La vaccination, sans épidémie, une « chance pour la Calédonie »

Sans nouveau cas positif depuis le 25 mars, la Nouvelle-Calédonie est en passe de redevenir Covid- Free. Le confinement de près de quatre semaines a une nouvelle fois prouvé son efficacité. Dans l’espoir de retrouver une vie « normale », la priorité est désormais à la vaccination du plus grand nombre.

Sortis du confinement vendredi, les Calédoniens peuvent à nouveau respirer. Mais à travers le masque, qui reste pour l’instant obligatoire dans les lieux publics et lors des rassemblements. Le président du gouvernement et le haut- commissaire ont annoncé la bonne nouvelle, jeudi dernier : le territoire serait libéré le lendemain, pour le week-end de Pâques. « Ces sacrifices que vous avez consentis ces dernières semaines, vos efforts […], tout cela a porté ses fruits », a déclaré Thierry Santa tout en saluant le « travail remarquable » de tous les agents de la Dass NC qui a permis d’identifier les clusters et d’orienter les autorités dans leurs choix.

Ouverture dans les règles

De nouvelles règles ont été présentées. Elles sont en vigueur jusqu’à dimanche, veille de rentrée scolaire. Pour résumer, toutes les activités économiques, sociales, de loisirs, de transport local ont pu reprendre, en appliquant le respect des gestes barrière, le port du masque obligatoire, la distanciation sociale. Les établissements culturels, religieux, de tourisme, les bars, restaurants, nakamals, salles de sport, centres aérés et crèches doivent, en plus des règles sanitaires, tenir un registre.

Cette période d’ouverture progressive doit permettre aux autorités de définir ou d’affiner différents protocoles pour un certain nombre de secteurs comme les commerces de biens, les coiffeurs, centres d’esthétique, restaurants, salles de sport qui permettront dans le futur, on l’espère, une activité même minime en cas de circulation limitée du virus.

Pour l’heure, les grands rassemblements de plus de 50 personnes en extérieur, les soirées festives sont interdits et les discothèques restent fermées. Il est, en effet, impossible dans ces contextes de tracer les personnes. Les vols internationaux doivent reprendre prochainement sans que l’on ait d’informations précises à ce sujet. On sait simplement que la quatorzaine demeurera en vigueur pour les arrivées de Métropole et elle sera mise en œuvre pour les arrivées de Wallis-et-Futuna. Sachant que les vols internationaux seront limités, au moins jusqu’au 30 octobre.

La vaccination est « notre arme »

Dans ce contexte Covid-Free quasiment retrouvé (deux personnes demeurent hospitalisées), le challenge sera de convaincre les Calédoniens du bien-fondé de la vaccination. Ils ont été nombreux, et c’est logique, à être volontaires lorsque les cas positifs se sont multipliés. La mise en place de 17 centres, la formation de 150 personnes ont permis d’atteindre l’objectif de 2 000 injections par jour que s’étaient fixé les autorités. Et après un léger fléchissement de la campagne, la semaine dernière, dans l’attente de nouvelles doses qui sont arrivées vendredi (5 360), la Calédonie a quasiment retrouvé cet objectif.

Les autorités espèrent pouvoir poursuivre à ce rythme pour recevoir les 9 000 doses promises par semaine et atteindre un total de 80 000 injections à la fin du mois. Mais la crainte du virus diminuant avec le déconfinement, le nombre d’appels sur les plateformes téléphoniques de prises de rendez-vous est en légère diminution.

Lors du point presse de mardi, le Dr Thierry de Greslan, président de la commission médicale du CHT, a fait une intervention pédagogique sur le sujet. Une intervention nécessaire alors que tout et son contraire circule sur les vaccins et que la communication s’était dernièrement plutôt concentrée sur les mesures pour contenir la propagation du virus.

Le médecin a rappelé la « chance » dans cette période « historique » d’être l’un des rares pays au monde à avoir commencé la vaccination avant même l’introduction du virus. De quoi faire pâlir d’envie même les Métropolitains dont on connaît les grandes difficultés pour se faire vacciner…

Tout en respectant « les croyances » des uns et des autres, il a insisté sur les excellents résultats du vaccin Pfizer, un vaccin à « haute technicité », « fiable » et « durable » sur un an au moins. « On a un recul colossal puisqu’on a eu plus de 433 millions de personnes qui ont été vaccinées, c’est énorme. Peu de médicaments ont été distribués à autant de sujets. »  Il a rappelé qu’une personne vaccinée était immunisée à 97 % sur les formes graves de la maladie, à 92 % sur les formes bénignes et était aussi moins symptomatiques et donc, moins contagieuse, en cas d’infection.

