La Nouvelle-Calédonie mise sur le tourisme chinois

A l’occasion de la visite de l’ambassadeur de Chine en France, Zhaï Jun, la Nouvelle-Calédonie a reçu son agrément lui permettant de recevoir des voyages groupés le 4 octobre. Le label China Ready suscite bien des espoirs tant le potentiel touristique chinois est important. Le premier vol affrété par Aircalin atterrira mi-février à la Tontouta.

Trente millions… C’est la portion de Chinois qui visitent des îles sur les quelque 130 millions de touristes que recense chaque année l’empire du Milieu. Un marché énorme sur lequel la Nouvelle-Calédonie lorgne depuis un moment. Après la venue de 2 000 croisiéristes en décembre 2016 qui a suscité de nombreuses questions, le territoire vient d’obtenir son label China Ready, autrement dit, l’autorisation par le gouvernement chinois de pouvoir recevoir des voyages en groupe. Un label prisé tant le nombre de touristes est important et que la Calédonie a reçu, à l’occasion de la visite de Zhaï Jun, l’ambassadeur de Chine en France.

Reste à savoir si la destination plaît et si les Calédoniens savent répondre aux attentes de ces touristes culturellement très différents de ceux provenant des marchés habituels tels que les Européens, les Japonais ou encore les Australiens. L’échec de la Corée est encore dans les mémoires et a coûté cher, notamment au travers de la liaison aérienne dont le déficit était supporté par la collectivité.

Pour éviter un nouvel impair, les acteurs du tourisme ont essayé de préparer les professionnels au mieux. Il y a d’abord eu la création de l’association d’amitié sino-calédonienne, qui a commencé à prendre les premiers contacts avec les officiels chinois. Karine Shan Paiman, à l’origine de l’association, a souhaité poursuivre ce qui avait déjà été initié en Polynésie française en 2008. En parallèle de ces rapprochements, les institutions ont commencé à organiser des ateliers pour les professionnels afin d’améliorer leur compréhension du marché chinois. Plus récemment, un workshop en Chine a été organisé au mois de juin. Une dizaine d’entreprises calédoniennes s’est rendue à Pékin et Shanghai, guidée par Nouvelle-Calédonie Tourisme Point Sud. Des rencontres ont pu avoir lieu avec les responsables de tour-opérateurs qui se sont montrés intéressés par la destination.

Les Calédoniens doivent maintenant se tenir prêts au test grandeur nature prévu le 16 février. C’est à cette date qu’atterrira le premier charter affrété par Aircalin en provenance de Hangzhou. Près de 250 touristes débarqueront à Nouméa pour une semaine via le voyagiste chinois Beijing Caissa International Travel Service. Ils seront hébergés dans les hôtels du groupe Starwood qui exploite notamment les Méridien et les Sheraton. Certains opérateurs montrent un intérêt marqué pour l’arrivée des Chinois et investissent déjà dans des traductions. D’autres, en revanche, restent plus sceptiques et attendent de faire l’expérience de cette clientèle qui ne jouit pas toujours d’une bonne réputation. En termes de prix, la Nouvelle-Calédonie se positionne comme une destination moyenne à haut de gamme, entre le low cost que représente Fidji et le luxe de la Polynésie française et qui accueille près de 5 000 Chinois par an. Les Ateliers du tourisme, organisés en décembre 2016 et à l’origine du développement du marché chinois, tablent sur 9 000 visiteurs à l’horizon 2025.

Pour Aircalin, proactif dans le travail sur la destination, la Chine représente l’espoir de créer une véritable ligne et non pas de simples charters comme le fait Air Tahiti Nui. Après deux premiers charters reliant Hangzhou à La Tontoua, correspondant au nouvel an chinois, les 16 et 24 février 2018, la compagnie espère pouvoir mettre en place une ligne régulière entre la Nouvelle-Calédonie et la Chine à partir de 2019, grâce à l’arrivée des nouveaux Airbus A330 Néo qui a récemment fait l’objet de discussions au sein du Congrès. La volonté est de faire venir les Chinois, mais aussi d’envoyer les Calédoniens en Chine. Pour éviter que les charters repartent à vide, des packages permettant de découvrir Hangzhou et Shanghai seront proposés à la clientèle calédonienne.

Si le marché chinois représente de réelles opportunités, les dernières expériences et les débats au Congrès ont montré l’importance de bien maîtriser la stratégie touristique, intimement liée au développement du transport aérien. Il appartiendra donc aux élus du Congrès d’encadrer au plus près le pilotage d’Aircalin pour espérer atteindre l’un des objectifs fixés par les Ateliers du tourisme, à savoir d’atteindre les 200 000 touristes à l’horizon 2025.


Une langue à travailler

Si la culture peut constituer un frein au développement touristique, elle peut également être un atout pour peu que les touristes puissent y avoir accès. En revanche, la langue est un véritable obstacle, d’autant plus que les Chinois parlent relativement peu l’anglais. L’association d’amitié sino-calédonienne a d’ores et déjà réalisé un travail d’identification de locuteurs qui pourraient servir de guide aux futurs touristes. Une dizaine de personnes ont été identifiées. L’association a également confirmé que la Chine avait donné son feu vert pour l’installation d’un institut Confucius qui dispense des cours de langues et favorise plus généralement la diffusion de la culture chinoise. L’institut pourrait s’installer à l’université. L’enseignement du mandarin a également démarré dès 2015 dans certains établissements scolaires.