La Fashion Week des Îles, les premiers pas d’une filière textile

La première édition de la Fashion Week des Îles s’est déroulée à Maré, à l’hôtel Nengone village, le samedi 14 mai. Cinq couturières et un couturier ont proposé chacun trois créations devant un jury qui devra, dans quelques semaines, élire le meilleur styliste des Loyauté. Au-delà de cet événement, la province des Îles envisage de développer sa filière textile.

Le deck du Nengone village s’est transformé en « catwalk » le temps d’une soirée pour la première édition de la Fashion Week des Îles, le week-end dernier. Environ 200 invités, élus, familles, coutumiers et acteurs de la filière textile ont participé à l’événement. Face à un jury constitué notamment de représentants de la Fédération des industries (Finc), cinq couturières et un couturier maréens ont présenté trois modèles issus de leurs créations.

« Durant toute l’année, des actions ont été menées par le groupe de pilotage et les couturiers et couturières sélectionnés pour la confection de modèles. Nous avons, en quelque sorte, présenté un best-of de ce qui ce fait chez ceux qui sont très actifs », indique Cédric Ixeco, chargé de communication de Destination îles Loyauté. L’objectif est de mettre en avant le vêtement pour homme en revisitant, par exemple, la tenue de marié, les habits de soirée et le prêt-à-porter.

Une marque « Made in Loyalty »

La Fashion Week de Maré n’est que la première d’une série de trois, puisque deux autres se tiendront à Lifou et Ouvéa (lire par ailleurs). Au cours de chaque soirée, les membres du jury font une présélection des meilleures tenues qui seront réexaminées à l’issue des différentes éditions afin d’élire la ou le ou la lauréate.

À la clef, la confection des nouvelles tenues des agents de l’hôtel Nengone, entre autres, car toutes les surprises n’ont pas été dévoilées. Tous les candidats couturiers participeront également à une résidence d’une semaine sur Lifou, en juillet. « L’idée est de leur faire explorer une autre facette de la couture, en travaillant, par exemple, le jean ou le jersey », explique Henriette Pujapujane, cheffe de projet textile à la province des Îles.

Cette action fait suite aux rencontres économiques de 2020 organisées par la province, en collaboration avec la Finc, afin de développer et valoriser la filière textile aux Loyauté. « Nous souhaiterions professionnaliser cette filière en développant la marque Made in Loyalty », précise Henriette Pujapujane. Ce label a pour objectif de valoriser les savoirs des Îles, tous secteurs confondus (agroalimentaire, textile, BTP, services…). « Le textile, ce n’est pas que la couture, il y a aussi les accessoires et la teinture végétale. Tout cela devrait nous permettre de créer notre propre touche à l’image de la chemise tahitienne », poursuit-elle.

Une mercerie à Lifou

À plus long terme, il est également envisagé de décliner cette marque à travers le label Loyalty in line, représentant des vêtements de style ou de luxe inspirés de la robe mission et de la tunique. Mais les ambitions de la province ne s’arrêtent pas là. D’autres projets sont dans les cartons, comme la construction d’une grande mercerie à Lifou et la création d’un showroom sur Nouméa permettant de relayer la marque dans la capitale.

 


Le programme

Les prochaines éditions de la Fashion Week auront lieu au gîte Tamanou de Mou, à Lifou, le samedi 21 mai, et à Ouvéa du 24 au 26 mai pendant la Fête du lagon. Huit couturières à Lifou et quatre à Ouvéa présenteront leurs créations. Les défilés peuvent être suivis depuis la page Facebook Fashion Week îles Loyauté.

 


John Ekediwo, styliste et modéliste à Maré

Les créations de John Ekediwo ont été remarquées au Nengone village samedi soir. Le jeune styliste est passionné de couture depuis le lycée où il suivait des cours en industrie de la mode. Il pratique cette activité depuis dix ans avec « volonté, patience et imagination », souligne-t-il.

En plus de la couture, il aime travailler la teinture des tissus selon plusieurs techniques pour apporter une touche de modernité à des tenues traditionnelles. Comme pour ses confrères îliens, le principal frein à son activité tient au manque de ressources dans les îles. « Lorsque j’ai besoin de fournitures, je dois aller à Nouméa. »

 

Virginie Grizon (© Noémie Dutertre)