Lanceleur, six mois pour une victoire

Au bout des 100 km du trail des Cagous, dimanche dernier, au parc de la rivière Bleue, Ludovic Lanceleur a décroché une nouvelle victoire de prestige. Un succès qui s’est construit au fil du temps, depuis le début de la saison.

Six mois avant

Au moment où il se lance sur le trail de la Rentrée, en février, à Boulari (Mont-Dore), Ludovic Lanceleur a déjà noté trois grands rendez-vous au calendrier. « J’avais comme objectif de courir trois ultra-trails : le trail des Cagous, l’UTNC et un trail en Australie. Donc mon début de saison était déjà tourné vers ces trois dates. Je devais enchaîner des petits trails comme le trail de la Rentrée ou le Sunset Trail pour me mettre en jambe pour la suite. J’ai commencé également à faire des gros entraînements pour me préparer. »

Quatre mois avant

Tout le programme de Ludovic Lanceleur s’écroule fin mars. Moment où les premiers cas de Covid-19 sont déclarés en Nouvelle- Calédonie et où le confinement est mis en place. « J’ai pu continuer à m’entraîner puisqu’on avait le droit de sortir une heure par jour et puis j’ai fait aussi beaucoup de séances de home-training à vélo. Comme je ne travaillais pas, je me suis finalement entraîné plus qu’habituellement. Il me manquait la grande distance, mais je me suis maintenu en forme. »

Six semaines avant

En avril, la fin du confinement sera vite suivie de la refonte du calendrier des trails et la confirmation que le trail des Cagous aura bien lieu. Ludovic Lanceleur décide de ne réaliser qu’une seule grande sortie, fin mai, pour se préparer. « Je suis parti du portail du parc de la rivière Bleue, de nuit, pour me mettre en condition. C’était un entraînement clef, j’ai tout misé dessus, car je savais que je ne pouvais pas en faire d’autres. Cela prend du temps et de l’énergie. Il faut pas mal de semaines pour récupérer. »

Une semaine avant

Dans la dernière ligne droite, celle des derniers jours avant le départ, tout semble normal dans le quotidien de Ludovic Lanceleur. « Si je fais attention à mon alimentation avant les trails courts pour essayer de m’affûter, ce n’est pas le cas pour les longues distances, où on risque vite la fringale. On part de nuit et avec le froid, alors il faut avoir des réserves pour tenir. J’ai donc fait le plein de glucides. J’ai mangé équilibré, mais en quantité. »

Deux jours avant

Rien ! « Si je me suis levé à 6 h pour emmener les enfants à l’école vendredi, on a tous fait la grasse matinée samedi. Puis durant ces deux jours précédant la course, je me suis forcé à me poser, faire des siestes pour accumuler un maximum d’énergie. Je pense que cela a bien marché puisque je n’ai pas été fatigué pendant la course. »

Le jour de la course

Quelques heures avant le départ, Ludovic Lanceleur se met dans sa bulle. « Je commence à me focaliser sur ma course au moment où je prépare mes affaires. Je mets dans le sac l’équipement obligatoire : une veste, un téléphone chargé, une couverture de survie, deux lampes frontales et deux litres d’eau. À 15 h 30, c’est bon, je suis dans ma bulle. Je ne veux pas être désagréable, mais je suis un peu plus distant. C’est ma façon de faire, je ne veux pas me disperser. »

Deux heures avant la course

S’il arrive deux heures avant sur le site du départ, pour vérifier une dernière fois le matériel, Ludovic Lanceleur optimise, malgré tout, chaque minute. « J’avais pris un matelas gonflable dans la voiture pour pouvoir me détendre jusqu’au dernier moment et ne pas rester dans le froid. Je voulais reculer le moment de l’effort. »

Le départ

« J’étais stressé, j’ai clairement manqué d’entraînement et ma préparation a été saccadée. Mais j’étais impatient, car j’attendais ça depuis un moment. J’ai tout de suite eu de bonnes sensations. J’étais bien, dans un rythme que j’aime. J’ai pu observer les autres, regarder comment ils couraient, toujours en étant dans ma bulle. Je suis resté dans un groupe un moment, sans m’enflammer. Il faut s’économiser sur tout. Tout effort superflu devient vite pénible. » La course va durer toute la nuit.

Le jour d’après

C’est finalement assez tôt, le dimanche matin, vers 9 h 15, que Ludovic Lanceleur passe la ligne d’arrivée au bout de 11 h 17 de course. L’occasion de profiter de tout son dimanche. « Je sais que je vais avoir un coup de barre. J’ai prévu une sieste, mais surtout un pique-nique avec ma femme et mes enfants, ici, dans le parc. » Presque comme s’il n’avait pas couru.

A.B.

©Photo action