Le comité des Sages, gardien des bonnes pratiques

À l’aube du troisième référendum, le comité des Sages a appelé à un débat public exemplaire et apaisé. Il souhaite aussi que le scrutin se passe dans de meilleures conditions qu’en 2020. Et prévient qu’il jouera son rôle de veille.

Créé avant le premier référendum de 2018 à l’initiative de l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, le comité des Sages s’est rappelé au bon souvenir des Calédoniens. Il ne s’était pas prononcé publiquement depuis les incidents relatifs à l’usine du Sud en début d’année. Ces derniers compromettant sérieusement la paix civile.

Composé de douze personnalités publiques respectées, d’horizons différents, comme le père Rock Apikaoua, Jean-Pierre Aïfa, Jean-Lèques Marie-Claude Tjibaou ou encore Élie Poigoune et Anne-Marie Mestre représentant une certaine autorité morale, le comité se tient prêt pour le troisième référendum.

Campagne et scrutin 

Les sages veilleront encore à ce que les propos de la campagne électorale émanant à la fois des politiques et de la société civile, en particulier sur les réseaux sociaux, « ne viennent pas blesser la société calédonienne », ses valeurs, celles qui sont liées à civilisation kanak ou qui s’enracinent dans l’héritage des religions, de l’Accord de Nouméa. Et il s’agira aussi de s’intéresser aux conditions même du scrutin-, explique le président, Jean-Pierre Flotat. « La campagne du deuxième a été moins difficile, mais le scrutin a été plus tendu. Ce que l’on souhaite c’est à la fois une campagne et un scrutin apaisés. Que tout le monde puisse s’exprimer de manière légitime sans contrainte et sans pression. »

Pas d’autre issue que la négociation

Outre cette fonction de veille ponctuelle, le comité des Sages a mené un travail assidu quoique assez discret. Des rencontres ont été organisées avec la plupart des partis politiques, les envoyés spéciaux de l’ONU, les représentants des différentes communautés du territoire, les coutumiers, les associations. Il a par ailleurs été étroitement associé à l’élaboration de la mission d’écoute profonde menée par l’institut Quid Novi à la demande de l’État. Il s’est impliqué dans l’élaboration du questionnaire et la présentation du résultat du sondage. « J’ai retenu de cette enquête que tout le monde veut vivre ici et l’importance de tisser des liens entre les communautés. Nous serons tous ici au lendemain du 12 décembre », souligne Marie-Claude Tjibaou.

Les Sages ont aussi noté auprès de la société civile « une volonté commune de mettre en place le vivre ensemble » mais aussi « une grande défiance vis-à-vis de la politique ». « Beaucoup pensent que nos élus ne sont pas à la hauteur des enjeux », ajoute Jean-Pierre Flotat.

Pour l’après-référendum, le comité des Sages estime qu’un dialogue ouvert et constructif est nécessaire pour bâtir un projet commun et consensuel dans lequel chaque citoyen pourra trouver sa place et que chaque camp devra intégrer dans ses réflexions les aspirations de l’autre. Ses membres estiment qu’il n’y a « pas d’autre issue que la négociation, la voie de la consultation référendaire ayant démontré ses limites, tant dans son objectif que dans sa répétition, et ses dérives, par la mise en évidence de deux blocs ethniques politiques et géographiques ».


Jeunesse

Le comité poursuit aussi son programme de rencontres avec la jeunesse, dans les lycées de la Grande Terre, à l’université, au RSMA et certains collèges avec le soutien du vice-rectorat. Les établissements peuvent les solliciter.

Ses membres, qui pour beaucoup ont connu les heures sombres de la Nouvelle-Calédonie, s’attachent à les sensibiliser aux enjeux du référendum, à l’histoire des années 80. « Une histoire qu’ils ne se sont pas appropriée et sur laquelle ils n’ont pas beaucoup d’interlocuteurs, considère Anne-Marie Mestre, qui note néanmoins, « même chez les plus jeunes, en collège, une quête pour comprendre ». Ce manque de connaissance de l’histoire politique récente par les jeunes avait été porté à l’attention du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, et un travail a été fait sur les cours d’histoire.

C.M.

©C.M.

Photo : Le comité des Sages a accueilli de nouveaux membres, Marie-José Michel, ancienne consule honoraire du Japon, ou encore le diacre Nisié Filitoga. Il est présidé actuellement par Jean-Pierre Flotat avec une présidence honoraire pour Jean Lèques.