Le Grand Prix du gouvernement, joyau calédonien

La cinquième édition de la Classique s’est déroulée, samedi dernier, à l’hippodrome de Nouméa. Une course encore jeune, mais qui tend à s’inscrire comme l’un des plus grands rendez-vous de la saison.

Chaque année, c’est une ambiance bien particulière qui règne dans les travées de l’hippodrome lors de la réunion du Grand Prix du gouvernement. Le public et les socioprofessionnels sont sur leur trente et un et on trinque sur les petites tables, installées sur le gravier de la place. Ambiance spéciale, parce que c’est la dernière réunion de l’année, celle qui annonce une pause de près de cinq mois avant le retour des courses. Et puis, elle est en nocturne, ce qui donne une atmosphère forcément différente des autres réunions, en journée. Mais passé le folklore, cette réunion terminale a aussi un intérêt énorme pour toute la filière équine, des éleveurs aux parieurs, en passant par les jockeys, les propriétaires et les entraîneurs.

L’explication tient en 1 800 mètres : le GP du gouvernement. « Quand on a créé cet événement en 2015, l’objectif, c’était de mettre en place un grand rendez-vous en fin de saison, explique Nicolas Schneider, de la Société des courses hippiques de La Foa (SCHLF) qui organise l’événement à Nouméa. Cette création fait suite à l’arrivée du PMU sur le territoire au même moment. C’était un moyen de redistribution aux éleveurs. » Car l’enjeu financier est de taille avec une dotation de quatre millions de francs, dont deux pour le vainqueur. De quoi en faire, dès le départ, la course la mieux dotée du territoire. Loin devant les deux millions de la Bourail Cup et des deux millions et demi de la Casinos Coupe Clarke.

Importés vs. locaux

L’autre particularité du Grand Prix du gouvernement, ce sont ses conditions de course. Contrairement aux autres classiques de rang C1, les plus importantes de l’année, il est ouvert aux montures importées. « C’était une manière de mettre en valeur l’élevage local, commente Nicolas Schneider. Et avec une dotation élevée, on attire aussi les chevaux de l’extérieur. » Une course complète qui ne séduit pas, dans un premier temps. Les éditions 2015 et 2016 voient la victoire de Rose of Falkirk, jument néo-zélandaise, et les meilleures montures locales sont moins présentes, face à une concurrence extérieure jugée déséquilibrée. Oui, mais voilà, l’édition 2017 change la donne avec la victoire de Magistral of Amick devant Sweet’As, deux produits de l’élevage calédonien. Le Grand Prix décroche alors ses lettres de noblesse.

Visibilité et paris

Mais l’organisation a connu un coup dur cette année. Contrairement aux éditions précédentes, il n’y a pas eu de retransmission en direct sur la chaîne Equidia, ni d’ouverture aux paris hors territoire. Un gros manque à gagner. « Pour donner un ordre d’idée, la Coupe Clarke peut atteindre deux millions de mises, explique Nicolas Schneider. Avec le GP du gouvernement, on était à 60 millions grâce aux parieurs du monde entier… » Autre dommage collatéral, le manque de visibilité. « Cette course est une vitrine et permet de faire venir des jockeys, mais aussi des touristes. Cette année, il y a eu des package vendu en Nouvelle- Zélande et une vingtaine de personnes ont fait le déplacement. » Ce sera alors tout l’enjeu des discussions avec le PMU : redonner à la course et à deux autres de la réunion leur visibilité. Histoire d’inscrire encore un peu plus le rendez-vous en Nouvelle-Calédonie et dans la région.

A.B.