Le Palika défend un statut transitoire avant l’émancipation

Le thème de cette réunion politique est « Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’ultime trajectoire ». / © B.B.

Le Parti de libération kanak organise son congrès du 10 au 12 novembre, à Lifou. Ses militants échangeront sur l’idée d’un premier accord qui devra aboutir à l’indépendance en partenariat avec la France.

La vocation première du Palika n’a pas changé. Le parti l’a rappelée mardi 7 novembre en conférence de presse. « Nous nous inscrivons dans le prolongement de ce qui fait notre identité depuis 1976, insiste Charles Washetine. Nous avons été le premier parti à parler d’indépendance. » Un mot d’ordre qu’il compte bien continuer de porter dans les discussions en cours et à venir. Le parti indépendantiste réunit ses militants à Lifou, du 10 au 12 novembre, sur le thème de « l’ultime trajectoire ». Ce congrès annuel devrait définir et préciser sa position pour la visite ministérielle prévue à la fin du mois, mais pas seulement. « 2024 va ouvrir une nouvelle séquence dans le processus institutionnel du pays et sa relation avec la France », prévient son porte-parole.

Pour le Palika, l’accord en cours de construction ne pourrait aboutir que sur un statut transitoire, étape préparatoire vers l’émancipation. Il serait question d’une « souveraineté partagée » avec de nouveaux transferts de compétences avant la mise en place d’une « indépendance-partenariat ». « La seule trajectoire viable pour le pays, c’est la pleine souveraineté, on ne va discuter que de ça », insiste Judickael Selefen. Le Palika, avec l’Union progressiste mélanésienne (UPM) au sein de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI), a commenté en ce sens le document de l’État esquissant un accord institutionnel. Le texte, jugé au départ « inacceptable », aurait été largement amendé. « Dans les discussions avec l’État, on considère que ça avance. Même si le document n’est pas conforme à ce qu’on voudrait, nous discutons pour aboutir au projet que l’on porte », poursuit le porte-parole.

Le Palika insiste sur l’importance de l’Accord de Nouméa, « accord- plancher » pour préparer l’avenir du territoire sur lequel il ne faut pas revenir. « Les récentes déclarations des uns et des autres nous montrent bien qu’ils ne sont pas inscrits dans une perspective d’accord, parce qu’ils campent sur des positions en deçà de l’Accord de Nouméa », reproche Judickael Selefen. Le délai de 50 ans pour exercer à nouveau le droit à l’autodétermination n’est pas non plus envisageable. Sur la question de la citoyenneté, le parti souligne la volonté commune de ne plus l’adosser à la liste électorale. « Il faut élargir, lui donner du contenu. Globalement, tout le monde s’entend pour le dire. » Reste à s’entendre sur les modalités en discutant ensemble.

REVENIR À LA TABLE

Les appels du pied se sont justement multipliés pour rappeler à l’ordre les « camarades » indépendantistes qui ne participent plus au processus. « Le FLNKS n’a pas dit qu’on sortait des discussions, insiste Judickael Selefen. On les appelle à revenir pour aller au bout du mandat donné par le front. » L’Union calédonienne avait décidé en septembre de suspendre sa participation jusqu’à son congrès annuel. Ce dernier se tient à l’île des Pins, du 9 au 12 novembre. Dans la foulée de son rassemblement, le plus vieux parti politique pourrait revenir à la table, selon « l’esprit de dialogue » qu’il revendique. Il apporterait alors ses propres contre-propositions sur le document de l’État que ses élus avaient largement appelé à « martyriser ».

Brice Bacquet

Les indépendantistes du Congrès discutent avec Calédonie ensemble

L’appel au dialogue de Philippe Gomès, Philippe Michel et Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble) a reçu l’oreille attentive de l’UNI et de l’UC-FLNKS et Nationalistes. Les trois groupes du Congrès se sont rencontrés séparément pour évoquer l’avenir institutionnel du territoire.

Pierre-Chanel Tutugoro (UC-FLNKS et Nationalistes) a été le premier à répondre à la lettre adressée à tous les partis politiques de l’hémicycle. « Nous n’avons pas nié nos divergences sur ces différents sujets. Mais nous avons pris le temps de l’échange, de la confrontation des idées », écrivent Calédonie ensemble et UC-FLNKS dans un communiqué du 2 novembre. Il a été question des « sujets structurants » du futur accord : « poursuite de la trajectoire d’émancipation », identité commune, citoyenneté, institutions et droit à l’autodétermination.

Jean-Pierre Djaïwé, Adolphe Digoué et Victor Tutugoro (UNI) ont fait la même démarche. Un second communiqué, publié le 3 novembre, met en avant les « convergences » plutôt que les « divergences » entre Calédonie ensemble et l’UNI, après plusieurs heures de discussion autour des mêmes questions. « Nous avons décidé [d’approfondir les convergences] pour qu’elles puissent nourrir un nouvel accord consensuel dans le respect des convictions de chacun », indiquent les deux groupes. De nouvelles rencontres sont programmées.