Le Medef-NC demande plus de souplesse

Le 31 juillet, le Medef-NC a tenu une conférence de presse afin d’alerter sur la situation des entreprises et plus précisément sur la question des investissements. Le mouvement patronal demande davantage de souplesse de la part des collectivités ainsi que des aménagements pour permettre de sauver des secteurs économiques en grande difficulté.

Après la Fédération du BTP, c’est au tour du Medef-NC de tirer la sonnette d’alarme sur la situation économique de certains secteurs d’activité. L’organisation patronale demande davantage de souplesse afin d’aider les entreprises à surmonter cette période de crise qui pourrait bien durer plus longtemps que prévu. Le récent confinement et autres mesures visant à éviter la propagation de l’épidémie de Covid-19 ne sont pas forcément encourageants. Le Medef-NC attire l’attention sur une problématique peu voire pas du tout prise en compte par les pouvoirs publics et qui n’est pourtant pas anecdotique.

Les patrons s’inquiètent pour ces entreprises qui maintiennent des investissements afin de préserver, voire développer leurs activités. C’est par exemple le cas de sociétés de transport comme Aircalin, qui était en plein renouvellement de sa flotte. Le Medef-NC fait ainsi la liste des difficultés auxquelles peuvent être confrontées ces entreprises comme la révision voire l’annulation des crédits par les banques alors que les études ont déjà été financées. Dans ce contexte un peu particulier, les banques peuvent également demander davantage de fonds propres afin de réduire leurs risques.

Une attention particulière à la défiscalisation

Face à ces constats, le mouvement patronal propose que des mesures soient prises : conditions d’intervention des sociétés de capital investissement ou de la BPI, plus favorable et plus rapide, transformation du prêt garanti par l’État en prêt à long terme à des conditions avantageuses pour les entreprises. Le Medef-NC préconise, enfin, que l’administration accélère le traitement des dossiers. De la même façon, le mouvement demande à ce que l’ensemble des partenaires, qu’il s’agisse des banques, des organismes de participation en fonds propres, du gouvernement ou des services de l’État, fassent preuve de souplesse et de réactivité.

Si certaines entreprises continuent d’investir, d’autres peinent désormais à trouver des investisseurs en défiscalisation, un levier économique pourtant essentiel. C’est le cas de l’aérien et plus généralement du secteur touristique à destination d’une clientèle internationale. Le Medef-NC souhaite que les critères de remise en cause soient assouplis temporairement, au moins le temps de la crise.

L’idée est aussi de garantir le risque pour ces investisseurs et de réaffirmer la stabilité du modèle économique à long terme. Un point qui pose question quant à l’avenir du tourisme. Si l’on peut penser que la situation retrouvera à terme une certaine normalité, de nombreux experts estiment que le tourisme sera amené à subir de profondes transformations dans les années à venir, en raison du Covid-19 ainsi que du réchauffement climatique.

L’organisation patronale encourage les responsables politiques à se pencher sur les difficultés rencontrées par les entreprises pour réaliser leurs programmes d’investissement dans les délais prévus. Les conséquences de la crise sanitaire sur le transport aérien et maritime ont considérablement limité les possibilités de déplacement des personnes, y compris les professionnels, et l’acheminement des marchandises. Le Medef-NC cite l’exemple de la société minière SMGM, qui a commandé des chalands pour transporter du minerai. Les délais de livraison ne pouvant être tenus, les répercussions sur la société risquent d’être importantes.

Autre exemple, une plateforme spécialisée dans la logistique est actuellement en cours de réalisation et nécessite la venue d’experts pendant au moins 30 jours. À cette durée, il convient d’ajouter la quatorzaine. Si le gouvernement prend en charge les coûts de cette quarantaine, il n’en reste pas moins que les entreprises calédoniennes devront rémunérer ce personnel immobilisé, pour peu que les sociétés extérieures acceptent d’envoyer leurs spécialistes.

Des contraintes administratives qui pèsent

Là encore, le Medef réclame plus de souplesse sur les délais administratifs. C’est tout particulièrement le cas sur les mesures sanitaires concernant des techniciens spécialisés. Pour étudier ces situations au cas par cas, la fédération propose la création d’une cellule dédiée. Elle aurait le pouvoir de « déroger de manière légale aux contraintes administratives trop fortes durant la période de crise ». Un dernier point qui pourrait être difficile à mettre en œuvre. La question des quarantaines est particulièrement sensible. On l’a encore vu avec l’arrivée de 73 travailleurs chinois pour le démantèlement du Kea Trader. Alors qu’il n’a aucune possibilité de descendre à terre durant son séjour, l’équipage est tout de même soumis à une quatorzaine à l’hôtel.

Pour le Medef-NC, ces propositions visent non pas à donner un coup de pouce aux entreprises, mais tout bonnement à contribuer à leur survie et au maintien des emplois. Si l’on ne dispose pas encore de chiffres précis sur l’évolution du chômage, ces derniers ne devraient pas être bons et les conséquences ne seront pas anodines pour les finances publiques. Hausse des dépenses, baisses de recettes fiscales vont inéluctablement marquer 202 qui sera, à coup sûr, une année particulièrement difficile.

M.D.