La petite courge qui monte

La squash fait désormais partie intégrante du paysage calédonien. Cette courge, très prisée des Japonais, est devenue un produit d’exportation important pour l’agriculture calédonienne qui jouit d’une bonne image au pays du Soleil-Levant. Avec l’ouverture d’une nouvelle voie d’exportation vers la Corée du Sud, la filière pourrait connaître un nouvel essor.

Certains l’aiment, d’autres non, mais qu’on le veuille ou pas, la cucurbitacée s’est solidement implantée en Nouvelle-Calédonie. Depuis maintenant 22 ans, les producteurs calédoniens fournissent presque essentiellement les Japonais, particulièrement friands de cette courge – la winter squash ou Delica (la variété la plus répandue – au goût prononcé de châtaigne). Si les Calédoniens se sont lancés dans cette culture, c’était avant tout pour répondre aux sollicitations des Nippons, soucieux de diversifier leurs sources d’approvisionnement, en dehors des Tonga.

Aujourd’hui, 30 à 40 agriculteurs assurent chaque année une production de 2 500 à 3 000 tonnes de squash, en fonction des aléas climatiques et notamment des sécheresses ou des inondations. La squash nécessite « une bonne technicité », explique Sandro Cargnelli, le directeur de la FCTE (France Calédonie Tropic Export), qui a pris le relais de l’Ocef pour la gestion de la filière. La FCTE s’occupe notamment des semences, d’une partie de la récolte, du tri des courges et de l’exportation.

La Calédonie fournit l’essentiel de sa production au Japon sur une très courte période s’étalant du début du mois de septembre au mois d’octobre. Un laps de temps qui correspond à la fin de la production japonaise et qu’il ne faut pas manquer. « Il ne faut livrer ni avant, ni après », insiste Sandro Cargnelli. Si les 3 000 tonnes calédoniennes représentent une goutte d’eau (environ trois jours de consommation sur l’archipel asiatique), il s’agit d’une goutte indispensable pour assurer la continuité de la distribution de la squash.

Un travail sur la compétitivité

Après la fin de la production nippone, les Calédoniens sont les premiers à pouvoir fournir le pays du Soleil-Levant qui apprécie par ailleurs la qualité des produits du Caillou. Une opportunité qu’il ne faut pas manquer sous peine de se retrouver en concurrence avec des pays plus compétitifs. Et le manque de compétitivité est bien le talon d’Achille des Calédoniens. Chaque année l’établissement de régulation des prix agricoles (Erpa) sécurise financièrement les producteurs d’une filière « pas encore totalement rentable » à hauteur de 40 francs du kilo selon le directeur de la FCTE.

Cette situation laisse à penser que le marché japonais pourrait absorber près de 5 000 tonnes, mais la FCTE estime qu’avant d’augmenter massivement la production, il est préférable de la stabiliser et de maîtriser les coûts de production. Au cours des trois mois que dure la saison, on estime à environ 500 le nombre de personnes employées. Un nombre important qui pèse sur la compétitivité calédonienne. Une des pistes envisagées par la FCTE pour l’améliorer est de trouver un emballage – cher au cœur des Japonais – plus économique. Reste à les convaincre.

M.D 

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La voie du Matin calme

Une délégation de la FCTE, accompagnée de Sonia Backes, s’est rendue au mois de mars en Corée du Sud afin de lever des obstacles concernant les contrôles phytosanitaires et permettre l’ouverture d’une nouvelle filière d’exportation. Un espoir qui devrait devenir réalité d’ici 2017, selon Sandro Cargnelli. Dans un premier temps et sans augmenter la surface des plantations, les Calédoniens devraient pouvoir exporter 500 tonnes. Les Coréens sont en effet intéressés par des petites courges alors que le Japon ne les prend qu’au-dessus d’un kilo et les Néo-Zélandais les préfèrent plus petites. Les autres, les plus petits spécimens, sont pour le moment laissés dans les champs pour éviter les coûts de transport. À terme et avec l’augmentation des surfaces cultivées, la FCTE espère pouvoir exporter 1 000 tonnes par an, ce qui en ferait le second client de la Calédonie, derrière le Japon avec ses 2 000 à 3 000 tonnes et devant la Nouvelle-Zélande qui achète 200 tonnes.

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Quelles squashs pour  le marché local ?

Il est difficile de chiffrer la consommation locale de squash étant donné que la majorité des courges est distribuée directement par les producteurs. On estime toutefois qu’une centaine de tonnes est écoulée en Calédonie. Des squashs « moins jolies que celles envoyées au Japon mais tout aussi bonnes, assure le directeur de la FTCE. C’est un légume très disponible pendant trois mois et très  bon marché ». Au mieux, on peut effectivement trouver la cucurbitacée à près de 90 francs le kilo. Le reste, les rebuts qui représentent environ 400 tonnes, est vendu aux éleveurs afin de nourrir le bétail.