Le Pass Sports, « un investissement social »

Au foot, la licence est gratuite jusqu’à 11 ans. Elle est payante dans la plupart des sports, mais reste généralement en deçà de 7 000 francs : 6 000 pour l’escalade, 2 650 pour le tennis, etc / © G.C.

Depuis le 1er janvier, la Cafat finance jusqu’à 7 000 francs la licence des enfants des salariés du privé. Les bonnes habitudes sportives doivent favoriser la diminution des dépenses de santé à long terme.

Une licence par an et par enfant de 6 à 16 ans à prix fortement réduit voire annulé. La Cafat a lancé en début d’année le Pass Sports, un dispositif financé par le régime des Prestations familiales et qui s’adresse aux enfants des coti- sants, les 68 000 salariés du secteur privé.

À la mi-avril, près de 200 licences avaient été financées. « Parmi ces enfants, 70 % n’étaient pas inscrits dans ce club l’année précédente, ce qui ne veut pas forcément dire qu’ils ne faisaient pas de sport », indique Anna Tyburczy, qui coordonne le Pass Sports pour le Comité territorial olympique et sportif (CTOS).

Le nombre de bénéficiaires devrait exploser lors des deux prochaines vagues d’inscription, aux mois d’août et de février, mais les débuts sont d’ores et déjà jugés satisfaisants par la Cafat. « C’est très prometteur », considère Laurent Tolmé, directeur de la branche des Prestations sociales.

Dans l’immédiat, la mesure est « un développement de la politique familiale ». Et à plus long terme, « on s’inscrit dans le plan Do Kamo en s’adressant aux futurs consommateurs de soins. C’est une forme d’investissement social », particulièrement utile dans un pays où 7 personnes sur 10 sont en situation de surpoids, où 44 400 personnes (16 % de la population) sont en longue maladie et où les dépenses de santé ont représenté 71 milliards de francs en 2021.

« UNE EXCELLENTE IDÉE »

Les 7 000 francs de prise en charge suffisent généralement à couvrir le prix de la licence, qui revient à la fédération au niveau natio- nal. Mais le sport coûte souvent davantage : cotisations à la ligue ou au club, tenues de sport, accessoires, déplacements…

Le Pass Sports, « c’est une excellente idée », salue Philippe Boquet, président de la ligue d’escalade, d’autant plus reconnaissant que les finances publiques sont en souffrance. « Ça permet une entrée dans le monde du sport pour certains jeunes qui n’ont pas suffisamment de moyens pour accéder au sport-santé. »

Un dispositif de la province Sud prenait déjà en charge la licence pour les enfants boursiers, mais ce complément est le bienvenu. « Même pour les cadres moyens, cela permet un accès au sport plus facile. Certains inscriront peut-être leur enfant dans un deuxième sport. »

« 7 000 francs, ça fait déjà une différence dans un budget familial quand on est éligible, estime Delphine Ripert, vice-présidente de la ligue de voile. Idéalement, il faudrait que le Pass Sports soit accessible à tout le monde. »

L’ÉTAT SOLLICITÉ

Au niveau national, l’État finance une allocation de rentrée sportive plus inclu- sive que la version calédonienne. Elle est destinée à tous les écoliers mais aussi aux étudiants boursiers, pour un montant de 50 euros (6 000 francs). « Le CTOS a engagé des démarches auprès du haut-commissariat afin d’étendre cette aide à la Nouvelle- Calédonie », indique Anna Tyburczy.

Du côté de la Cafat, l’extension n’est pas à l’ordre du jour. « On s’est inscrit dans cette démarche parce qu’il n’existait rien de semblable au niveau de la Nouvelle- Calédonie, précise Laurent Tolmé. S’il devait y avoir une extension du dispositif national, la question du double emploi se poserait et on réfléchirait à réorienter la dépense. »

Gilles Caprais