Le Ruamm, mal-aimé depuis sa naissance

De nombreux patentés n’ont jamais digéré leur inclusion dans le régime unifié d’assurance maladie avec les salariés. Cette rancœur est tantôt jugée logique, tantôt vue comme un mélange d’ingratitude et de méconnaissance.

Dans la salle de la CMA, nombreux sont ceux qui ont vécu la création du Ruamm en 2002, et c’est avec une grande variété de métaphores anales qu’ils partagent le souvenir de leur mobilisation infructueuse.

Patrice Gauthier comprend leur frustration persistante. « Le système n’était pas équilibré. On savait qu’il allait coûter, et c’est précisément ce qui s’est passé. »

Le président de la Fédération des professionnels libéraux de santé (FPLS) fustige la méthode d’alors, aussi « brutale » que celle d’aujourd’hui, les deux visant à « imposer » une couverture sociale supérieure. « Ça rappelle les paroles de Nelson Mandela : tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi. »

ET POURTANT, LE PATENTÉ COTISE MOINS

Un artisan du BTP s’insurge contre l’obligation de cotiser pour les arrêts maladie (les « prestations en espèces »), jugeant qu’il n’en aura jamais l’utilité. Dans l’assemblée, il y a consensus : les patentés seraient de faibles consommateurs des services de santé.

 

 

Ceci n’est qu’une idée reçue, répond Bertrand Cuenca, membre du comité directeur de la Cafat. « Le top 1 des personnes qui bénéficient des prestations du Ruamm, ce sont les travailleurs indépendants », a indiqué le directeur des branches Santé et Recouvrement dans les Nouvelles calédoniennes du 18 février, rappelant qu’« à couverture égale, la cotisation d’un travailleur indépendant est inférieure à celle d’un salarié ».

Jean-Pierre Kabar, secrétaire général de la Cogetra, est « sidéré » de tant de rancœur envers un progrès social, 21 ans après son adoption. « Une grande partie des travailleurs indépendants ne comprennent toujours pas à quoi ils cotisent. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un patenté ne se plaigne de ne pas avoir de retraite Cafat », assure le président du conseil d’administration, dépité par « le niveau de mauvaise information ou de désinformation » dispensé par les chambres consulaires.

Gilles Caprais

Photo : Patrice Gauthier, président de la Fédération des professionnels libéraux de santé, ici lors de la réunion publique du 16 février, comprend les patentés frustrés. / © Gilles Caprais