La petite unité qui grimpe


Le Grimp 988 est le fruit du transfert de compétence de la Sécurité civile. Première unité spécialisée, elle a pour mission d’intervenir en milieux extrêmes. Créé en juillet, il regroupe des pompiers de différentes casernes du territoire. Petite immersion avec cette unité un peu à part.

Dimanche matin, cascade de Ciu, dans les hauteurs de Canala. Il est près de neuf heures quand le Grimp arrive. En descendant la paroi, un pratiquant de canyoning a chuté à quelques mètres du pied de la cascade. L’unité de secours en milieux extrêmes doit commencer par médicaliser le blessé avant de le sortir de ce mauvais pas. Heureusement, ce scénario n’est qu’un exercice qui doit permettre au Grimp, Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux, de

peaufiner ses techniques d’intervention. L’enjeu est de taille, aussi bien pour assurer la sécurité des personnes en détresse que pour les pompiers eux-mêmes. Les interventions du Grimp ne laissent pas de place au hasard, pour éviter tous les risques inutiles, mais aussi pour être le plus efficace possible. Comme le souligne le lieutenant Christophe Baumann, chef du service opérations et gestion de crises de la Sécurité civile mais aussi conseiller technique territorial : « La cascade de Ciu a beau être un terrain déjà un peu compliqué, les choses peuvent rapidement empirer avec la nuit et la pluie. »

Un investissement personnel important

Mais c’est bien la mission de ce groupe que d’intervenir dans les endroits les plus inaccessibles du territoire. Créée en juillet suite au transfert de compétence de la Sécurité civile, l’unité compte 90 pompiers. 24 d’entre eux ont suivi la formation de sensibilisation d’intervention en milieu périlleux (qui ne permet pas d’intervenir sur le terrain) et 12 ont poussé la formation pour devenir des sauveteurs grimpeurs à part entière. Cette formation intensive d’une dizaine de jours a littéralement transformé ces pompiers, qui étaient tous étrangers à la grimpette avant de s’engager.

D’où l’intérêt des exercices car si les femmes et les hommes « sont tous diplômés et ont le niveau de sauveteur, ils manquent encore d’expérience », explique le lieutenant Baumann. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne comptent pas leur temps. Chaque mois, ils participent à au moins quatre exercices sur leurs temps de repos. Avant d’être membres de l’unité, les 90 pompiers sont attachés à des casernes, Canala, Dumbéa, Mont-Dore, Nouméa ou encore Païta.

Des interventions plus sécurisées

Les entraînements sont également l’occasion de rencontrer les autres acteurs du sauvetage comme les pompiers, des lieux où sont effectués les exercices, le personnel de santé mais aussi les gendarmes. Des rencontres qui peuvent rassurer ces professionnels mais aussi les citoyens qui apprécieront de savoir qu’en dépit de l’enclavement de l’endroit où ils se trouvent, les secours seront en mesure d’intervenir.

« La réponse opérationnelle change sur le territoire et c’est une bonne chose, souligne le chef du service opérations et gestion de crises. Il y a toujours eu besoin de ce genre de spécialités mais avant le transfert de compétence, c’était le haut-commissariat qui en avait la charge. Peut-être par manque de financement, cela ne s’est pas fait. Le constat était que toutes ses missions étaient accomplies, soit avec les moyens de gendarmerie, soit avec les pompiers, mais parfois dans des conditions de sécurité très faibles ». Le lieutenant se souvient, par exemple, d’une intervention de plus d’une dizaine d’heures il y a encore deux ans ou de celle d’un parapentiste qui a dû passer la nuit dans les arbres en attendant les secours.

Texte et photos M.D. 

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Des pompiers de plus en plus spécialisés 16-RDV-securite-civile-grimp-1

Après cette première spécialisation d’intervention en milieu périlleux, l’unité d’intervention de la Sécurité civile va continuer à former ses pompiers. En 2016, l’ensemble des 90 membres de l’unité sera préparé au sauvetage déblaiement qui permettra d’intervenir après le passage d’un cyclone, par exemple, mais aussi après l’effondrement d’un immeuble et notamment pour aller chercher d’éventuelles personnes retenues dans les décombres.Cette formation, qui sera complétée par la formation feu de brousse et feu de forêt, constituera le tronc commun de l’unité, en plus de la formation de pompier classique. D’autres spécialités seront également proposées afin de répondre à l’ensemble des risques auxquels est exposée la Nouvelle- Calédonie et ils sont nombreux. « Nous avons fait le bilan des risques pour la définition de notre plan stratégique, note le lieutenant Christophe Baumann, et nous avons tous les risques sauf le risque volcanique. » À noter que l’unité est vouée à s’agrandir et qu’elle recrute encore.