La réforme du primaire devra être revue

La justice a annulé cette réforme qui avait été votée en janvier et contestée par Thierry Santa du groupe Rassemblement-LR. Le tribunal administratif a finalement suivi les conclusions de son rapporteur public.

Comme prévu, le prochain gouvernement devra se saisir du dossier de la réforme de l’école primaire. Une réforme que Calédonie ensemble avait fait voter dans la précipitation le 10 janvier dernier au Congrès et que le groupe Rassemblement- LR, appuyé par les autres composantes loyalistes, avait dénoncée. Thierry Santa avait déposé une motion préjudicielle pour différer l’examen de ce dossier au motif que les délais légaux d’examen du texte n’avaient pas été respectés. La motion avait été rejetée et deux délibérations avaient été adoptées par Calédonie ensemble et les élus indépendantistes, Thierry Santa dénonçant un « passage en force qui représente un déni de démocratie ». Virginie Ruffenach, la secrétaire générale du Rassemblement, avait même déclaré plus tard que cette réforme avait été votée « en catimini, dans le dos des enseignants, sans concertation en plein mois de janvier. C’est un coup de Jarnac. Calédonie ensemble s’est appuyé sur les voix des indépendantistes pour voter ce texte ».

La justice a tranché

Thierry Santa avait donc saisi le tribunal administratif et le 16 mai, le rapporteur public a rendu un avis qui préconise l’annulation des deux délibérations. Pour le rapporteur public, le recours de Thierry Santa était fondé puisque la loi organique fixe à huit jours le délai entre la transmission des textes aux élus et leur examen au Congrès, un délai qui n’a pas été respecté, alors qu’aucune notion d’urgence n’a été évoquée. Fort de ces conclusions, le tribunal administratif a suivi cette conclusion et la réforme de l’enseignement primaire est enterrée jusqu’à ce que le prochain gouvernement se saisisse du dossier. Thierry Santa a rajouté dernièrement à ce propos : « On reprendra le dossier au Congrès et on l’amendera en fonction de nos propositions. »

Mise en œuvre avortée

Cette réforme de l’enseignement primaire, qui devait voir le jour l’an prochain, défendait un meilleur accompagnement de l’élève pendant toute sa scolarité avec notamment la mise en place de nouveaux cycles, d’un socle commun contextualisé en enrichissant le programme par l’histoire, la géographie locale et les éléments fondamentaux de la culture kanak qui devaient devenir obligatoires. Une réforme certes voulue par la majorité des syndicats et des associations de parents d’élèves, mais qui avait été votée trop rapidement et surtout sans concertation approfondie avec le corps enseignant notamment. Un problème de fond plus que de forme. Sur ce point, Philippe Blaise du groupe les Républicains calédoniens avait néanmoins dénoncé, par exemple, que l’on veut « arriver à des lières d’écoles bilingues, en français et en langue kanak qui, si elles se généralisent, entraîneraient une partition scolaire de la Nouvelle-Calédonie, tant au niveau des provinces que des communes. On veut faire de l’école un instrument au service de sa vision politique de la société (…) en continuant à imposer l’enseignement d’un socle de la culture et des langues kanak ».

Le dossier devra donc être revu en profondeur pour que toutes les parties concernées trouvent leur compte dans cette future réforme.

C.S