Le BTP tourne à deux vitesses

Si la plupart des chantiers de Nouméa sont encore en activité, les opérations de BTP aux Loyauté ont toutes été arrêtées. En province Nord, l’activité a également été freinée. C’est un nouveau coup dur pour les entreprises dont le secteur est à l’agonie depuis plusieurs mois.

Le chantier du pont de Mouli est à l’arrêt, tout comme celui de l’aérogare de Lifou et de l’hôtel de luxe à Mou. Depuis le 6 septembre au soir, date de la découverte des premiers cas de Covid aux Loyauté et à Nouméa, plusieurs chantiers de construction ont été mis à l’arrêt. En province des Îles, les ouvriers ont repris l’avion le premier jour du confinement, le 7 septembre, à la demande des coutumiers et de l’institution. « Cette annonce nous a semblé logique. Nous avons de très bonnes relations avec les gens là-bas et nous avons rapidement compris l’intérêt de cette décision. En revanche, il y a encore du matériel comme des camions ou des foreuses sur place et nous pourrions rapidement en avoir besoin ici », explique Éric Lafitte, directeur d’Arbé, qui intervient sur l’important chantier du pont d’Ouvéa.

La société Tecbat a également dû stopper les travaux de la Maison de santé, à l’île des Pins. Comme ailleurs, les employés ont été mis en congé ou replacés sur d’autres chantiers en activité. « Nous sommes impactés à 25, 30 %, mais notre principale inquiétude n’est pas économique. On pense à nos employés et surtout à la suite », avance Pascal Spignese, cogérant de l’entreprise Tecbat. La situation pourrait toutefois s’améliorer dans les prochains jours. La province Sud a annoncé, vendredi 17 septembre, être en discussion pour la reprise « au plus vite » des chantiers. Elle milite également pour la remise en route de la construction du pont de Thio, actuellement en stand-by.

Les chantiers se poursuivent dans le Grand Nouméa

« La collectivité tient à apporter son soutien à l’économie et aux équipes mobilisées pour permettre la réalisation des chantiers », a rappelé, cette semaine, la Maison bleue, qui a engagé trois milliards de dépenses sur les quatre derniers mois de l’année. Les travaux de l’échangeur des Fraisiers de Païta et du centre commercial Kenu-In, la construction du cheminement piéton sur l’échangeur Bonaparte, la réparation du pont de l’échangeur Ziza-Zico, la réfection de la RP3 route de Yaté et de la route Madeleine-Capture desservant l’usine du Sud et la rénovation du pont Pernod sont donc maintenus, tout comme les opérations engagées dans les établissements du second degré. Dans le respect des gestes barrière, évidemment.

Même si les travailleurs du BTP sont habitués, après trois périodes de confinement, au port du masque et au respect des mesures de distanciation, cela complique terriblement le travail d’équipe. « Franchement, c’est très dur physiquement, reconnaît Michel Legrand, cogérant de Sotrater, une société d’une trentaine de salariés. Nous faisons tout pour faire respecter les règles, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. » Selon Silvio Pontoni, le président de la fédération du BTP, « une semaine après le début du confinement, environ 20 % de la masse salariale du BTP ne s’est pas présentée ». Le secteur, déjà en crise avant le confinement, se trouve encore plus fragilisé.

Virginie Grizon