La province des Îles s’adapte

La province des îles Loyauté a dû s’adapter pour gérer la crise tout en étant coupée du reste de la Calédonie. Le pont aérien sanitaire fonctionne depuis une semaine. Une relève médicale a été assurée vers Lifou et Maré et la vaccination a commencé.

Alors que la province a été littéralement mise sous cloche suite à l’interdiction du trafic aérien et maritime de personnes, le lien avec la Grande Terre a été peu à peu rétabli. Le transport de marchandises par bateau est toujours possible dans les deux sens et il est assuré normalement sans baisse de rotations, sauf à Tiga où le pont a été abîmé lors du récent cyclone. Les avions d’Air Loyauté assurent depuis jeudi dernier, comme l’année dernière, le pont aérien sanitaire. Un service vital pour contribuer à la protection des îliens avec l’acheminement des vaccins, des tests, des médicaments, mais également de matériel essentiel des banques ou de la poste.

Seul problème, le système fonctionne avec un arrêté dérogatoire pour le transport des personnes qui peut concerner le personnel médical, les Evasan, les personnes en détresse sociale ou sous le coup d’une opération judiciaire. Des autorisations doivent alors être demandées et validées par le président du gouvernement et le haut-commissaire. L’année dernière, cette option avait été ajoutée à l’arrêté pour plus de simplicité. C’est dans ce cadre, néanmoins, qu’une relève de trois médecins a été effectuée par hélicoptère à Lifou pour renforcer les équipes de santé, en sous-effectif. Des médecins sont aussi arrivés à Maré. La situation est plus tendue à Ouvéa. À noter que des soignants qui doivent faire des rotations sont toujours en quatorzaine.

Une vaccination à la demande

Une cinquantaine de tests ont été effectués sur l’île. Ils se sont tous avérés négatifs. La campagne de vaccination a commencé mardi dans les centres médico-sociaux de Wé à Lifou, La Roche à Maré et Hulup à Ouvéa. Un stock de 300 doses a été acheminé pour la semaine (144 pour Maré, 108 pour Lifou et 36 pour Ouvéa). Les commandes se font à la semaine puisque les dispensaires ne sont pas équipés de congélateurs, selon les demandes formulées par les Loyaltiens. Les inscriptions se font en appelant le 05 00 90. La vaccination est ouverte au personnel de santé, à celui des compagnies de transport ou au personnel essentiel à la gestion de la crise et aux personnes à risque, âgées de plus de 65 ans désormais ou présentant des comorbidités telles que diabète, obésité, maladies respiratoires, cancer, hypertension artérielle, etc. Pour l’instant, la province a surtout vacciné le personnel de santé et des collectivités.

Quelques demandes de rapatriement

On sait que des Loyaltiens sont bloqués sur la Grande Terre. Mais la plupart, semble-t-il, prennent leur mal en patience : 24 demandes de rapatriement seulement ont été formulées à la province (toujours au même numéro 05 00 90) pour des personnes de Lifou, une d’Ouvéa et une de Maré. Dans l’autre sens, 13 personnes étaient bloquées à Lifou, notamment des professionnels qui, selon nos informations, auraient pu bénéficier d’un rapatriement via la mairie et Aircal hors cadre sanitaire. Une fois le confinement terminé, les personnes seront acheminées normalement prenant en considération que si la distanciation sociale doit être maintenue, les vols seront organisés avec moins de passagers. Cette année, il ne serait pas question de réquisitionner le Bético pour le rapatriement en raison de coûts trop importants.

Le standard du 05 00 90 reçoit une cinquantaine d’appels par jour pour toutes sortes de questions notamment de Loyaltiens à risque souhaitant se faire vacciner et ne pouvant joindre le numéro du gouvernement, qui est saturé…

Entreprises et écoles

La province planche sur un plan de sauvetage des entreprises, en particulier de l’agriculture ou du tourisme, déjà mises à mal par les différents cyclones surtout à Lifou. Une demande pourrait notamment être émise pour requalifier la dépression Lucas en cyclone. Sachant néanmoins que de nombreuses structures ne sont pas affiliées à la Cama (assurance agricole) et font face à de grandes difficultés.

Si la pêche et la chasse sont normalement interdites, on peut néanmoins penser qu’une certaine tolérance est appliquée, sachant en plus que de nombreuses familles ont perdu leurs vivres en raison des récentes coupures d’électricité.

À noter, enfin, en matière d’enseignement, que la continuité pédagogique semble bien fonctionner dans cette province avec, pour ceux qui le peuvent, une bonne utilisation du numérique et une forte implication des professeurs. Depuis lundi, quatre écoles (deux à Lifou, une à Maré et une à Ouvéa) sont ouvertes pour accueillir les enfants de personnel essentiel.

C.M.

©PIL