La vaccination pour protéger et avancer

Les autorités accentuent leur communication pour inciter les Calédoniens à se faire vacciner arguant que le territoire ne pourra pas rester isolé éternellement et qu’il faut se protéger dès maintenant. À la mi-mai, la campagne s’ouvrira aux plus de 50 ans. Et la quarantaine dans les hôtels va être réduite à sept jours pour les personnes vaccinées avec Pfizer ou Moderna.

Près d’un an et demi après son apparition, le Covid-19 poursuit sa course folle. Nul ne peut ignorer les récentes images, dramatiques, en provenance d’Inde ou du Brésil, où l’on ne peut pas soigner tout le monde, ni les difficultés rencontrées ici et là pour la vaccination. Les pays ayant choisi de fermer leurs frontières, notamment les îles, sont forcément mieux loties. C’est le cas de notre Nouvelle-Calédonie. Mais comme l’a soutenu cette semaine le président du gouvernement, Thierry Santa, « le territoire ne pourra pas rester éternellement en dehors du monde socialement, économiquement et sanitairement ». Les responsables politiques et économiques l’ont redit, un troisième confinement ne serait pas tenable – avec les aides que l’on a connues – pour les finances publiques, les comptes sociaux. « On a utilisé notre deuxième cartouche », selon le porte-parole du gouvernement, Christopher Gyges.

L’idée générale est qu’en vaccinant un maximum notre population, on pourrait éviter des confinements au moindre cas – avec aussi un système d’alerte évolutif comme en Nouvelle-Zélande – et également espérer pouvoir alléger progressivement les mesures restrictives de déplacements à l’extérieur (lire plus loin).

10,4 % de vaccinés

Les autorités le martèlent : la vaccination est le meilleur moyen de protéger la population, de faire en sorte, qu’en cas d’introduction du virus, les services de santé ne soient pas engorgés et que l’on puisse soigner correctement les malades, avec un risque fort à ce niveau puisque 50 000 personnes sont considérées localement comme étant de santé fragile. Dans ce contexte, même si la vaccination n’est pas obligatoire, les Calédoniens sont appelés à faire preuve de responsabilité.

On sait néanmoins que l’immunité collective corrélée à une couverture vaccinale à 70 % de la population totale ne sera pas possible avec une vaccination limitée aux plus de 16 ans (il faudrait vacciner 190 000 personnes sur 210 000 vaccinables soit 90 % des plus de 16 ans). L’objectif des autorités sanitaires est donc d’atteindre un bon taux de vaccination des personnes fragiles et de « trouver l’équilibre entre les personnes susceptibles de se retrouver hospitalisées et nos capacités hospitalières ».

À l’heure actuelle, 10,4 % de la population globalement éligible est vaccinée (23 621 personnes) et 15,6 % des personnes sont concernées par une primo-injection (près de 36000).47 % des 75 ans et plus ont reçu au moins une dose et près de 40 % des 65-74 ans. Le gouvernement s’est prononcé mardi en faveur de l’ouverture de la vaccination à la mi-mai, aux 50 ans et plus.

Près de 10 000 personnes ayant des facteurs de comorbidités ont au moins reçu une dose. Les soignants et le personnel des maisons de retraite ont aussi été ciblés ainsi que les personnes en première ligne, susceptibles d’être au contact du virus, ou les salariés essentiels des entreprises jugées prioritaires dans le public et le privé.

Communiquer

Cependant, alors que les services croulaient sous les demandes durant la crise de mars dernier, une baisse est constatée, notamment chez les publics actuellement prioritaires, tandis que des volontaires qui ne le sont pas sont en attente (5 000, par exemple au CHT). C’est pourquoi le gouvernement a entrepris une nouvelle campagne de communication. Le président Santa l’a répété, « ce n’est surtout pas maintenant qu’il faut baisser les bras ».

Les autorités rappellent que la Nouvelle- Calédonie bénéficie encore d’un temps d’avance : elle peut vacciner sereinement sans les contraintes liées à la panique que l’on a connue en mars (50 000 appels par jour sur les plateformes). Le Dr Anne Pfannstiel, de la Dass-NC, ajoute que « les personnels qui vaccinent actuellement (NDRL : 600 professionnels sont mobilisés) sont ceux qui soignent habituellement et ils ne pourront pas faire les deux en même temps » en cas d’épidémie.

Par ailleurs, l’État conditionne l’envoi de doses aux demandes, avec un suivi « au jour le jour ». Chaque semaine, 10 000 sont prévues et 15 000 à compter du mois de juin. Mais il pourrait très bien les réajuster. « Il y a 20 000 rendez-vous pour les quatre prochaines semaines, principalement pour des secondes doses, il en faudrait 40 000 », selon Thomas De Deckker, le secrétaire général du gouvernement.

