La guerre des oignons n’aura pas lieu

L’interprofession fruits et légumes créée en novembre dernier aura passé son baptême du feu avec cette affaire d’oignons locaux qui ne trouvaient pas d’acheteur. Un compromis a finalement été trouvé et démontre en partie les capacités de l’interprofession à agir même si tout, ou presque, reste à faire pour les acteurs de la filière.

Les amateurs d’oignons faisaient grise mine ces dernières semaines. Et pour cause, sur les étals, les tubercules n’étaient plus de toute première fraîcheur. Le résultat d’un désaccord entre des producteurs d’oignons et les grossistes-distributeurs. Après plusieurs réunions, accords et désaccords, un compromis a finalement été trouvé au travers de l’IFEL, l’interprofession fruits et légumes. Nous aurons donc encore des oignons locaux dans nos rayons, le temps d’écouler les quelque 180 tonnes de production locale restantes qui seront réparties en deux catégories.

La première (les oignons de gros calibre) sera vendue en bord de champ à 240 francs du kilo (10 francs de moins que le prix demandé par le producteur), soit un prix au détail d’environ 350 francs (240 francs plus 30 francs de transport et environ 100 francs de marges). La seconde catégorie, qui concerne les petits oignons, devrait se retrouver en commerce aux environs de 250 francs (220 francs plus 30 francs de transport et 100 francs de marge). Guy Moulin, le président de l’interprofession, a rappelé les raisons de cette « crise ». Une fois n’est pas coutume, 2015 a été une année exceptionnelle pour les oignons qui nécessitent du frais et du sec. Les oignons étant un produit contractualisé, les prix, quantité et qualité, ont préalablement été négociés avant la saison qui commence vers la fin du mois d’août pour s’achever en fin d’année.

Une même règle du jeu pour tous

L’année ayant été exceptionnelle, les prix ont tourné aux alentours de 150 francs sur l’ensemble de la saison, nettement en dessous du prix maximum négocié de 220 francs. Un écart qui a donné l’idée à certains producteurs de stocker leur production afin de faire de meilleures affaires une fois le prix remonté, autrement dit de spéculer sur les volumes et les prix du marché. Ils ont donc attendu la fin des contrats pour annoncer le 1er janvier aux grossistes et aux distributeurs que le prix n’était plus de 220 francs mais de 280 francs.

L’accord est désormais trouvé mais ne satisfait pas forcément tout le monde, à commencer par l’ensemble les autres producteurs d’oignons qui auront écoulé leur production à des prix inférieurs. Il montre également que les comportements opportunistes n’appartiennent pas complètement au passé. Mais c’est précisément pour faire évoluer les choses dans le bon sens et en faveur du consommateur que se réunit tous les 15 jours l’interprofession. L’idée étant d’arriver à mettre aux fluctuations trop importantes des prix, dans l’intérêt des consommateurs mais également des producteurs et des distributeurs. Tout est une question de juste équilibre. Si les acteurs de la filière doivent faire des efforts en faveur du consommateur, les producteurs estiment que celui-ci doit également en faire – dans les limites de prix raisonnables – afin de faire vivre l’agriculture calédonienne qui fait vivre des régions entières du territoire.

M.D.