Laurent Prévost entre en fonction

Le nouveau haut-commissaire de la République a pris ses fonctions lundi. Laurent Prévost aura la charge de représenter l’État dans la dernière ligne droite de l’accord de Nouméa, en organisant notamment les deux prochaines consultations. Il est aussi attendu en matière de sécurité et de soutien économique.

Contrairement à son prédécesseur Thierry Lataste, à qui il a rendu un hommage appuyé, Laurent Prévost ne connaît pas la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Calédonie ne connaît pas Laurent Prévost. Quelques échanges téléphoniques et une lecture assidue de « dossiers volumineux » constituent le bagage du haut fonctionnaire. De quoi avoir « conscience de prendre un relais dans un contexte personnel très différent ». Mais comme il le dit lui-même, « c’est dans notre ADN d’arriver dans des endroits que l’on ne connaît pas ».

D’emblée et simplement, Laurent Prévost a posé ses objectifs immédiats : les présentations avec tous ses interlocuteurs seront essentielles, et il souhaite qu’elles s’effectuent « très rapidement ». L’agenda des prochaines semaines sera donc bien rempli. On sait déjà que le haut-commissaire sera vendredi en province Nord et la semaine prochaine dans les Îles. Laurent Prévost le répète, il arrive dans une « posture d’écoute », de « modestie » qu’il juge primordiale, « ici peut-être plus qu’ailleurs », et l’ancien préfet « théorise » parfaitement que la Nouvelle-Calédonie n’est pas un département et que ses fonctions en tant que représentant de l’État seront bien différentes.

Continuité

Après une traditionnelle cérémonie d’honneurs militaires et de dépôt de gerbe organisée en son honneur lundi, le haut-commissaire a prononcé son premier discours dans sa nouvelle résidence devant les forces vives du territoire suivi d’une première prise de contact avec les médias. Tout en soulignant qu’il souhaitait prendre le temps de découvrir la Nouvelle-Calédonie « hors des bureaux » avant de s’exprimer plus longuement, Laurent Prévost a toutefois cerné un certain nombre d’enjeux évidents.

Sur la feuille de route de l’accord de Nouméa, il a ainsi promis de s’inscrire dans la continuité du travail fourni jusqu’ici par l’État et ses partenaires. Il a relevé que le premier référendum avait été organisé dans des conditions « saluées par tous » avec des moyens importants et la mise en œuvre de procédures très pointues. Et il s’est engagé, avec ses équipes, à ce que les prochaines consultations se tiennent dans d’aussi bonnes dispositions, « dans le même état d’esprit, dans le respect des procédures, dans l’écoute et l’apaisement ».

Il faudra avant cela – et dans un délai contraint – organiser le prochain Comité des signataires prévu dès la fin du mois de septembre. La prochaine consultation s’imposera comme sujet de discussion, mais il y en aura d’autres qu’il s’agira de faire émerger. Laurent Prévost s’est en tout cas voulu rassurant sur ce calendrier pour le moins serré. Le Premier ministre et ses collaborateurs n’ont pas attendu sa nomination pour préparer le terrain.

Attentes

D’autres sujets lui ont aussi paru « incontournables ». Laurent Prévost a ainsi relevé que l’État était attendu « de manière assez marquée sur ses compétences en matière de sécurité, dont beaucoup considèrent à juste titre qu’elle constitue la première de nos libertés ». Plusieurs élus, dont la présidente de la province Sud Sonia Backes, n’ont visiblement pas attendu son arrivée à Nouméa pour lui faire part des inquiétudes sérieuses en la matière. Le haut-commissaire a fait la distinction entre la lutte contre les trafics et les réseaux qui étaient une « réalité forte » dans son poste précédent, en banlieue parisienne, et les attentes locales davantage ciblées sur la sécurité du quotidien. Il a promis de se plonger rapidement dans le vif du sujet avec les élus, les forces de l’ordre, la justice et les acteurs de la prévention. Les problèmes relatifs à la jeunesse ont en particulier retenu son attention, sachant que cette thématique avait été choisie en Nouvelle- Calédonie, par large consensus, pour figurer au cœur des Assises des Outre-mer.

Laurent Prévost a intégré à cette dimension sécuritaire la préservation de nos espaces maritimes face aux pollutions et aux trafics, ou encore la stabilité de la zone indo-pacifique et océanienne autour de cet axe que le chef de l’État souhaite renforcer.

L’accompagnement de l’État sur les questions économiques et sociales, en particulier par le biais des contrats de développement, est également une préoccupation dans le contexte difficile que l’on connaît. Laurent Prévost souhaite entendre rapidement les priorités dégagées par les élus, vérifier comment les crédits sont utilisés, et si l’on atteint une « pleine efficacité ». On sait enfin que l’État est un interlocuteur privilégié dans le sauvetage attendu de la SLN, et l’on peut penser que Laurent Prévost sera sollicité sans attendre sur ce sujet brûlant qu’il n’a pour l’instant pas évoqué.


De préfet à haut-commissaire 

Laurent Prévost, 62 ans, est originaire de Boulogne-Billancourt. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’ENA (promotion Gambetta), il est d’abord directeur de cabinet et secrétaire général en préfecture (Var, Oise, Lozère, Martinique), puis directeur adjoint et directeur du cabinet du secrétaire d’État chargé de l’Outre-mer, conseiller chargé de l’Outre- mer auprès de la ministre de l’intérieur, de l’Outre-mer et des collectivités territoriales (Michèle Alliot-Marie). Il devient préfet de la Haute-Marne en 2009, puis de la Martinique en 2011. En 2014, il devient directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises à l’administration centrale du ministère de l’Intérieur et, en 2017, il est de nouveau nommé préfet du Val-de- Marne. Il est nommé haut-commissaire de la Nouvelle-Calédonie le 10 juillet en Conseil des ministres pour succéder à Thierry Lataste, appelé à d’autres fonctions après l’été en tant que conseiller d’État en service extraordinaire. Laurent Prévost sera accompagné dans une quinzaine de jours par son épouse Catherine et deux de leurs enfants.

C.M.