Le FLNKS a dévoilé ses priorités pour 2021

Faire de l’usine du Sud une usine pays, poursuivre la politique de la chaise vide dans les discussions Leprédour pour faire pression sur l’État et déclencher au plus vite la demande du troisième référendum, ce sont les axes de la stratégie du FLNKS pour les mois à venir.

Empêcher la revente de l’usine à Prony Resources, c’est la priorité du FLNKS pour cette année. À cette fin, le front indépendantiste assume une stratégie d’étranglement contrôlé de la SLN, histoire de faire pression sur l’État. Pour Pierre Chanel Tutugoro, cette stratégie n’est ni plus ni moins que « des éléments de pression. Ce sont des petits moyens de pression qu’on utilise pour faire en sorte que nos discussions à certains niveaux puissent avancer ». Une action politique qui indigne les Loyalistes, mais aussi les représentations patronales.

Discussions bilatérales

Le FLNKS, qui se détourne des tables rondes Leprédour, poursuit pourtant des discussions uniquement avec l’État sur le dossier de l’usine du Sud. Il semblerait d’ailleurs qu’une solution transitoire soit étudiée, d’après les indépendantistes. Mais on n’en sait pas plus, Pierre Chanel Tutugoro indique juste qu’il y a eu des entretiens en visioconférence avec le ministre des Outre-mer. Des entretiens qui ont abouti à un courrier du FLNKS avec les différentes hypothèses qui devraient « permettre à tout le monde, et surtout au pays, de sortir par le haut de cette affaire de la vente des 95 % de Vale ». L’autre niveau des discussions, c’est avec Vale Canada directement, un premier contact ayant eu lieu. Concernant Vale, justement, le FLNKS a renouvelé sa demande auprès de l’État de l’envoi d’une mission d’experts chargés d’évaluer la qualité et les risques environnementaux liés à l’usine du Sud et notamment au barrage de retenue des résidus.

Troisième consultation

Sur ce point, rien n’a changé du fait de l’absence aux discussions Leprédour. Les indépendantistes confirment en tous points leur volonté de demander le troisième référendum. Mais pour aller plus loin, les bruits de couloir précisent qu’ils voudraient que le scrutin se déroule le plus vite possible, pour ne pas qu’il soit décalé après l’élection présidentielle et ainsi éviter le risque d’une victoire du Rassemblement national.


L’interpatronale consternée par les déclarations du FLNKS

Dans un communiqué, la CPME-NC, le Medef-NC et l’U2P-NC regroupés en interpatronale se disent sidérés par les déclarations du FLNKS qui revendique les blocages miniers comme un instrument de pression politique sur l’État et sur Vale. Pour les trois principales organisations patronales, « la prise en otage assumée par une organisation politique d’un outil productif essentiel à l’économie du territoire, dans le but d’obtenir des contreparties de l’État dans une logique de chantage, constitue un acte d’une gravité exceptionnelle, qui ruine la confiance que devraient pouvoir avoir les entrepreneurs et investisseurs de notre pays dans leurs institutions et ceux qui les dirigent. » Pour l’interpatronale, « ces agissements conduisent concrètement à la mise au chômage de centaines de salariés, faisant payer un lourd tribut aux familles concernées, mais également aux comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie et, par conséquent, à ses contribuables au premier rang desquels ses entreprises, déjà nombreuses à être asphyxiées par des mois de crise ». Et de poursuivre : « Par ces actions irresponsables, c’est l’avenir même de la SLN qui est menacé et l’équilibre économique de notre territoire. » Les trois organisations rappellent que la SLN et Vale- NC représentent près de 4 000 emplois directs et plus de 11 000 emplois de sous-traitance, soit 15 000 emplois sur les 64 000 que compte le secteur privé.


Les Loyalistes en appellent à l’État

Toujours en réaction aux propos tenus par le FLNKS, les Loyalistes ont estimé dans un communiqué « qu’il n’est plus possible de laisser le FLNKS, faire courir au pays un risque terrible de troubles sociaux, politiques et ethniques par ses agissements irresponsables, inconsidérés et dangereux ». Ils assurent qu’ils ne laisseront pas le FLNKS et les organes indépendantistes qui lui sont liés « agir impunément à cette destruction organisée. Nous en appelons à l’État pour qu’il crée, par tous les moyens possibles, les voies et moyens du retour à la raison et au dialogue et nous l’assurons de notre soutien plein et entier dans cette tâche ».

D.P.

©C.M. DNC