La SLN inquiète pour son avenir

Suite à une suspension des autorisations accordées par la province Nord pour les travaux préparatoires de trois gisements à Kouaoua, la SLN a diffusé un communiqué dans lequel elle exprime ses inquiétudes.

Le dossier n’est pas anecdotique. Bloqué depuis le 6 août, le centre de la SLN de Kouaoua a finalement été fermé par l’industriel le 14. Ce blocage par des habitants de la commune fait suite à des incendies à répétition de la Serpentine qui permet d’acheminer le minerai du centre jusqu’au minéralier. Les manifestants reprochaient notamment à la SLN et aux responsables coutumiers l’impact de l’activité sur l’environnement et le manque de concertation autour de l’exploitation de nouveaux sites. Dans la foulée et afin d’éviter de nouvelles tensions dans les discussions engagées, la province Nord avait retiré les autorisations de travaux préparatoires à l’ouverture des nouveaux sites que sont Mont- Calm, Chêne-gomme et Newco.

Un centre majeur pour la SLN

Le 31 août dans un communiqué, la SLN a indiqué avoir pris acte et procédé « à l’évaluation des impacts de cette décision sur l’activité du site, ses salariés et ses partenaires à Kouaoua et sur ses autres mines, et sur la survie de l’entreprise ». Si la SLN est si catastrophiste, c’est que le site de Kouaoua, qui produit du minerai à haute teneur, alimente de manière importante les fours de Doniambo. Sans ce minerai, ce n’est pas seulement l’activité du site de Kouaoua qui est impacté, mais le fonctionnement global de la société qui, après réalisé des gains de compétitivité, peine à réaliser de nouveaux progrès. Les nouveaux sites de Kouaoua devaient, à terme, fournir 40 % du minerai du centre.

Le communiqué de l’industriel a fait bondir le président de la province Nord qui a également répondu par voie de communiqué. Paul Néaoutyine a notamment rappelé que cette décision de suspendre les travaux avait été prise pour éviter que le conflit ne dégénère et rétablir le dialogue entre les jeunes, les coutumiers et l’industriel grâce à une médiation de l’État. Le président de la province Nord en profite également pour rappeler que la suspension n’a pas eu d’impact puisque le site était bloqué depuis le 6 août et avait même été fermé par la SLN le 14.

Problème de communication

Le président de la province Nord estime que le communiqué de la SLN est un moyen de « faire du chantage à la Nouvelle Calédonie en rappelant ses six années consécutives de déficit comme si sa compétitivité pouvait s’obtenir quelles qu’en soient les conséquences sociales, humaines et environnementales ». Paul Néatouyine explique encore que la SLN est « victime de son incapacité et de sa réticence à composer avec les populations sur place ainsi que dans une commune voisine, à imaginer des plans de rechange et des mesures pour s’adapter à la baisse tendancielle des teneurs ».

Si, comme le souligne enfin le président, la province est actionnaire de la SLN et qu’à ce titre, sa réussite est dans son intérêt, ses choix stratégiques ne sont pas forcément en adéquation avec les besoins de la province Nord. D’une certaine manière, les déboires de la SLN à Kouaoua pourraient la pousser à renforcer son partenariat avec la NMC qui a d’énormes besoins en minerai, notamment afin d’alimenter les usines coréennes et chinoises.

M.D.