Le parti de Marine Le Pen compte peser dans le paysage politique

André Rougé est député européen et délégué national à l’outre-mer pour le Rassemblement national.

Une délégation du Rassemblement national (RN) était sur le territoire, du 15 au 21 mai, pour « écouter, rencontrer » dans le but de « participer activement » aux discussions institutionnelles sur son avenir. Une première pour la formation politique de Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Un sénateur, un soutien d’Éric Zemmour à la présidentielle, des chefs d’entreprise, une chambre consulaire, des représentants institutionnels, des élus loyalistes et un leader indépendantiste. Le dénominateur commun de cette liste non exhaustive et hétéroclite est le Rassemblement national (RN). Tous ont rencontré la première délégation du parti d’extrême-droite, dépêchée en Nouvelle-Calédonie « à la demande de Marine Le Pen et Jordan Bardella ».

Pendant près d’une semaine, le député RN et vice-président de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu, et les députés européens Philippe Olivier et André Rougé sont venus se « forger une opinion, écouter et rencontrer le maximum d’acteurs locaux », dans l’objectif de participer aux discussions sur l’avenir institutionnel et peser sur la Nouvelle-Calédonie de demain. « Notre formation politique est absolument vierge de toute antériorité sur le territoire. Nous n’avons pas été partie prenante dans le processus antérieur, cela n’aurait pas été une bonne chose que d’interférer, explique André Rougé, délégué national à l’outre-mer du RN. La Nouvelle-Calédonie s’apprêtant à écrire une page de son histoire, nous sommes bien déterminés à participer activement à ce nouveau chapitre. »

Avec un seul postulat de départ, le territoire doit rester français. « La Nouvelle-Calédonie est la représentation de la France dans l’Indo-Pacifique. Elle a vocation à la faire rayonner dans la zone Pacifique sud. »

PROJET INSTITUTIONNEL

Le parti politique de Marine Le Pen compte d’abord prendre part au dégel du corps électoral, si la question est amenée à l’Assemblée nationale. « Il semble que l’État entend porter le projet devant la représentation nationale, au Congrès de Versailles qui regroupe les sénateurs et les députés, avance le député européen. En ce sens, le Rassemblement national et ses 88 députés auront un rôle primordial. »

Conforté par sa position « d’opposition parlementaire et d’alternance à Emmanuel Macron », le RN élaborera ensuite une proposition institutionnelle et économique. « La réforme statutaire ne réglera pas tout si elle n’est pas adossée à une vision pour les 15, 20, 30 ans à venir », défend André Rougé.

Trop tôt encore pour en déterminer réellement le contenu, ce « projet de développement » devra néanmoins être « pourvoyeur d’emplois » et offrir « de la visibilité ». « Nous voulons nous adresser à absolument tous les Calédoniens, qu’ils soient loyalistes ou indépendantistes, annonce le représentant du RN. Et encore, s’agissant des indépendantistes, j’ai peine à croire qu’ils aient une véritable volonté de se séparer totalement de la France. J’ai le sentiment qu’ils ont surtout besoin de respect et de considération. »

S’IMPLANTER

Le RN espère se développer et s’implanter dans l’un des rares territoires français d’outre-mer où Marine Le Pen n’a pas battu Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de mai 2022, malgré le peu d’écart les séparant en 2017. Elle a obtenu 38,96 % des voix (27 958) dans un scrutin surtout marqué par l’abstention (62,21 %).

« Nous pensons que le Rassemblement national dispose d’un potentiel non négligeable en Nouvelle-Calédonie », soutient André Rougé. Pour le révéler, le seul élu bleu marine du territoire, membre du groupe Avenir en confiance au Congrès, a été nommé délégué territorial. Guy-Olivier Cuénot, élu de la province Sud, remplace Alain Descombels, en poste depuis 2019.

Le candidat aux législatives de 2022 (6,61 % des voix dans la première circonscription) aura pour mission de faire le lien entre les adhérents locaux et le bureau métropolitain. Il envisage de créer une section Rassemblement national de la jeunesse (RNJ), pour mobiliser « les jeunes générations » qui « prendront la relève », mais « s’impliquent trop peu dans la vie civique et politique ».

Le RN répondra aussi présent aux prochaines échéances électorales, en montant une « liste d’ouverture » pour les provinciales de 2024. « Une réflexion est en cours. Nous souhaitons surtout apporter nos projets et nos idées d’évolution, explique Guy-Olivier Cuénot. Il ne faudrait pas reconduire ceux qui nous ont conduits à la situation actuelle. Nous appelons tous les Calédoniens qui souhaitent changer les choses à nous rejoindre dans un nouveau projet de société. » Le nouveau délégué territorial a, insiste André Rougé, « carte blanche » pour y parvenir.

Brice Bacquet (© B.B.)