Le Conservatoire, plus vivant que jamais

Les difficultés financières n’entament pas la résolution de l’établissement d’être un acteur de la vie culturelle. Chant, danse, musique classique, jazz, retour des invités internationaux, etc. Le point sur la saison à venir et les nouveautés proposées.

 

Sous le signe de la danse

Pascale Doniguian, directrice du Conservatoire de musique et de danse, a présenté la saison Île de lumière jeudi 24 février, avec une « envie forte d’être à nouveau présent sur la scène musicale et artistique du pays », après une année amputée de plusieurs représentations. Dix spectacles portés par les enseignants sont au menu d’un programme varié, même si l’accent est mis, après le piano et la trompette l’an dernier, sur la danse, à l’honneur avec trois soirées dédiées. Les deux premières, en juillet, autour d’une création inspirée du film d’animation Azur et Asmar. Le ballet se déroulera au centre Tjibaou, la scène du Conservatoire étant trop petite pour accueillir les quelque 170 élèves de l’antenne de danse de N’Géa. En août, place au jeune ballet du Conservatoire, créé cette année « afin de présenter le travail des jeunes danseuses les plus avancées », indique Pascale Doniguian.

Les autres productions mêlent chant lyrique, jazz, danse, musique classique, chefs d’œuvre russes et anglais, chants océaniens, etc. « On essaie de varier les disciplines pour le public, de surprendre et de faire plaisir, tout en mettant en avant les talents calédoniens. » La saison s’ouvre le 18 mars avec Mécanique d’un monde, une fresque sympho-rock de danse et de musique en quatre actes, jouée en 2021 à guichets fermés.

 

Le retour des invités internationaux

Même s’ils sont peu nombreux, les invités internationaux reviennent. En juillet, le Conservatoire accueille une compagnie de danse originaire de Savoie puis, en octobre, le pianiste arrangeur et compositeur Erik Berchot, qui a accompagné Michel Legrand et Charles Aznavour, pour deux concerts, dont la première partie sera consacrée à Frédéric Chopin. « C’est une chance d’avoir un artiste de cette pointure ici, c’est une pure pépite. »

André Manoukian est également attendu sur la scène de l’établissement pour un récital produit par Musical Production. Le pianiste de jazz est connu du grand public pour sa participation à la Nouvelle Star sur M6, ses collaborations auprès d’artistes (dont Liane Foly) et ses chroniques musicales sur France Inter. « C’est un grand interprète de l’histoire de la musique avec une spécificité, il raconte et dit l’histoire comme on l’a rarement entendue. Cela fait trois fois qu’on l’attend, on espère qu’il sera là fin novembre. »

 

MAO, ukulélé, danse adultes, cors… les nouveautés

Le Conservatoire ouvre une section MAO, musique assistée par ordinateur, plusieurs classes de ukulélé (« il y a eu un franc succès au moment du lancement l’an dernier et on étoffe l’offre », précise Pascale Doniguian), une classe de cors et des cours de danse pour adultes le midi et le soir ainsi que de l’initiation pour les enfants à partir de 4 ans. La formation musicale pour les personnes ayant des troubles Dys est étendue et de nouveaux enseignants en clarinette, violoncelle, saxophone et musiques actuelles (destinées notamment aux chanteurs amateurs) rejoignent l’équipe.

Par ailleurs, l’établissement intervient dans les écoles et les collèges à travers la mise en place d’orchestres. Dix sont développés cette année à Houaïlou, Bourail, Dumbéa et Nouméa. Et le Conservatoire participe au projet municipal Music’Lab, la nouvelle maison de musique de la Vallée-du-Tir, en y dispensant un enseignement percussions et voix.

 

Toujours moins de subventions

La situation financière de l’institution, en difficulté depuis plusieurs années, ne s’arrange pas. Les subventions continuent de diminuer. « Nous allons subir des baisses de financements provinciaux et nous sommes en train de trouver un équilibre avec le gouvernement et les communes afin que la plupart des antennes ne soient pas trop touchées », explique Pascale Doniguian.

Elles sont au nombre de huit : Dumbéa, Mont-Dore, Païta, La Foa et Bourail dans le Sud, Koné, Koumac et Poindimié dans le Nord. « Nous faisons tout pour que l’enseignement continue d’être le plus largement assuré sur l’ensemble du territoire, poursuit la directrice, ce qui n’est pas simple parce que ce n’est pas une priorité dans le contexte économique actuel. » Pourtant, « il y a de l’engouement pour cet apprentissage, il y a des listes d’attente à Bourail et au Mont-Dore, par exemple ».

Si les tarifs ont augmenté en 2020, ce n’est pas envisagé cette année, sauf en Brousse. « L’objectif est de procéder à un réajustement, nous allons peut-être revaloriser les prix de quelques centaines de francs parce qu’ils sont vraiment très bas », pointe Pascale Doniguian. En revanche, une hausse n’est pas exclue à la rentrée prochaine.

 

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P.)