Les autorités insistent également sur le fait que nous avons la « chance » de bénéficier, à titre gratuit, d’un des vaccins les plus efficaces et ayant le moins d’effets secondaires (lire par ailleurs). À partir du mois de juin, la Nouvelle- Calédonie pourrait également recevoir le vaccin Janssen (Johnson & Johnson) qui ne nécessite qu’une seule injection. Nous y reviendrons dans une prochaine édition.

Le principal frein rencontré dans ce contexte Covid-Free est le manque d’intérêt, mais aussi la réticence, voire la défiance face aux vaccins. Nos responsables promettent encore qu’ils n’obligeront « jamais personne », mais continueront à expliquer le bien-fondé de leur stratégie.


Une septaine pour les vaccinés

S’appuyant sur le déroulement de la campagne de vaccination, les autorités commencent à alléger progressivement les contraintes aux frontières avec néanmoins des garde-fous. Mardi, le gouvernement collégial a ainsi approuvé à l’unanimité le principe de la réduction de la durée de la quarantaine obligatoire à l’arrivée à sept jours pour les personnes vaccinées. La mesure entrera en vigueur dans les tout prochains jours par le biais d’un arrêté.

Elle concerne pour l’instant les personnes vaccinées avec Pfizer ou Moderna et ayant reçu leur deuxième dose au minimum 14 jours avant leur arrivée. Ce choix s’appuie sur les dernières études prouvant l’efficacité des vaccins à ARN messager contre les formes graves, la réduction du risque d’infection sur la souche historique, le variant britannique et le variant sud- africain.

Les voyageurs vaccinés devront le justifier lors de leur demande d’entrée sur le territoire. Il faudra toujours présenter un test PCR négatif de moins de 72 heures avant le départ. Ensuite, un test sérologique (prélèvement sanguin) sera effectué à l’arrivée pour vérifier la présence d’anticorps et s’il est positif, les personnes pourront prétendre à ce protocole. Le test PCR de sortie restera en vigueur, tout comme la justification des motifs impérieux pour gagner le territoire.

Les personnes non vaccinées (dont les moins de 16 ans) ou celles vaccinées avec un autre produit devront toujours s’acquitter d’une quatorzaine. D’autres vaccins pourront être intégrés au protocole, selon l’avancée des connaissances en la matière.

Ce dispositif permettra notamment de faciliter les rotations du personnel navigant, les missions des accompagnateurs d’Évasan, de libérer plus rapidement certaines chambres d’hôtel et donc de mieux répondre à la demande, de fluidifier les voyages pour motifs impérieux et simplifier la venue de certains professionnels, notamment de santé.

Pour l’instant, deux vols commerciaux sont opérés par semaine en provenance de Métropole, un depuis Sydney, principalement pour les Évasan, et occasionnellement de Wallis. Il n’est pas exclu, selon le 16e gouvernement, d’ouvrir peu à peu le programme des vols – peut- être même avant fin octobre – en tout cas, pour nos rotations principales.


Les effets secondaires « suivis de près »

Les vaccins, comme tout médicament, peuvent provoquer des effets indésirables. Depuis le lancement de la campagne, et sur les 58 000 injections de Pfizer, 92 déclarations de pharmacovigilance sont remontées à la Dass. Dans plus de 80 % des cas, il s’agissait d’effets indésirables connus : douleurs au point d’injection, fatigue, maux de tête, fièvre et frissons. Des symptômes types qui reflètent l’activation de notre système immunitaire. Les risques indésirables sont plus fréquents après la deuxième dose.

Les autorités sanitaires ont cependant recensé deux accidents vasculaires cérébraux après une première injection survenue sur des personnes à risque, sans suspicion pour l’instant de lien avec le vaccin. Il y a eu également deux cas de zona avec un lien pas établi, mais suspecté avec le vaccin. Trois œdèmes de Quincke, c’est-à-dire des chocs allergiques, sont également apparus dans les 15 minutes après la première injection. Il s’agit cette fois d’un effet indésirable grave et connu du vaccin. Par précaution, toutes les personnes présentant un état allergique grave sont orientées vers le Médipôle, mais tous les centres de vaccination sont aptes à prendre en charge ces réactions allergiques.

Le décès d’une personne de 95 ans, en fin de vie, a également été déclaré, mais la vaccination a été mise hors de cause.

C.M.

 

 

C.M.