Lancement des négociations autour de l’usine du Sud

Une porte semble s’être entrouverte autour de l’usine du Sud. Le collectif « Usine du Sud = usine pays » (Usup) donnait des signes d’apaisement ces derniers jours. C’était notamment le cas du déblayage de la RP1 au niveau de la tribu de Saint-Louis, à l’occasion de la rentrée scolaire.

Si la situation a retrouvé un certain calme sur l’ensemble du territoire, ce n’est toutefois pas le cas du côté de l’usine du Sud. Ces derniers jours, Vale NC continuait de dénoncer des violences, également condamnées par le Syndicat des industries de la mine au travers d’un communiqué. Ainsi le 13 février, un groupe d’une vingtaine de personnes « cagoulées et armées a tenté de s’introduire sur la mine de Goro ». Une situation qui pose à nouveau la question de la structuration du mouvement Usup. Si certains dénoncent l’instrumentalisation des jeunes par les responsables du collectif, il se pourrait très bien que les personnes mettant la pression sur l’usine et la mine agissent par eux-mêmes.

Le collectif est composé d’une multitude de structures et tendances qui ne sont pas forcément toutes sur la même ligne. C’est en particulier le cas pour une partie de la population des tribus du Grand Sud et de l’île des Pins, très clairement opposée à l’usine et à la reprise d’activité. On a pu le voir le 3 décembre, à l’occasion de la table ronde organisée au haut-commissariat qui avait débouchée sur un accord aussitôt remis en cause. S’il n’y a encore aucun consensus sur les explications de cet échec, il se pourrait très bien qu’il soit le fruit du refus par les militants des concessions accordées par les responsables du collectif.

Depuis, la situation a quelque peu évolué comme en témoigne le comité Xârâacùù, de l’Union calédonienne, avec un communiqué, diffusé le 5 février, appelant « à la levée de toutes contraintes sur les sites miniers de la région ». Le délai accordé par Vale Toronto est un autre signe d’apaisement. Le passage dans les médias des responsables UC, tels que Jacques Lalié et Gilbert Tyuienon, mais aussi Sonia Backes, la présidente de la province Sud, prônant le débat et appelant à un accord, préfigurait la conférence de presse de l’Usup, le 16 février, au cours de laquelle Raphaël Mapou a indiqué que le collectif était prêt aux discussions et qu’il se donnait une quinzaine de jours pour définir un cadre de négociations.

Solliciter l’ONG Green Cross

Au cœur des discussions, on retrouve la question environnementale. Le collectif reprend une idée qui avait déjà été mise sur la table : le recours à une ONG afin de dresser un état des lieux environnemental de l’usine. L’Usup propose de solliciter Green Cross qui pourrait rendre un pré-rapport dans un délai de six semaines. L’ONG connaît bien la Nouvelle-Calédonie. À plusieurs reprises, Nicolas Imbert, son directeur, est venu sur le territoire à l’invitation de Roch Wamytan, le président du Congrès. Dès 2014, Green Cross avait par ailleurs mis sur la table 30 propositions pour commencer à répondre à l’urgence climatique. Un point sur lequel Vale NC a également communiqué ces derniers jours, dénonçant la circulation d’informations erronées concernant les conséquences environnementales de l’usine. Reste à savoir si le rapport de Green Cross mettra tout le monde d’accord.

L’autre élément central des discussions sera la stratégie industrielle retenue, à savoir la reprise de la raffinerie pour fabriquer un produit fini, directement utilisable pour la production de batteries ou la poursuite de la stratégie impulsée par Antonin Beurrier, le PDG de Vale NC, de se concentrer sur le NHC, produit intermédiaire. Plus symbolique enfin, le PDG de Vale, dont la personnalité a cristallisé les critiques, pourrait faire les frais de cette crise comme l’a notamment laissé entendre la présidente de la province Sud.

M.D.

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