La route du Mondial passe par Nouméa pour les Wallabies

Alors que la Coupe du monde de rugby se déroulera au Japon du 20 septembre au 2 novembre, l’équipe d’Australie a choisi le Caillou pour s’entraîner avant l’échéance. Deux semaines de travail intensif, pas si loin de leurs bases.

« Si on ramène la Coupe, il y aura un peu de Calédonie dans notre victoire. » Michael Cheika n’a pas caché son enthousiasme quant à la venue de son équipe sur le Caillou. Le sélectionneur australien espère beaucoup de ce séjour de deux semaines entre le stade Numa-Daly, la salle de préparation physique du vélodrome et le Château Royal. « C’est une habitude pour nous de faire un stage de préparation avant la Coupe du monde, explique l’ancien troisième ligne de Castres. En 2015, nous avions choisi de faire un stop aux États-Unis lors de notre trajet vers l’Angleterre. » Une mise au vert qui leur avait plutôt réussi puisque à l’époque, les Wallabies avaient terminé deuxièmes de la compétition. Battus en finale par leurs voisins néo-zélandais (34-17).

Proximité et climat

Cet année, le choix de Nouméa comme camp de préparation semble répondre à une logique plus grande encore. Sportive dans un premier temps. « Le terrain est parfait pour nous, pose Patrick Molihan, manager de l’équipe, venu sur place en avril dernier pour un repérage concluant. C’est ce genre de terrain que l’on va avoir au Japon avec une piste d’athlétisme autour. Et puis la salle de musculation est juste à côté. Tout est centralisé, c’est parfait. » À cela s’ajoute un aspect climatique. Le temps calédonien étant, selon le staff, proche de celui du Japon en cette période de l’année.

« L’autre point positif de la Calédonie, c’est la proximité, poursuit Patrick Molihan. On est à deux heures et demie d’avion, avec ainsi peu de décalage horaire. Cela va nous permettre de faire un test-match à la maison juste avant notre départ au Japon. » Un dernier rendez-vous le 7 septembre contre les Samoa pour les Australiens, cinq jours après leur départ de Nouvelle-Calédonie. Et deux semaines avant de rencontrer Fidji, le 21 septembre à Sapporo (nord du Japon), pour leur premier match de Coupe du monde.

Vague de stars

Mais avant tout ça, le passage en Calédonie aura pour objectif de créer une équipe avant le voyage vers le Japon. « On a eu une année 2018 un peu compliquée, reconnaît volontiers Michael Cheika. Il y a eu beaucoup de changements pour cette saison 2019 et c’est important de créer du lien entre les joueurs. Sur le terrain comme en dehors. Et justement ce genre de stage permet cela. Ici le cadre est parfait entre les infrastructures sportives et l’hôtel. » Il faut dire que les Wallabies ont tout pour être focalisés sur eux-mêmes. « On aurait pu rester en Australie, mais c’est toujours délicat aussi proche du Mondial, continue l’homme fort du rugby australien. En Calédonie, on est à côté, mais malgré tout loin de la pression médiatique et des tracas du quotidien. Aussi proche de la compétition, il faut qu’on se focalise sur nous et notre jeu. C’est le dernier moment pour gagner les un ou deux pourcents d’amélioration qui feront peut-être la différence à la fin. »

Au total, ce sont 36 Wallabies qui ont fait le déplacement, les 31 du groupe qui iront au Mondial, plus cinq remplaçants. Et parmi eux, des grands noms du rugby australien et donc mondial. Adam Ashley-Cooper, Bernard Foley, Will Genia ou encore David Pocock. Autant de célébrités qui étaient présentes lors de la finale de la précédente édition du Mondial et qui travaillent actuellement et jusqu’au début de la semaine prochaine à Nouméa.


Bain de foule pour les Aussies

Lors d’un stage où ils étaient principalement concentrés sur eux- mêmes, Mondial oblige, les Wallabies ont eu droit à une petite récréation mercredi dernier au stade Numa-Daly. Pour l’occasion, leur entraînement était ouvert au public et ce sont plusieurs centaines de personnes, fans ou simple curieux, qui sont venues assister au spectacle. « C’est super de pouvoir voir des joueurs internationaux », s’est émerveillé Teiva, 13 ans. Pour lui qui joue demi de mêlée dans son équipe de Dumbéa, impossible de rater le rendez-vous, même s’il avoue discrètement préférer « les All Blacks et le XV de France » aux Australiens. Après quelques minutes d’entraînement, les joueurs se sont volontiers prêtés au jeu des autographes. Le staff ayant auparavant distribué des casquettes et des bonnets à l’effigie du kangourou. « C’est un moment sympa, sourit Nic White, numéro 9 de cette équipe australienne. On s’entraîne à huis clos en ce moment, alors là, c’est bien d’avoir du monde. On s’est rendu compte que le rugby était vraiment apprécié ici. » Une petite heure de détente seulement avant un retour à un travail plus intensif.


Un cas d’école

Parfois, un simple détail permet d’arriver à de grandes choses. Ainsi, la venue de l’équipe d’Australie en Nouvelle- Calédonie part d’une école de Sydney. « Mes enfants sont dans la même école que ceux de Michael Cheika, explique Caroline Brunel, une ancienne de Nouvelle- Calédonie tourisme point Sud (NCTPS) qui a monté son entreprise de tour operator dans le New South Wales. Un jour, il m’a parlé de la possibilité d’un stage de l’équipe à Nouméa. Il s’était dit que le lieu pouvait parfaitement correspondre. » Elle relance alors son réseau ici pour mettre en relation Australia Rugby et la Direction de la jeunesse et des sports. Le début de l’histoire où tout a été fait pour accueillir comme il se doit les vice-champions du monde. « Aircalin a même accepté de décaler un peu un vol vers Nouméa pour que l’équipe puisse arriver le vendredi, juste après la conférence d’annonce du groupe pour le Mondial. Le staff ne voulait pas perdre un jour de travail en arrivant le samedi. »


Une vitrine calédonienne

Jean-Pierre Djaïwé, membre du gouvernement en charge des sports, s’est montré très fier de pouvoir accueillir les Wallabies en Nouvelle-Calédonie. « C’est une belle opportunité pour le pays, s’est-il réjoui. Cela va montrer que nous sommes capables d’accueillir, dans les meilleures conditions, ce qui se fait de mieux au monde. » Une aubaine économique également. « Cette venue est aussi profitable pour certains secteurs. Je pense bien sûr à l’hôtellerie, mais également au-delà. Ce sont par exemple 500 kg de glaçons qui doivent être fournis tous les jours (pour la cryothérapie, NDLR). » Sans compter la visibilité du Caillou auprès des fans de rugby en Australie.


Le menu mondial des Australiens

Si le Mondial de rugby 2019 commence le 20 septembre avec un match entre le Japon et la Russie en ouverture, les Wallabies feront leur apparition dès le jour suivant. Dans le Grand Nord nippon, ils affronteront Fidji, à Sapporo, pour leur premier match (21 septembre 15 h 45). Ils devront ensuite affronter le pays de Galles (29 septembre, 18 h 45), l’Uruguay (5 octobre, 16 h 15) puis la Géorgie (11 octobre, 21 h 15). Un groupe de cinq équipes où il faudra terminer dans les deux premiers pour se hisser en phase finale. En quarts, les 19 et 20 octobre, les Australiens devraient croiser la route d’une équipe de la poule C, celle de la France, de l’Angleterre et de l’Argentine. Les demi-finales auront lieu les 26 et 27 octobre alors que la finale se déroulera le 2 novembre au stade de Yokohama.

A.B.

Photos : A.B./DNC