La date du 2e référendum fait de nouveau débat

Le FLNKS a annoncé au Premier ministre son souhait de reporter la date du deuxième référendum fixée au 6 septembre. Si les non-indépendantistes ne peuvent cautionner une telle démarche, Calédonie ensemble cherche à se démarquer en avançant que ce n’est pas la principale « préoccupation des gens ». Est-ce que la date serait secondaire ?

Faisant suite aux propos de Daniel Goa la semaine dernière, les cadres et militants du FLNKS se sont prononcés, ce week-end, lors de la tenue d’un bureau politique élargi à Dumbéa, sur la date du deuxième référendum fixée au 6 septembre. Après discussions entre les différentes composantes du front, le FLNKS a décidé de demander au Premier ministre un report de la consultation au 25 octobre ou au 1er novembre, prétextant qu’en raison d’un second tour des municipales décalé, compte tenu du Covid-19, la campagne ne pourrait se faire.

Comme l’a expliqué Charles Washetine, porte-parole du Palika, parti en charge de l’animation du FLNKS, « il faut qu’on donne toutes les chances à cette campagne pour que les Calédoniens sachent précisément ce qu’il en retourne au lendemain du prochain référendum ».

Réactions mitigées

Et de toute évidence, cette demande ne va pas dans le sens des non-indépendantistes. L’Avenir en confiance a rapidement réagi, indiquant au Premier ministre sa volonté de maintenir la date qui avait été arrêtée au dernier Comité des signataires. Pour Sonia Backes, « c’est un engagement qui a été pris (…), il n’y a aucune raison valable de reporter le 2e référendum. En tout cas, je suis étonnée que les indépendantistes aient demandé directement ce report à l’État sans en avoir parlé aux différents groupes politiques ».

Un avis non partagé par Calédonie ensemble qui tient à se démarquer, une nouvelle fois. Pour Philippe Dunoyer « la préoccupation des gens en ce moment, c’est de maintenir leur emploi (…) Est-ce que c’est véritablement d’aller voter pour le second tour des élections municipales et pour un référendum ? » Et de rajouter : « Bien sûr, c’est important, mais ils auront peut-être d’autres soucis. »

L’impossible indépendance

Alors justement, en attendant que l’État tranche d’ici fin juillet au plus tard, on peut se demander si cette date est vraiment si importante pour les Calédoniens. Difficile d’y répondre tant la situation actuelle se vit au cas par cas, foyer par foyer.

Mais ce que l’on peut affirmer, c’est que si l’argument du FLNKS, de pouvoir mieux préparer sa campagne peut sembler logique, au regard du contexte actuel, cette date paraît anecdotique. Que cela soit le 6 septembre, le 25 octobre ou le 1er novembre, cela ne change en rien à la situation dans laquelle est plongée la Nouvelle-Calédonie. Une situation liée au Covid-19 et qui a mis en lumière une certitude : en cas de problème majeur, le territoire ne peut pas, seul, subvenir à ses dépenses.

Et les élus indépendantistes l’ont bien compris ! Ils ont compris que si le oui devait l’emporter au prochain référendum, l’indépendance serait impossible d’un point de vue économique, compte tenu de la situation qui ne va pas s’améliorer ni à court ni à moyen terme. À défaut, ils seraient même obligés de s’endetter auprès de la France avec un crédit non remboursable dans la mesure où ils ne pourraient désormais plus compter sur les revenus des deux richesses de la Nouvelle-Calédonie : le tourisme international, qui mettra des mois à se relever, et le nickel, dont les usines sont dans la dépendance de gestionnaires internationaux.

Les indépendantistes ont donc besoin de plus de temps pour expliquer à leurs électeurs que l’indépendance est désormais impossible pour les trois voire quatre années à venir et qu’après, il sera trop tard. Alors quelle campagne vont-ils pouvoir mener ? Vont-ils dire que la crise a mal été gérée et qu’ils en ont été écartés (voir plus loin), eux, si silencieux pendant cette période et se faisant même voler la place par les coutumiers ?

Vont-ils encore tenter de déstabiliser l’État, comme s’y est essayé Daniel Goa, la semaine dernière, sans succès ? Enfin, à l’inverse, vont-ils essayer de se rapprocher de cet État pourtant ferme dans le consensus, en espérant pouvoir traiter seuls avec lui et trouver une issue honorable ? Que de questions qui trouveront leurs réponses dans les semaines à venir…


Crise sanitaire : le FLNKS dénonce une instrumentalisation faite par l’Avenir en confiance

Lors du bureau élargi, les membres du FLNKS ont aussi tenu à s’exprimer sur la gestion de la crise du Covid-19, explique Charles Washetine, porte- parole du Palika. Pourtant si silencieux pendant la crise, les composantes du FLNKS reprochent aujourd’hui « l’instrumentalisation qui en est faite par l’Avenir en confiance et ses responsables au sein des institutions de la Nouvelle- Calédonie, au gouvernement comme en province Sud. Une instrumentalisation qui s’est traduite par une communication à sens unique, confiscatoire, autocentrée, sans concertation avec les autres institutions du pays sinon avec comme seul partenaire le haut-commissaire ». L’Union calédonienne, abordera ce sujet, samedi, à Koné, lors d’un comité directeur.

C.S

©AFP