En Calédonie, comme ailleurs, très peu d’effets secondaires ont été enregistrés : trois réactions allergiques, des œdèmes de Quincke qui ont été surveillés. Les personnes à prédisposition allergique sont d’ailleurs vaccinées de préférence au Médipôle où il existe un protocole de prise en charge avec des consultations et des tests effectués par un dermatologue.

Les études montrent par ailleurs qu’un fort taux de vaccination permet de casser les chaînes de transmission et provoque un recul de la propagation. D’après le médecin, il faudrait atteindre 50 % de vaccination au minimum et 70 % dans l’idéal. Et de citer en exemple Israël (80 % de vaccination) ou plus près de chez nous, Tahiti, ou même Wallis-et-Futuna (50 %) où la vaccination progresse.

Pour lui, pas de doute, la vaccination « est notre arme » pour se protéger et espérer revivre normalement.


Les chiffres de la vaccination au 6 avril

• 24 679 primo injections

• 12 579 personnes vaccinées

• 37 258 injections au total depuis le 20 janvier


En préparation

Pour protéger nos entrées, le président du gouvernement avait promis un renforcement du sas sanitaire au niveau des vols, des zones aéroportuaires et des quatorzaines. Lors d’un point presse, le Dr Bellec, médecin de la Dass, avait néanmoins concédé qu’il y avait une réelle problématique sur les tests PCR à réaliser 72 heures avant le départ et pour lesquels des fraudes existent sans moyens de contrôle efficaces. De même que sur la distanciation dans les avions. La vaccination obligatoire pour les professionnels en première ligne n’a pour l’instant pas fait l’objet d’une proposition de loi par le gouvernement, preuve probablement que le consensus n’est pas encore trouvé.

Nous pourrions, en revanche, découvrir prochainement la présentation du dispositif d’alerte s’inspirant de la Nouvelle-Zélande pour répondre plus efficacement à différents niveaux de risque de circulation du virus sur le territoire. Cela permettrait d’éviter des confinements stricts à chaque nouvelle introduction.

Au niveau sanitaire, toujours, on sait enfin que les autorités visent désormais un dépistage plus important de la population via le réseau Sentinelle des médecins. Une expérimentation devait débuter pour permettre aux médecins de pratiquer des tests hors centres dédiés, en cabinet ou au domicile des patients. Si cette expérimentation fonctionne, elle pourrait être déployée à d’autres professionnels de santé.


Des masques « inclusifs » en cours d’acheminement

©masquesinclusifs.com 

L’obligation du port du masque ne rend pas la vie facile aux personnes sourdes et malentendantes et à leur entourage, qui ont besoin de la visibilité des expressions et des lèvres pour communiquer. La bonne nouvelle, c’est que la Nouvelle-Calédonie a commandé des masques « inclusifs » pour les personnes sourdes et malentendantes. Ils sont en cours d’acheminement.

Le monde associatif, et notamment l’association pour la surdité (APS), s’est également mobilisé pour
commander ce type de masques chez un fabricant de Toulouse et le gouvernement est intervenu pour faciliter leur livraison, en particulier pour la reprise scolaire. Le GIP UPH et l’AVA, employeurs des auxiliaires de vie scolaire, se sont joints à cette démarche. La Maison de la Nouvelle-Calédonie, à Paris, a été sollicitée pour récupérer les colis et les mettre sur un vol AF/Aircalin. Avec le concours de la Dass NC et du vice-rectorat, une évaluation des autres besoins est en cours pour l’ensemble des secteurs scolaires publics et privés.

Ces masques facilitent la lecture sur les lèvres aussi bien pour ceux qui pratiquent la lecture labiale, que le langage codé ou la langue des signes française. Ils présentent une paroi transparente et éloignée de la bouche pour un bon confort lors de l’élocution avec l’avantage d’être lavables.

C.M.

©C.M.