« La Nouvelle-Calédonie est un territoire européen à part entière »

François-Xavier Bellamy se déplaçait pour la première fois en Nouvelle-Calédonie.

Le vice-président des Républicains et député européen, François-Xavier Bellamy, était en déplacement sur le territoire pour parler d’Europe, mais aussi d’avenir institutionnel alors que les discussions sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie se poursuivent.

DNC : L’Europe semble bien loin pour une île du Pacifique. Pourquoi venir en Nouvelle-Calédonie en parler ?

François-Xavier Bellamy : Je suis d’abord venu pour écouter les habitants de Nouvelle-Calédonie, prendre le temps de comprendre les difficultés auxquelles ils sont confrontés, mais aussi de mesurer les atouts de cette terre vraiment unique. La Nouvelle-Calédonie est un territoire français, donc européen à part entière. Son statut lui garantit assez de souplesse pour ne pas avoir à appliquer des normes européennes qui seraient peu adaptées à son contexte. Elle bénéficie pourtant de leviers qui peuvent être encore mieux utilisés au service de son développement.

« Les Calédoniens sont aux avant-postes des évolutions perceptibles dans la région. »

Cette semaine, j’ai rencontré des agriculteurs de Boulouparis qui ont bénéficié du programme PROTEGE et les élus de l’île des Pins qui ont reçu des fonds européens pour un programme de revégétalisation. C’est notre rôle de faire en sorte que la France aille chercher des financements pour soutenir les projets qui bénéficieront aux Calédoniens.

Qu’est-ce que l’Europe pourrait faire de plus ?

Les sujets européens, ce sont aussi les grands enjeux stratégiques qui décideront du monde de demain, et ils se dessinent largement dans l’océan Pacifique aujourd’hui. Il ne faut pas faire tomber de Paris une stratégie Indo-Pacifique, mais commencer par écouter les Calédoniens, qui sont aux avant-postes des évolutions perceptibles dans la région. Cela s’applique à la filière nickel. J’ai visité la SLN à Népoui, l’usine KNS et j’ai rencontré l’équipe de Prony. Il serait révoltant qu’au moment où les besoins en nickel vont devenir très importants pour nos politiques environnementales, nous perdions la capacité à travailler et à transformer ce minerai.

Quel sujet avez-vous porté en tant que député européen qui pourrait concerner le territoire ?

Je travaille au Parlement sur un texte essentiel sur les matières premières critiques, qui permettra de prioriser le nickel produit en Nouvelle-Calédonie pour qu’il respecte les standards environnementaux les plus élevés au monde.

« Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut pas vouloir dire seulement l’indépendance. »

Vous êtes aussi venu dans le cadre de l’avenir institutionnel du territoire. Quel bilan tirez-vous de vos rencontres ?

Maintenant un cycle s’achève, et une nouvelle page doit s’écrire. Les Calédoniens sont fatigués de l’incertitude dans laquelle ils ont dû vivre pendant des années. Elle pèse sur la vie quotidienne comme sur les investissements à long terme, et elle coûte à tout le monde. Il faut maintenant avancer vers un statut pérenne en respectant profondément l’histoire, la mémoire, la coutume, qui font le caractère unique de cette terre, tout en écoutant aussi ce que les habitants ont exprimé lors de ces référendums.

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut pas vouloir dire seulement l’indépendance. La démocratie doit être maintenant respectée. Cela passe, en particulier, par le dégel du corps électoral, qui est impératif au lendemain de ce long processus.

Propos recueillis par Brice Bacquet