La révolution énergétique est-elle en marche ?

L’adoption du schéma de transition énergétique par le Congrès fin juin doit maintenant se traduire par sa mise en œuvre. Entouré par de nombreux acteurs privés, le gouvernement affiche son optimisme, à la veille de diffuser publiquement ce schéma. Pour atteindre les objectifs, les efforts de chacun seront nécessaires, aussi bien des collectivités que des particuliers ou des entreprises. La révolution en est encore à ses balbutiements mais les potentiels de croissance semblent bien réels.

La Nouvelle-Calédonie a-t- elle engagé sa révolution énergétique ? S’il est encore un peu tôt pour le dire, les pouvoirs publics en ont en tout cas déjà défini le cadre au travers du schéma pour la transition énergétique (STENC) adopté par le Congrès le 23 juin. Au- delà des ambitions, tout ou presque reste à faire. Afin de montrer que les choses bougent, le gouvernement a souhaité mettre en avant l’engagement de certaines entreprises, et non des moindres, dans cette démarche.

Autour de la table, rien de moins que les représentants de l’Amos, Association des maîtres d’ouvrage du secteur sociaL, qui comprend la Sic, le FSH ou encore la SEM Agglo, de la fédération BTP-NC mais aussi du CHT.

Longtemps, l’environnement n’a tout simplement pas été considéré. Si certains ont conservé cet état d’esprit stratégiquement « suicidaire », de plus en plus de s’entreprises intègrent désormais ce facteur environnemental. Cette nouvelle manière de voir les choses, qui implique parfois des investissements un peu plus lourds, est payante le plus souvent. Les économies générées permettent un amortissement relativement rapide et même de plus en plus court, grâce au progrès technique.

D’énormes investissements dans les années à venir

Il est difficile d’estimer les retombées potentielles en matière de croissance ou d’emploi mais les perspectives sont prometteuses, en particulier pour les sociétés spécialisées dans les énergies renouvelables. Rien que chez Enercal, les investissements pour intégrer davantage le renouvelable dans le réseau sont estimés à près de 100 milliards de francs dans les dix prochaines années.

Pour les producteurs d’énergie solaire en particulier, les objectifs fixés par le schéma à l’horizon de 15 ans impliquent la multiplication quasiment par trois de la puissance actuellement installée (soit 193 Mwatts contre 37 Mwatts aujourd’hui). Selon les chiffres de la Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie qui était en charge de la rédaction du schéma, en 2030, le STENC générera près de 150 emplois pérennes avec des pics à 400 pour assurer la construction des différents ouvrages.

Mais comme le souligne Philippe Dunoyer, le porte-parole du gouvernement, au-delà des grands axes du schéma, c’est son état d’esprit qui devra guider les futures stratégies des entreprises. Les bailleurs sociaux comme la SIC ou le FSH ont déjà intégré la composante environnementale dans de nombreux projets. Ils ne cachent pas les surcoûts qui sont de l’ordre de 10 % mais s’attendent à ce qu’ils baissent, du fait d’un recours plus systématique aux écomatériaux. L’augmentation des volumes devrait mécaniquement faire baisser les prix.

Des prix sans cesse en baisse

Il faudra toutefois patienter un peu, le temps que les prix s’ajustent. Mais il sera ensuite doublement plus intéressant de s’y mettre du point de vue économique, du fait de l’absence de surcoût. Et le progrès technique laisse espérer des gains encore plus importants. C’est le cas de la production d’énergie photovoltaïque. En 10 ans, les coûts d’installation ont été divisés par cinq au point qu’il est désormais possible de produire une électricité compétitive sans argent public. Certains projets de ferme photovoltaïque avec stockage développés dans les Dom se targuent même de sortir un kilowatt à un prix inférieur à celui du issu des énergies fossiles. Les professionnels calédoniens n’en sont pas là mais ne désespèrent pas d’y parvenir.

Et il est déjà possible de réaliser des économies grâce au soleil. C’est le cas d’Hervé Girault, un particulier qui a décidé de produire son électricité avec des panneaux solaires. Au prix de quelques changements dans les usages de toute la famille, la vingtaine de mètres carrés permettent de couvrir une bonne partie de la consommation, sans rogner sur la piscine, la cave à vin ou encore le congélateur. Garantie 25 ans, l’installation qui a coûté un million de francs sera amortie au bout de six ans et permet à Hervé Girault de diviser le montant de sa facture par deux voire davantage. Si l’on veut que révolution arrive, il faudra donc y croire et s’y mettre.

M.D. 


Ces entreprises qui s’y mettent

Longtemps opposées au schéma, les entreprises de la fédération BTP-NC assurent désormais y croire fermement et si cela ne se voit pas beaucoup pour les non- professionnels, les pratiques évoluent progressivement, notamment au travers du recours à des écomatériaux mais cela passe également par de simples détails comme des fenêtres qui s’ouvrent entièrement au lieu des fenêtres coulissantes que l’on connaît aujourd’hui et qui s’ouvrent seulement de moitié.

Le CHT est également engagé dans cette démarche écoresponsable. Le Médipôle sera le premier bâtiment public respectant les normes HQE (Haute Qualité Environnementale). Le centre hospitalier veut aller plus loin sur la question des déplacements. Avec plus de 2 000 salariés, sans compter les patients et les visiteurs, l’installation de l’hôpital aura des conséquences importantes sur les flux de circulation, d’autant plus que 60 % du personnel vit sur Nouméa. Une étude a été lancée afin d’optimiser les déplacements en tenant compte des différentes possibilités (modes doux, voiture, transports en commun).