Le budget de la discorde

L’examen du budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie crée des tensions. Une nouvelle fois, Calédonie ensemble s’est donné à la critique avançant un manque de collégialité. L’Avenir en confiance a répliqué, accusant le parti de Philippe Gomès d’avoir triché sur les montants. On parle ici de milliards !

Le dossier fait parler. Il suffit de voir les multiples posts sur la toile, allant jusqu’à indiquer que Calédonie ensemble continue de tout faire pour se saborder. Trop, c’est trop pour les Calédoniens qui ne sont plus dupes.
Depuis plus d’une quinzaine de jours maintenant, l’examen du budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie est repoussé. La semaine dernière, c’était les élus indépendantistes, du gouvernement, et Philippe Germain, de Calédonie ensemble, qui l’ont retoqué. Pourquoi ? CE reprochait à l’Avenir en confiance de vouloir équilibrer le budget supplémentaire par le biais du budget de répartition, celui qui concerne l’argent reversé aux collectivités (communes et provinces).

Pour Calédonie ensemble, l’Avenir en confiance veut tout simplement faire un cadeau de 4 milliards aux entreprises, « au détriment des collectivités et des Calédoniens plus fragiles ». Les membres du parti avancent que le gouvernement veut combler les 8 milliards qui manquent au budget en raison d’une TGC moins rentable que prévu, alors même que la baisse de rendement de la taxe épargnerait les établissements publics dont la plupart sont en situation financière équilibrée, voire confortable. Calédonie ensemble, par voie de communiqué et interventions dans les médias, dénonce, enfin, un manque de collégialité de la part du président du gouvernement, Thierry Santa. En résumé, pour Calédonie ensemble, ce budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie creuse ainsi les inégalités, « ce qui va favoriser la revendication indépendantiste. »

Retour à l’envoyeur

L’Avenir en confiance, ne pouvant laisser passer ces points de vue irréalistes de ceux- là mêmes qui ont plongé la Calédonie dans la situation économique dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, n’a pas tardé à répondre. Par voie de communiqué, tout d’abord, et par une réponse, ensuite, sur RRB du président du gouvernement, Thierry Santa. Pour l’AEC, le parti de Philippe Gomès s’acharne tout simplement à vouloir mener une politique de la terre brûlée en « tentant d’exister par la polémique et la provocation au détriment de l’intérêt général ».

Sur le manque de collégialité du projet de budget supplémentaire, Thierry Santa réfute cette idée. Pour lui, « c’est vraiment de la politique politicienne, parce qu’ils savent pertinemment que ce budget supplémentaire, tel qu’il a été préparé jusqu’à maintenant, a fait l’objet d’un certain nombre de concertations. On a eu plusieurs séances plénières de collégialité au cours desquelles ce dossier a été présenté et discuté. »

Sur les questions de chiffres, et plus particulièrement de la TGC, l’Avenir en confiance répond : « La vérité est simple : Calédonie ensemble a délibérément trompé les élus du Congrès avec une surestimation volontaire des recettes lors du budget primitif. Il manque aujourd’hui plus de 8 milliards qu’il faut rectifier au travers du budget supplémentaire. » Une somme qui ne laisse aucun Calédonien indifférent et qui démontre bien la gestion menée par CE pendant ces dernières années.

Sur l’accusation de Calédonie ensemble avançant que l’Avenir en confiance veut faire peser, sur le seul budget de répartition, le poids de la diminution de recettes de la TGC, pour faire « un cadeau de 4 milliards aux entreprises », l’AEC répond que le remboursement immédiat des stocks liés à l’instauration de la TGC « n’est rien de moins qu’une condition de survie pour de nombreux commerces et un enjeu fondamental de préservation des emplois ». Thierry Santa ajoutant : « Autant faire en sorte que ce soit davantage les collectivités, qui ont plus de marges de manœuvre, de prendre les mesures nécessaires pour équilibrer les budgets, malgré cette baisse de recette TGC. »

Enfin, pour l’Avenir en confiance, le véritable objectif des élus de Calédonie ensemble est donc aujourd’hui « d’attirer l’attention sur eux au détriment des enjeux cruciaux de la Nouvelle-Calédonie » et de préciser, comme lors des engagements pris avant même les provinciales, que l’Avenir en Confiance « ne se laissera pas détourner de sa volonté forte de rétablir les comptes publics, de relancer l’économie, de créer de nouveaux des emplois et d’agir au profit des Calédoniens ».

D.P.