La fin d’un bras de fer

Le protocole pour la cession de l’usine du Sud, signé jeudi dernier au Congrès, est un accord politique salué par tous. Qualifié d’ « historique », il donne naissance à un nouveau modèle minier pour le Sud et met ainsi fin à six mois de tensions et de conflits.

On retiendra de cet accord cette poignée de main entre Sonia Backes, la présidente de la province Sud, et Adolphe Digoué, porte-parole du FLNKS et maire de Yaté. Un geste qui, pour les Calédoniens, signe des jours meilleurs après les violences urbaines, les barrages et les exactions qui ont touché le territoire des mois durant. Mais c’est aussi un accord gagnant-gagnant entre les différents participants du dossier, et ce, sous l’œil attentif de Roch Wamytan qui a su tenir le rôle de « facilitateur », histoire de faire bonne figure auprès de la base indépendantiste.

Au final, on comprendra aisément que chaque camp a fait un pas en avant pour arriver à cette fin de conflit. Comme l’a souligné Roch Wamytan, « en surpassant les divisions historiques autour du nickel, ces discussions ont permis d’aller au-delà des clivages et d’entrevoir ensemble une stabilité durable en élaborant un nouveau modèle minier du Sud calédonien, construit avec la participation des populations les plus concernées et qui pourrait permettre, dans les tout prochains jours, la reprise de l’activité de l’usine et la finalisation du processus de reprise de Vale NC. »

Un nouveau modèle minier

Pour Sonia Backes, « c’est bien un accord politique basé sur quelque chose de nouveau qui est la maîtrise de notre ressource (…) L’idée générale était de dire qu’avec le nickel calédonien, nous avons un tas d’or qui, jusqu’à présent, s’il a donné lieu à beaucoup d’emplois, beaucoup de salaires, beaucoup d’investissements, il n’a rien laissé pour les générations futures. Et le modèle que nous avons construit est un modèle qui permet finalement de laisser quelque chose et de construire l’après-nickel. C’est une première ! ». Concernant les exactions commises ces derniers mois, Raphaël Mapou a juste précisé « que les actions menées par le collectif n’ont pas été excessives au vu des résultats : du moment qu’on réussit à sortir de cette crise par le haut, du moment qu’on arrive à trouver des solutions, je pense que c’est l’essentiel ! » Au final, tout le monde s’est mis d’accord. Une habitude qui caractérise la Nouvelle-Calédonie, mais on aurait pu éviter cette crise si l’intérêt, de part et d’autre, était allé dans celui des Calédoniens.

Un consensus attendu

Si tous les participants ont salué la signature du protocole, Calédonie ensemble, pour sa part, s’est félicité de ce « consensus attendu » au cours d’une conférence de presse. Pour le parti de Philippe Gomès, ce « protocole constitue le premier pas vers un consensus industriel et politique que nous appelons de nos vœux de longue date parce qu’il représente le seul moyen de rétablir durablement l’ordre public dans le pays ». Philippe Dunoyer a souligné que cet accord est « la seule perspective de voir levé le préalable minier posé par les indépendantistes pour renouer les fils d’un dialogue politique indispensable à la veille du troisième référendum ». Mais pour Calédonie ensemble des « questions restent en suspens », notamment concernant « le partenariat industriel ». Des réponses qui devraient être apportées lors de la présentation du volet économique par Vale NC.

La voie du sauvetage

Sébastien Lecornu s’est aussi félicité de cet accord « qui ouvre la voie au sauvetage de ce site industriel, sauvetage financé largement par la solidarité nationale. » Et d’ajouter, « c’est avant tout une bonne nouvelle pour les 3 000 salariés de l’usine du Sud et leurs familles, c’est aussi une bonne nouvelle pour l’environnement, avec des garanties renforcées ».

Pour le ministre des Outre-mer, il faut désormais que « reprenne le dialogue sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, sur les conséquences du oui et du non. J’aurais l’occasion de prendre une initiative politique en ce sens dans les prochains jours ».

D.P.

©M.D. / DNC