La difficile installation de l’exécutif

Louis Mapou est à la tête du 17e gouvernement. Les membres de l’exécutif doivent maintenant élire leur vice-président et se partager les portefeuilles. Mais pour l’heure rien n’est acté…

Le 8 juillet, Louis Mapou est devenu le premier indépendantiste à ce poste depuis Jean-Marie Tjibaou, élu en 1982 à la tête du conseil du gouvernement. Le représentant de l’UNI-Palika a prévenu : il entend impulser un changement de style et de politique, tout en démontrant que « la collégialité peut fonctionner ». Cette collégialité va pouvoir prendre tout son sens, ou non, ce jeudi, lors de l’élection du vice-président et de l’attribution des portefeuilles.

La vice-présidence incertaine

La vice-présidence revient de tradition à l’opposition, afin de garantir cette collégialité. Mais l’Avenir en confiance a déjà décliné l’offre pour ne pas cautionner la future politique de Louis Mapou. Calédonie ensemble a fait de même. Une attitude limitant l’influence non indépendantiste que certains ont d’ailleurs trouvé regrettable, comme Générations NC. Devant ces refus, Louis Mapou a, quoi qu’il en soit, préféré leur laisser le temps de la réflexion (une semaine) en espérant un changement de position.

Reste une autre possibilité, celle de voir monter l’Éveil océanien au poste de vice-président, avec Vaimu’a Muliava, suivant de la liste Union calédonienne, après la démission annoncée mardi soir de Samuel Hnepeune.

Si la question de la vice-présidence reste en suspens, elle n’est pas handicapante pour autant. La loi organique prévoit, en effet, qu’au bout de sept jours sans vice-président, l’exécutif peut fonctionner à la condition que tous les portefeuilles soient attribués.

L’enjeu des portefeuilles

Par tradition et dans le principe de la collégialité voulue par Louis Mapou, des secteurs de poids doivent revenir aux loyalistes, à l’instar de ce qui avait été fait pour les indépendantistes dans le gouvernement précédent.

L’équation doit néanmoins tenir compte des portefeuilles que les indépendantistes doivent conserver pour mener à bien leur politique et faire leurs preuves à quelques mois du troisième référendum comme la fiscalité, l’économie ou encore le nickel, qui sont généralement les plus convoités. Une volonté qui peut faire l’affaire des loyalistes qui, de toute façon, ne pourraient plus mener une politique libérale.

Faute de consensus

Si aucun consensus ne devait être trouvé, la loi organique prévoit que les membres qui disposent de la majorité des voix, ici six voix indépendantistes sur onze, peuvent toujours attribuer les secteurs d’office. Mais, revers de la médaille, un élu qui n’est pas satisfait du secteur qu’on lui a imposé a toujours la possibilité de refuser de contresigner les arrêtés relatifs à son portefeuille, ce qui les rend non-applicables.

Autant de leviers juridiques gênants pour le président du 17e gouvernement, qui souhaite arriver à créer une nouvelle dynamique. Y parviendra-t-il ? Est-ce que le 17e gouvernement arrivera à fonctionner et quand ? Qui va détenir les secteurs clés ? Est-ce que l’intérêt des Calédoniens passera avant celui des groupes politiques ?


La présidence du Congrès dans le viseur

C’est à la fin du mois que les élus du boulevard Vauban vont élire leur président. Roch Wamytan a déjà indiqué qu’il se représentait et Virginie Ruffenach s’est aussi prononcée candidate. Pourtant, la partie est, là encore, loin d’être gagnée.

Premier acte : Roch Wamytan a annoncé qu’il se représentait pour faire la balance des pouvoirs entre les composantes du FLNKS. L’UNI prendrait la présidence du gouvernement et l’UC conserverait le Congrès. Deuxième acte : dans un souci de partage des institutions entre loyalistes et indépendantistes, Milakulo Tukumuli, pour l’Éveil océanien, a déclaré, juste avant l’élection du président du gouvernement, que son parti voterait en faveur d’un candidat loyaliste, à condition qu’il n’y en ait qu’un. Restait donc aux Loyalistes à s’entendre pour renverser la vapeur et prendre la présidence du Congrès.

Mais alors qu’une réunion était annoncée la semaine dernière entre loyalistes pour évoquer une candidature commune, il semble que le Rassemblement-LR ait voulu faire les choses à sa manière. Jeudi dans la matinée, avant l’élection de Louis Mapou, Virginie Ruffenach, invitée à RRB, annonçait publiquement sa candidature à la présidence du Congrès.

Une candidature que l’élue du Rassemblement a présentée comme celle de l’Avenir en confiance, sauf que les autres composantes de l’AEC ne l’ont vraisemblablement pas validée. On s’est bien gardé du côté des Républicains calédoniens de Sonia Backes comme du MPC de Gil Brial de confirmer l’information.

En revanche, Calédonie ensemble n’a pas laissé passer ce qu’il considère comme un passage en force. Le parti de Philippe Gomès, qui a l’opportunité de placer un de ses élus dans le fauteuil de la présidence, a jugé dans un communiqué que par sa déclaration « unilatérale » de candidature, « au mépris des autres formations politiques », Virginie Ruffenach a pris la responsabilité d’ouvrir la voie à la réélection de Roch Wamytan.

L’équation est simple. Pour obtenir la présidence du Congrès, il faut effectivement que les loyalistes arrivent à trouver un candidat commun. Il ou elle obtiendrait les 18 voix de l’AEC composé du Rassemblement, des Républicains calédoniens et du MPC. Plus les voix de Nicolas Metzdorf et les six voix de Calédonie ensemble. Se rajouteraient alors les voix promises de l’Éveil océanien, soit trois de plus, pour obtenir 28 voix et la majorité. Coté indépendantiste, l’UC a 13 sièges et peut compter sur les 12 voix de l’UNI, en guise de retour d’ascenseur pour avoir soutenu Louis Mapou au gouvernement, et de la voix du Parti travailliste, soit 26 voix au total.

Dans l’un comme dans l’autre groupe, il est donc question de consensus et un consensus ne se décide pas seul.
Ce sera en tout cas une nouvelle fois l’élection des petits partis. Avec encore un déséquilibre qui pourrait entraîner plus ou moins de voix le 12 décembre prochain.

D.P.

©C.M.