Le pôle technique de la province Sud, un bâtiment « exemplaire »

La province Sud lance la construction du pôle technique, à la Vallée-du-Tir, le nouveau siège de la Direction de l’aménagement et de l’équipement. Un bâtiment autonome en énergie qui en produira plus qu’il n’en consommera.

La province aime à le répéter ces dernières semaines. C’est la collectivité qui investit le plus en Nouvelle-Calédonie, avec plus de dix milliards de francs. Sur cette enveloppe, 3,5 milliards de francs sont prévus au budget 2022 dans le secteur du bâtiment, dont 1,3 milliard pour le pôle technologique situé rue Unger. « C’est un des projets phare en matière d’investissement ces deux prochaines années », souligne Philippe Blaise, premier vice-président. Les anciens bâtiments de la DAEM, Direction de l’aménagement, de l’équipement et des moyens, sont actuellement en phase de désamiantage. Les travaux doivent commencer en mars pour s’achever quatorze mois plus tard, en mai 2023. « Ce chantier est très attendu, poursuit l’élu. On soutient l’activité économique, c’est un projet important pour le secteur du BTP en ces temps d’incertitude sur l’avenir. » Pas moins de 21 entreprises sont concernées pour aménager 3 200 m2 de bureaux, des salles de réunion, une grande terrasse végétalisée et une cafétéria pour 165 agents.

Autonome en énergie

Ce programme, qui mêle à la fois de la construction et de la réhabilitation du bâti existant, repose sur une exigence bioclimatique et répond à la norme PEB, performance énergétique des bâtiments. « On avait deux contraintes fortes à gérer, explique Sylvie Ghesquier, architecte de l’agence Néo, les nuisances sonores de la voie express et les performances en termes de confort thermique. Il fallait concilier isolation acoustique et aération. » Des matériaux spécifiques absorbent les bruits de la ville. Pour gérer l’ensoleillement, des protections solaires ont été posées sur les façades extérieures, « de grandes lames qui font brise-soleil », avec des débords de toiture pour ombrager. « On joue également sur la ventilation naturelle avec de grandes cheminées qui vont faire couloir d’air. » Enfin, avec les panneaux photovoltaïques installés sur le toit, le site sera autonome, les bâtiments produiront davantage d’énergie qu’ils n’en consommeront. « L’objectif est de réduire au maximum l’usage de la climatisation grâce à la ventilation », appuie Sylvie Ghesquier.

Sylvie Ghesquier, architecte de l’agence Néo, a travaillé avec un acousticien sur le projet afin de gérer au mieux l’isolation acoustique du bâtiment.

Un modèle ?

La province réfléchit à généraliser ce procédé aux autres constructions, notamment dans le logement social. « Cette nouvelle doctrine sera prise en compte lors de l’octroi des garanties financières de la province aux opérateurs sociaux, insiste Philippe Blaise. Il ne faut plus faire des blocs de béton qui sont de vrais fours où les gens qui vivent n’ont pas les moyens de payer la climatisation. » Dans la conception de leurs futures opérations, les bailleurs sociaux vont devoir remplir des critères de développement durable. Cela n’est pour l’instant qu’une incitation, mais la norme PEB pourrait être systématisée. « Avant, on donnait la garantie financière sans regarder, ce ne sera plus le cas même si la norme PEB pas obligatoire en soi. Il faut qu’on en discute. »

 

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P. et province Sud)