La CSTNC et le SGTINC, syndicats respectivement majoritaires à Poum et à Doniambo, estiment que les infractions commises sur le site minier coûtent cher à la SLN et à ses salariés, et continuent de croire qu’un compromis est possible.
Trois cents emplois en jeu dans une commune de 1 400 âmes, dans un centre minier où la ressource n’est pas épuisée. Pour les syndicats, c’est une évidence : la province Nord et la SLN doivent trouver un terrain d’entente. « L’impact serait trop important pour le Grand Nord. Il faut que chacun y mette du sien. »
Patrice Parent (CSTNC), soucieux de ne pas tenter « d’imposer » une solution au président Néaoutyine, demande à la direction de l’entreprise de faire le premier pas. « La SLN doit revoir sa copie par rapport à la demande d’arrêté. La province Nord ne veut pas d’export. Et là, on est à l’aube des prochaines provinciales. Les élections sont tellement proches, je ne pense pas qu’il va céder », analyse le secrétaire du comité d’établissement de Tiébaghi-Poum, certain qu’une « tacite reconduction » ferait l’affaire… et moins de bruit. « Cela fait des années qu’on exporte et ils nous ont laissés faire. » Pourtant, « tout le monde a pris acte des mises en demeure de la Dimenc, qui dit stop. On a fait trop de bêtises en l’espace de deux ans. La SLN n’en a fait qu’à sa tête, il ne faut pas qu’on s’étonne. »
ÉVITER UN KOUAOUA BIS
« La direction de la SLN n’est pas propre dans ce qu’elle a fait sur le site là-haut », insiste Glen Delathière (SGTINC), qui aimerait que la Dimenc donne des « explications » complémentaires lors d’un prochain comité central d’entreprise. « Il faut qu’on réponde à toutes les exigences par rapport à ces fameuses demandes de permis. Une fois qu’on sera carré là-dessus, on pourra dire qu’on fera mieux. Parce qu’aujourd’hui, on paye ce qui a été fait par la direction dans le passé. »
Décidé à « éviter un Kouaoua bis », le SGTINC demande à la hiérarchie de « temporiser » dans la mise en œuvre du chômage partiel, que ce soit pour les salariés « directs » ou ceux de la Sonarep.
Quant au spectre d’une fermeture si la situation devait s’éterniser… « On prend ça comme une menace à l’emploi. Et ça, on n’accepte pas. S’il y a des plans, il faut que ce soit fait avec les salariés, avec la mairie, les gens du site. » Il reste persuadé qu’en coulisse, un accord peut être trouvé avec la collectivité.
Une désillusion pour les salariés
« On ne comprend pas pourquoi monsieur Néaoutyine s’oppose aux autorisations. C’est malheureux pour nous », commente Samantha Sumu, déléguée syndicale USTKE à la Sonarep, qui soupçonne toutefois « un non-respect de la convention entre la province et la SLN ».
Elle reproche à sa direction et à celle de la SLN de ne pas avoir clairement évoqué « les incertitudes » sur la continuité de l’activité aux dizaines d’employés embauchés ces dernières années. « On était tellement sûr, tout le monde s’est engagé dans des projets personnels », parfois à grand renfort d’emprunts.
Elle envisage déjà « une mobilisation sur Koné » pour obtenir de la province Nord la signature
de nouvelles autorisations.
« IL FAUT QUE LA PROVINCE SE RESSAISISSE AUSSI »
Quitte à laisser s’échapper de la matière brute, la province Nord aimerait que les minéraliers partent pour des usines offshore à capitaux calédoniens, dont les deux où elle a des intérêts, en Corée et en Chine.
Patrice Parent n’y voit pas d’inconvénient. « Mais il ne faut pas faire ça au détriment de la SLN. Il ne faut pas que les prix soient insuffisants », insiste celui qui aimerait, globalement, que des coopérations soient nouées avec les deux autres usines calédoniennes. Dans l’immédiat, à Poum, les discussions bloquent « sur des détails ».
« Il faut que la province se ressaisisse aussi, qu’elle trouve une solution pour ses administrés. Si on n’arrive pas à s’entendre sur une île de 450 kilomètres de long, c’est grave… » Si une solution ne se dessine pas d’ici la fin du mois de mai, le SGTINC réfléchira à « mettre un peu de pression à tout le monde ».
Gilles Caprais