Le dossier médical partagé pour bientôt ?

Le dossier médical partagé ou DMP a été lancé officiellement début novembre en Métropole. Les autorités ont l’intention de le généraliser à l’ensemble des Français d’ici les prochains mois. Véritable révolution dans le monde de la santé publique, qu’en est-il pour la Nouvelle-Calédonie ? La réponse se trouve entre deux lignes de l’axe II du plan Do Kamo, dans le chapitre « Construire une nouvelle gouvernance du système de santé calédonien ».

Qu’est-ce que le dossier médical partagé ? Non obligatoire, gratuit, confidentiel et sécurisé, il s’agit d’un carnet de santé informatique qui conserve toutes les informations relatives à la santé du patient, et ce, depuis sa naissance. À l’intérieur, on retrouve notamment son historique de soins, ses antécédents médicaux comme les allergies, ses résultats d’examens ou encore les coordonnées de proches à contacter en cas d’urgence. Selon les pays où il est en train d’être généralisé (lire encadré ci-dessous), le patient peut décider de partager ou non ces informations avec son médecin traitant, une infirmière ou encore un pharmacien.

Les avantages

Pour le personnel médical, il s’agit d’avoir accès très facilement, depuis son smartphone par exemple, au dossier médical des patients pour améliorer les soins prodigués, éviter les interactions médicamenteuses dangereuses ou les actes redondants et inutiles et, bien évidemment, faciliter la coopération entre professionnels de santé. En Métropole, outre le partage de ses informations médicales, le patient peut bloquer les professionnels de son choix, ajouter ou masquer certains documents ou supprimer son DMP s’il le souhaite. Les données seront, quant à elles, conservées pendant dix ans.

Une mise en place difficile

Testé depuis deux ans dans neuf départements, il existe actuellement plus de 1,2 million de dossiers médicaux partagés en France. Le 8 novembre dernier, Agnès Buzyn a invité tous les Français à créer leur carnet en ligne sur l’application mobile et le site dédié. Pour la ministre des Solidarités et de la Santé, « le virage numérique en santé doit avoir comme objectif essentiel de repositionner l’usager comme premier bénéficiaire des services numériques en santé en lui donnant les moyens d’être vraiment acteur de sa santé (…), le dossier médical partagé se présente notamment comme une réponse efficace à une anomalie constatée depuis très longtemps, les Français ne disposent pas de l’historique de leur dossier médical. Cette situation engendre des pertes de temps, d’informations et parfois même de chances pour les patients ». Et pourtant le DMP, institué par une loi de 2004, a mis du temps à voir le jour. Il a fallu trouver notamment un consensus entre les patients et le corps médical, puis un opérateur dont la légitimité est incontestable, la Sécurité sociale assurant tout ce qui touche à la confidentialité des données.

Qu’en est-il pour la Calédonie ?

En Nouvelle-Calédonie, les informations concernant les personnes et leur santé, les actes dont elles bénéficient et les praticiens qui les accompagnent sont classés et conservés indépendamment par les différents acteurs de santé. À ce jour, ces informations, parcellaires, ne sont pas partagées entre les différents intervenants de santé, ce qui rend difficile le suivi du patient. « Cela génère aussi des répétitions d’actes, facteurs de dépenses inutiles », précise le gouvernement qui planche sur le dossier du DMP et en fait état dans son dernier projet de loi du plan Do Kamo, dans l’axe II, dans le chapitre « Construire une nouvelle gouvernance du système de santé calédonien ».

Pour le gouvernement, créer le dossier médical partagé évitera la réalisation d’actes redondants et améliorera le suivi du patient, grâce à l’interopérabilité des systèmes d’information sécurisés et la mise en commun des dossiers. Le DMP, attribué à chaque Calédonien dès sa naissance, sera sa propriété, précise le texte. Il sera alimenté par des éléments significatifs de son parcours de santé tout au long de sa vie. Il comprendra l’ensemble des informations utiles à un praticien lorsqu’il doit prescrire des médicaments ou des examens, poser un diagnostic ou recommander une orientation à l’un de ses patients.

Pour quand ?

Si le dossier médical partagé fait partie de l’une des 86 mesures du dernier projet de loi du plan Do Kamo, qui doit encore être délibéré et adopté, ne l’oublions pas, dans son ensemble par le Congrès avec son contenu et ses modalités de fonctionnement, le gouvernement espère le mettre en place d’ici 2021. Reste, tout comme en Métropole, une fois le consensus des élus du boulevard Vauban trouvé, à présenter un dossier qui trouve l’adhésion des patients et du corps médical, mais aussi l’opérateur numérique unique dont la légitimité sera incontestable pour assurer tout ce qui touche à la con dentialité des données. Il a fallu 14 ans à la Métropole, combien de temps faudra-t-il à la Calédonie, même si volonté il y a ?


Le DMP  dans d’autres pays

La grande majorité des pays industrialisés ont passé le virage du dossier médical partagé ou sont en train de le faire. Si en Allemagne, une carte de santé électronique existe depuis 2011, en Belgique on parle de dossier médical global. Mais c’est l’Espagne qui a été l’un des premiers pays à lancer une plateforme numérique en matière de partage de dossiers médicaux en 2009. Aux États-Unis, une loi appelée « HITECH » encourage, depuis 2012, la généralisation des dossiers électroniques. En n, en Australie, le DMP, baptisé « Personnaly Controlled Electronic Health Record » existe depuis 2012, et permet aux patients de créer eux-mêmes leur dossier médical. Ensuite, le patient décide à tout moment qui accède à son dossier ou non.

C.S