l’UNI. Chaque groupe a présenté son candidat et n’a pas su s’entendre pour élire le nouveau président. Si cette situation prête à sourire, en tout état de cause, cela confirme une désunion des indépendantistes dans la prise de décision. Au moment où se joue l’avenir institutionnel, après le dossier de l’usine du Sud et la situation économique dans laquelle le territoire est plongé, les Calédoniens n’avaient pas besoin de ce nouvel écueil. Sans compter qu’à cette cascade de crises s’ajoute la question du budget 2021. Le vote est prévu le 31 mars et si le gouvernement n’est pas constitué d’ici là, il sera mis sous tutelle de l’État. Pourtant, loin de s’inquiéter, Gilbert Tyuienon estime qu’« il faut prendre le temps de bien faire les choses ».

Des positions figées

Cette question de la présidence était au cœur des discussions, ce week-end, lors de la réunion du comité directeur de l’UC à Kaala- Gomen et du bureau politique élargi du Palika à Moindou. Des discussions qui n’ont pas permis de trouver une issue, les deux partis campant chacun sur leur candidat à la présidence : Louis Mapou pour l’UNI et Samuel Hnepeune pour l’UC.

D’autres composantes du FLNKS avaient déjà réagi, au lendemain de la tentative d’élire un président pour le 17e gouvernement, à l’image du Parti travailliste (voir par ailleurs) ou de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM) qui, dans un communiqué, a dénoncé l’échec de la stratégie de l’UC à vouloir installer le patron du Medef-NC à la tête du gouvernement.

Ce n’est pas pour autant que le parti de Daniel Goa a changé son fusil d’épaule, ce week-end, le président de l’UC allant jusqu’à reconnaître qu’il lui fallait « davantage de temps » pour construire l’avenir sachant que « ce gouvernement allait nécessairement être le dernier avant la prochaine et dernière échéance référendaire de l’Accord de Nouméa et que la crise actuelle ne laisse effectivement aux indépendantistes qu’une fenêtre de tir très étroite pour réussir, pour réparer les dégâts de la politique des gouvernements successifs ».

Pour l’heure, ni l’UNI ni l’UC ont décidé de fléchir en faveur du candidat du groupe opposé, d’autant qu’ils ne pourront s’en expliquer puisque le congrès du FLNKS qui devait se tenir samedi à Lifou a été reporté.

Et le candidat de l’Éveil ?

Si la question de la présidence est inévitable, la non-élection au gouvernement de l’Éveil océanien s’est aussi invitée dans les discussions de l’UC, ce week-end. Certains sympathisants ont demandé pourquoi un membre de la liste UC de l’exécutif ne démissionnerait pas afin de faire remonter Vaimu’a Muliava et ainsi offrir un siège à l’Éveil océanien. Une question gênante pour les cadres de l’UC qui n’ont apporté aucune réponse. Il paraîtrait bien difficile pour eux de renoncer à la candidature de Samuel Hnepeune le « présidentiable », Gilbert Tyuienon « l’expérimenté » ou de Mickaël Forrest le « favori des îliens » pour faire les frais d’une telle stratégie et par conséquence, créer des tensions entre les composantes de l’UC.

En attendant

Même si le nouveau gouvernement ne peut pas fonctionner pleinement sans président ni vice-président, néanmoins, l’activité de l’institution se poursuit au ralenti. Comme le prévoit la loi organique, l’ancien gouvernement se doit de régler les affaires courantes. Un exercice difficile qui consiste à s’occuper de tout ce qui sert à la continuité des services sans véritable prise de décision. Sont ainsi écartées toutes les lois du pays et les délibérations qui vont au Congrès, les modifications de statuts des services publics et même toutes les prises de position qui découlent des vœux de l’État. Une situation qui plonge un peu plus les Calédoniens dans l’incertitude à l’approche du troisième référendum. Une raison supplémentaire pour avoir encore moins confiance en ceux qui nous dirigent…


LKU assume son choix

Lors de l’élection du nouveau gouvernement, la liste de l’UNI a bénéficié de deux voix supplémentaires émanant des Loyalistes et du Parti travailliste (PT). Louis Kotra Uregei, le président du PT, s’est expliqué en avançant « qu’il n’avait pas été consulté » dans le choix de la liste présentée par l’Union calédonienne et que « la moindre des choses, c’est d’accorder un minimum de respect par la concertation ». LKU a poursuivi en indiquant que, de toute manière, le Parti travailliste, « émanant de l’USTKE, ne pouvait pas voter pour le président de la fédération patronale ».

D.P.

©Daniel Goa