Le shuai jiao débarque à Nouméa

Passionné de sports de combat depuis près de 25 ans, Grégory Dubuc propose des cours de shuai jiao au sein du club La Voie du wushu, à Nouméa. Un art martial chinois ancestral qui n’était jusqu’ici pas pratiqué sur le territoire.

Devenir le combattant le plus complet possible : c’est ce qui a longtemps motivé Grégory Dubuc. Né dans la petite ville de Barentin, en Normandie, il a commencé les arts martiaux à l’âge de 12 ans. Taekwondo, boxe, MMA, lutte, judo ou encore Viet Vo Dao ou sanda, il s’est initié à de nombreux sports de combat, allant parfois jusqu’à prendre des cours dans trois disciplines à la fois.

C’est à Rouen, en 2010, qu’il fait la rencontre du shuai jiao. Peu présent en Métropole, ce vieil art martial chinois (lire ci-contre) est pratiqué dans une vingtaine de clubs à peine, dont celui de son entraîneur de l’époque Abdou Sagna, également connu pour ses cascades au cinéma (Banlieue 13 Ultimatum, Lukas et, plus récemment, OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire et le dernier James Bond, Mourir peut attendre).

« Souplesse et élégance »

« J’ai tout de suite accroché. Le shuai jiao, c’est l’art de gagner avec souplesse et élégance, mais sans violence, expose le combattant de 37 ans. Savoir esquiver une technique de coups de poing ou de coups de pied tout en étant capable de contrer son partenaire avec une technique de projection est l’objectif pendant un combat. Il s’agit donc d’un sport où l’on se défoule tout en apprenant à se défendre sans avoir à craindre pour sa sécurité ou celle de son partenaire. » Après des compétitions en taekwondo, boxe chinoise et sanda, Greg – comme ses amis le surnomment – participe en 2013 à la première Coupe du monde de shuai jiao, organisée en France, et termine à la deuxième place chez les moins de 90 kg. Une performance qu’il réitère en 2016. L’année suivante, il passe sa ceinture noire et plusieurs diplômes afin de pouvoir enseigner les sports de combat et devenir préparateur physique.

Il monte ensuite son club, Boxe et lutte chinoise, où il enseigne plusieurs disciplines, dont le shuai jiao, dans le village de Sommery (800 habitants), dans le pays de Bray, au nord-ouest de l’Hexagone, en 2018. « C’était une ambiance très familiale, on se marrait bien, raconte-t-il. On était huit la première année et vingt-quatre la deuxième. »

Kung-Fu traditionnel

Mais en 2020, Grégory Dubuc quitte finalement sa Normandie natale pour la Nouvelle-Calédonie, où sa femme, professeure documentaliste, est mutée. « En arrivant ici, je voulais poursuivre ma pratique des arts martiaux chinois, alors je me suis naturellement tourné vers le kung-fu. » Il pousse la porte du club La Voie du wushu et y découvre un enseignement plus porté vers le traditionnel.

Après une année de pratique et quelques cours plus orientés vers le combat donnés de manière informelle, Grégory Dubuc propose finalement d’apprendre de manière plus régulière les techniques du shuai jiao aux licenciés du club. « On a tout de suite été emballés. C’est quelqu’un d’une gentillesse naturelle et très à l’écoute des autres, raconte Daniel Collet, qui a cofondé avec David Beaunoir La Voie du wushu il y a quatre ans, après le départ de leur maître Cyril Perrichard. Et puis, le shuai jiao vient parfaitement compléter notre offre, car notre pratique du kung-fu est un peu plus portée sur la technique que sur le combat. »

Et pour promouvoir la pratique de ce nouvel art martial sur le territoire, le Normand ne manque pas d’idées. « L’objectif, ce serait d’implanter durablement la discipline sur le territoire. J’ai rencontré pas mal de pratiquants internationaux, pourquoi pas proposer des stages en Chine, en Australie ou ailleurs, quand la pandémie sera terminée. On pourrait également faire des échanges avec d’autres clubs locaux. » Le début d’une nouvelle aventure, d’un nouveau combat.

 


Une discipline ancestrale

Le shuai jiao, aussi appelé lutte chinoise, est le plus ancien art martial de l’empire du Milieu. Vieux de près de 4 000 ans, il était autrefois pratiqué par la garde personnelle des empereurs chinois et est aujourd’hui encore enseigné dans les académies militaires et les écoles de police en Chine continentale et à Taïwan. Cette discipline de référence en matière de techniques de combat au corps à corps a inspiré de nombreux autres sports de combat tels que le judo, le sumo ou encore le jiu-jitsu traditionnel.

Le shuai jiao regroupe coups de pied, coups de poing et techniques de projection. En compétition, l’objectif est de mettre son adversaire à terre tout en restant debout. Le système de points avantage le maintien de l’équilibre.

 

Initiations

Le club La Voie du wushu proposera des démonstrations et des initiations au kung-fu, au taï-chi et peut-être au shuai jiao, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le samedi 12 mars, à l’hippodrome Henry-Milliard, à Nouméa, et lors de la Fête de la ville de Dumbéa, le samedi 26 mars au parc Fayard.

 

Titouan Moal (© T.M.)

Les cours de shuai jiao se déroulent les vendredis, de 18 heures à 19 h 30, à la salle du Studio Harmonie, à Motor-Pool, à Nouméa.