Le secteur public obtient 1 %, reprise des négociations en octobre

La manifestation du mardi 4 juillet a réuni entre 1 000 et 1 700 personnes. Le lendemain, un protocole de fin de conflit a été signé par l’intersyndicale (UT CFE-CGC, Fédération des fonctionnaires, Cogetra, CSTNC), Louis Mapou et Vaimu’a Muliava. Les membres loyalistes du gouvernement étaient absents lors de la signature. / © G.C.

L’intersyndicale espérait 3,5 % d’augmentation pour les 23 500 fonctionnaires, contractuels et retraités. La grève a été suspendue mardi 4 juillet, avec une satisfaction partielle. Les 2,5 % restant seront négociés avec le gouvernement lors des assises de la fonction publique.

Grève « illimitée », programme d’ac- tions pour la semaine… Frustrés par la mobilisation du mois de novembre, déçus par les entre- vues avec le gouvernement, les syndicats s’étaient préparés à une guerre d’usure qui n’aura finalement duré que deux jours. La manifestation des 1 700 personnes ‒ 1 000 d’après la police ‒ a été suivie d’une réunion fructueuse. À la sortie des bureaux du gouvernement, mardi 4 juillet à 18 heures, les meneurs de l’intersyndicale ont annoncé la suspension de la grève.

Le protocole d’accord, signé le lendemain, prévoit une augmentation de 1 % du point d’indice dès le mois de juillet pour les 9 900 fonctionnaires, 8 600 contractuels et 5 000 retraités relevant de la CLR. L’arrêté devrait être voté mercredi prochain, au gouverne- ment. Pour les 2,5 % restant, rendez-vous aux assises de la fonction publique, au mois d’octobre. « La revalorisation ne peut pas se décréter », explique Louis Mapou.

Soucieux de respecter « strictement » les engagements de la Nouvelle-Calédonie envers ses créanciers, le président du gouvernement attend des concessions. En premier lieu, l’instauration d’un jour de carence pour les arrêts maladie, ce qui semble faire consensus.

UNE QUESTION DE « JUSTICE »

Les cinq syndicats ont donc obtenu une satisfaction partielle de leurs revendications. Ils ne crient pas victoire. « Il ne s’agit pas d’un avantage, précise Joao d’Almeida (Fédération des fonctionnaires), mais d’une réparation du dommage causé par l’inflation », qui s’élève à plus de 5 % depuis janvier 2022.

Dans le secteur privé, les négociations annuelles obligatoires entre syndicats et patrons partent sur une base de « 4,6 % d’augmentation » pour 2023, « et on vise 6 % ». Au niveau national, le point d’indice a été revalorisé de 3,5 % en juin 2022, puis de 1,5 % en juin 2023, pour les 5,7 millions d’agents publics du pays (dont les fonctionnaires d’État en poste en Nouvelle-Calédonie). « Ces augmentations n’ont pas été décidées pour rien ! C’est une question de justice », insiste Tony Dupré (Cogetra).

« STIGMATISATION »

Judicaël Eschenbrenner (Usoenc) s’indigne d’une « stigmatisation » des fonctionnaires, qu’un « fantasme » populaire imagine toujours mieux lotis que le reste de la population. « Ce n’est pas un combat de nantis, déjà surpayés. Il y a de la précarité dans la fonction publique. » Il cite le cas du personnel des cantines, payé à l’heure, qui touche « moins d’un SMG à la fin du mois », et celui des retraités, « dépassés par le coût de la vie ».

La Nouvelle-Calédonie est en quasi-faillite ? Christophe Coulson est las d’entendre ce contre-argument. « On ne peut plus entendre ce discours. Il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles. » Le vrai débat se situe selon lui du côté des recettes publiques. « Il y a de la ressource, sauf que les élus ne sont pas capables de voter les textes », dénonce le président du l’UT CFE-CGC. Largement favorables à la réforme du Ruamm, « la clé de tout », retardée par l’opposition des patrons, également partisans de la création des deux taxes minières, encore retoquées au Congrès la semaine dernière, les syndicats s’impatientent.

D’autant plus qu’ils ont consenti, ces dernières années, à la création de la TGC et à l’augmentation de la CCS. L’encre du protocole d’accord n’est pas encore sèche que Christophe Coulson, assis face à Louis Mapou, lui lance un avertissement. « Les élus bénéficient d’une fenêtre de tir avec les syndicats. Elle ne restera pas ouverte éternellement. »

Gilles Caprais