Le rêve vert de l’usine du Nord

Au moment de présenter ses résultats 2022, Koniambo Nickel a énoncé ses futurs chantiers dont la transition énergétique. Le métallurgiste vise une diminution de 50 % de ses émissions de CO2 d’ici 2035.

La politique de transition énergétique de l’usine du Nord a un nom. Elle s’appelle Marie-Caroline Lacroix. « Elle est en charge du projet, présente Neil Meadows, président de Koniambo Nickel (KNS). Nous travaillons avec des acteurs locaux et internationaux sur les possibilités et les alternatives que nous avons. »

Embauchée en septembre dernier, l’ancienne salarié d’EDF, familière des énergies hydrauliques, compte aider KNS à réduire ses émissions de CO2 « le plus rapidement possible ». D’abord de moitié à l’horizon 2035, puis en se rapprochant du « zéro émission » en 2050. « Plus vite nous basculerons sur de l’énergie renouvelable, plus vite, ce sera intéressant », avance Marie- Caroline Lacroix.

Le métallurgiste et minier de Koné a lancé plusieurs pistes. « Nous travaillons sur l’optimisation énergétique de nos équipements pour observer toutes les pertes au cours de nos processus, entame Marie-Caroline Lacroix. C’est une étude très longue qui va permettre derrière d’avoir très rapidement des résultats. »

SOLAIRE ET GAZ NATUREL

Une deuxième réflexion porte sur la possibi- lité d’alimenter en partie l’usine du Nord avec des énergies renouvelables en provenance du réseau public. KNS a besoin de 240 MW d’électricité, aujourd’hui majoritairement fournis par la combustion du charbon, pour faire tourner ses infrastructures. Un volume pas encore disponible en province Nord. « Demain, avec la transition énergétique du territoire, de plus en plus de fermes photovoltaïques vont s’installer », avance la chargée de projet.

Or, un apport en énergie stable doit être maintenu 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. « Cela demande des études poussées pour savoir comment nous pouvons assurer une stabilité électrique avec ce nouveau système de production, poursuit-elle. Nous devons faire un travail technique pour bien structurer le stockage à l’échelle du territoire pour mutualiser au mieux les équipements. »

Stratégie et groupe de travail

KNS veut participer aux groupes de travail sur l’avenir institutionnel, précisément sur la thématique concernant directement son secteur d’activité. « Nous avons exprimé à plusieurs reprises notre désir de participer au groupe de travail sur le nickel, en tant qu’employeur principal du Nord (1 330 salariés et 450 entreprises sous- traitantes, NDLR) », explique Neil Meadows.

Sans s’avancer sur une stratégie du nickel à l’échelle du territoire, le président de KNS souhaite que les acteurs s’attendent autour d’une « compréhension commune ».

En parallèle, un des volets du plan de KNS imagine remplacer le très polluant charbon. « Nous avons lancé toutes les pistes possibles pour utiliser d’autres combustibles, comme le gaz naturel ou la biomasse. » Une autre solution se trouverait aussi du côté des scories, ce résidu du processus de fabrication du ferronickel. « C’est une source de chaleur énorme, qui représente des mégawatts thermiques. Comment peut-on récupérer cette chaleur pour la réinjecter ou recréer de l’électricité ? »

Tout reste pour l’instant à l’état de projet. « Notre objectif est de construire la feuille de route, nous avons lancé beaucoup d’études, indique-t-elle. Tout ne dépend pas que de nous. Une grosse partie doit être travaillée avec le territoire et l’ensemble des partenaires. »

Aucun budget global n’est acté. Aucun calendrier n’est réellement arrêté. KNS tâte les opportunités offertes par la transition énergétique, principalement pour faire baisser sa facture d’électricité. Le géant du Nord prépare d’abord le terrain, espérant rester « compétitif » à l’avenir.

Brice Bacquet

Photo : Marie-Caroline Lacroix, chargée de la transition énergétique à KNS, et son président, Neil Meadows. / B.B.

Un bon bilan en deçà des exigences

Au début de l’année dernière, KNS était presque à l’équilibre financier. L’envolée des coûts de l’énergie à la suite du conflit ukrainien a plombé le reste de l’exercice. « En 2022, nous avons produit 25 400 tonnes de nickel », annonce Neil Meadows, président de la société depuis avril dernier.

La production, meilleure que les 17 000 tonnes de 2021, reste inférieure aux objectifs fixés à environ 33 000 tonnes. « Nous avons été impactés par la météo, comme les autres opérateurs miniers du territoire, explique-t-il. Durant l’année, nous avons réussi la plupart du temps à maintenir deux lignes en fonctionnement comme prévu. »

Des records de production ont quand même été enregistrés en novembre (3 300 tonnes de nickel) et sur la période novembre-décembre (presque 6 000 tonnes), grâce notamment à des efforts pour parvenir à la stabilité électrique tout en augmentant la puissance des fours. « Nous voyons des signes encourageants sur nos capacités à atteindre notre objectif de 3 000 tonnes par mois », soutient Neil Meadows. En 2023, le métallurgiste espère ainsi produire 36 000 tonnes de nickel