La Ligue d’escalade dos au mur

La situation est grave pour la Ligue d’escalade de Nouvelle- Calédonie, qui fait partie des associations sportives les plus impactées par la crise sanitaire. En grande difficulté financière, elle devrait lancer cette semaine une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce… et risque même la cessation de paiement.

 

Sur le Caillou, le modèle économique de la Ligue de la montagne et de l’escalade de Nouvelle-Calédonie n’a pas d’équivalent. Plus grande ligue employeuse du territoire avec 11 salariés, elle s’autofinance grâce aux activités qu’elle propose au sein des infrastructures de Magenta et de Koutio, mises à sa disposition par les mairies. Et avec près de 100 000 entrées par an, on peut dire que l’escalade – qui regroupe un peu moins de 900 licenciés – a du succès. « C’est un modèle de financement qui tient la route quand tout va bien, commente Michel Quintin, le directeur du Comité territorial olympique et sportif (CTOS), qui fédère près de 45 ligues et comités régionaux, dont celle de l’escalade. De manière générale, le sport ne peut plus vivre sous perfusion des subventions. Or celles-ci ne représentent que 10 % du budget annuel de la Ligue d’escalade. »

Mais voilà, la pandémie, qui frappe de plein fouet le territoire depuis un mois et demi, s’est invitée au programme. Et avec ses deux structures fermées, impossible pour la ligue de rentrer dans ses frais. « On ne génère pas assez de revenus pour pouvoir payer l’ensemble de nos employés, déplore son président, Philippe Boquet. On n’a aucune entrée et à chaque fois qu’on ferme, globalement, il nous faut quatre mois avant de retrouver le niveau de fréquentation qui est essentiel à notre vie économique. Alors cette année, avec le confinement de mars puis celui-là, cela correspond environ à huit mois sans nos rentrées d’argent habituelles. »

Manifestation

Philippe Boquet a donc décidé de tirer la sonnette d’alarme, invitant les différents dirigeants de ligue mais aussi de club à venir manifester devant le gouvernement la semaine dernière. Au total, une trentaine de personnes ont fait le déplacement, dont les présidents des ligues de golf, d’athlétisme, de tennis ou encore de voile. « Il ne s’agissait pas de faire une grande démonstration de force, mais plutôt de réunir les principales ligues qui sont, comme nous, employeuses, de sorte que nous puissions trouver des solutions communes face à cette pandémie et aussi de nous faire entendre », explique le patron de l’escalade. Une situation d’autant plus compliquée que le gouvernement n’a pas versé les subventions habituelles aux différentes ligues sportives cette année.

Parmi les demandes de Philippe Boquet et ses confrères, les mêmes mesures qui sont appliquées en faveur de certaines entreprises en difficulté : l’exonération des charges sociales, l’application du chômage partiel avec un paiement sur le mois échu et une avance de trésorerie versée dans un délai de 30 jours, et ce, jusqu’au mois de mars 2022. « La majorité des entreprises dites durablement impactées bénéficie de ces aides, on ne demande pas des choses extraordinaires », pose Monsieur Boquet.

Rencontres

Ces revendications, le président de la Ligue d’escalade a pu les exprimer de vive voix à Mickaël Forrest, membre du gouvernement en charge des sports, vendredi dernier, ainsi qu’à Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud, en charge de la jeunesse et des sports, lundi matin. « Clairement, ils souhaitent nous aider, c’est déjà un bon point, raconte Philippe Boquet. On a refait l’état des lieux des possibilités d’aides ensemble. Mais pour moi, tant que nous n’avons pas l’argent sur le compte, cela reste des paroles. » La province Sud a toutefois promis que les aides aux entreprises seront étendues aux associations employeuses et devrait l’acter sous peu.

Mais face à l’urgence de la situation, la Ligue d’escalade a déjà entamé un certain nombre de licenciements et devrait déposer un dossier de mise en sauvegarde auprès du tribunal de commerce cette semaine, dans le but d’éviter le plus longtemps possible la liquidation judiciaire. Le temps est compté.

 

Titouan Moal (© T.M.)